Quand on parle campagne, on ne peut éviter de jaser nourriture, car toute la bouffe que vous trouvez au magasin d'alimentation vient d'un coin de campagne quelque part... Aujourd'hui plus que jamais, nous somme bombardés de conseils alimentaires: aliments pour ou contre le cancer, l'embonpoint, les fibres, le cœur, les radicaux libres, etc., qui rendent nos visites chez l'épicier un processus de décision très complexe! Et encore plus si comme moi vous avez passé une partie de votre vie à surveiller votre alimentation... Ma série de chroniques Fluctuations du marché vous transporte en humour dans quelques-unes des aventures alimentaires qui pimentent (attention à votre estomac!) nos vies.
Bibitte à sucre végétarienne, je l'ai été pendant plusieurs belles années. Quinze ans pour tout vous dire. Dont une dizaine au régime lacto-ovo. Eh non! Ce n'est pas une autre forme de laxatif, ça signifie qu'à part le lait, les œufs et le miel, aucun produit animal n'atterrit sur nos papilles. Quant à devenir lactovégétarienne et laisser les poules pondre en paix, j'aurais bien voulu, mais comme il faut des ovo pour faire du gâteau, j'ai vite laissé tomber.
Que ce soit à la recherche de Dieu ou de la santé ou par amour pour les poules et la planète, le régime végétarien existe depuis fort longtemps et pas seulement en Orient. Pythagore, Léonard de Vinci, Einstein et Paul McCartney - pour ne nommer que mes vedettes- ont adopté le végétarisme. N'empêche que dans les années 70 et 80, ce régime a souvent fait de moi une extraterrestre descendue de sa planète pour emmerder les carnivores, les belles-mères et les serveurs au restaurant.
Dites-moi, est-ce que vos frites sont apprêtées dans le saindoux ou dans l'huile végétale?
Y'a du bouillon de poulet dans votre potage aux carottes?
J'ai une petite gêne quand je pense à tous les serveurs agacés que j'ai forcés à retourner aux cuisines questionner le chef... ou à me mentir pour avoir la paix. Je me revois au réveillon manger ma tourtière au millet et boire mon Ginger Ale sous le regard franchement inquiet de maman et papa à qui je venais- insulte suprême- de refuser les « pâtés à la viande » et le p'tit verre de vin traditionnels. Car pour être encore plus martienne, je ne consommais aucun alcool à cette époque. Pas parce que ça fait mal aux raisins de se faire écraser, mais pour maintenir mon esprit dans les sphères supérieures... Vous vous imaginez bien que pendant ce temps, mes frères qui en calaient plusieurs atteignaient eux de hautes sphères de taquinerie à mon égard. Heureusement qu'il y avait la bûche pour me réconforter!
Pourquoi faire simple, quand on peut se la compliquer encore plus? En plein milieu de mon trip de graines, j'ai marié un juif et sa famille. Je vous avertis tout de suite, ne demandez pas à votre belle-mère juive s'il y a du bouillon de poulet dans sa soupe. La soupe au poulet étant la panacée universelle et la mère juive, l'autorité suprême, vaut mieux l'avaler sans dire un mot. Mais au moins, j'élargissais ma culture alimentaire avec grande fascination. Blinis, raifort, matzo sont rapidement devenus des habitués de mon garde-manger pendant que je constatais par le concept de la nourriture cachère jusqu'à quel point la croyance pouvait amener l'humain à se compliquer le panier d'épicerie. C'est-tu assez effrayant! me disais-je en mangeant mon burger au tofu...
Si on sait comment s'y prendre, le végétarisme offre un régime tout à fait savoureux, varié et nutritif. On commence par se gaver de salade tous les jours en s'ennuyant un peu, puis avec le temps on découvre les légumineuses, les fruits et légumes exotiques, les condiments, les épices et une infinie variété de sauces et de mets ethniques végétariens. À côté de ça, l'assiette « steak, petits pois, patates » commence à paraître bien ennuyeuse.
C'est là que mon estomac et moi avons commencé à voyager de par le monde. Mais ça, c'est pour la prochaine chronique.