En conférence de presse, syndicats, parents et intervenants
du milieu scolaire de l'Estrie ont dénoncé avec vigueur les compressions de 22
millions annoncées par le gouvernement du Québec. Selon eux, ces coupes mettent
en péril les services essentiels aux élèves et aggravent une situation déjà
précaire.
Une mobilisation sans
précédent contre les compressions
« Ce que le gouvernement nous demande, c'est de participer
au démantèlement du réseau d'éducation publique. » Le ton est donné par
Geneviève Simon, présidente du comité de parents du Centre de service scolaire
des Sommets. Elle n'est pas la seule à qualifier les compressions budgétaires
d'« indécentes » et de « sabotage budgétaire ». Regroupés en conférence de
presse, les différents acteurs du réseau scolaire estrien, enseignants,
personnel de soutien, parents, directions, ont uni leurs voix pour dénoncer les
effets dévastateurs de ces coupes sur la qualité des services offerts aux
élèves.
David Raymond, président du Syndicat de l'enseignement de
l'Estrie, a rappelé que le gouvernement prétend faire de l'éducation une
priorité, tout en imposant des compressions « qui laissent croire que
l'éducation est une dépense superflue ». Les premières victimes ? Les élèves en
difficulté, les jeunes issus de l'immigration, les milieux défavorisés, ainsi
que le personnel scolaire, déjà épuisé par des années de sous-financement.
Des services clés
sacrifiés
Concrètement, les compressions vont frapper de plein fouet
l'orthopédagogie, les enseignants ressources, les techniciens en éducation
spécialisée (TES), ainsi que les professionnels et les employés manuels des
écoles. Dans plusieurs établissements, les services bonifiés aux élèves à
besoins particuliers seront supprimés, laissant ces derniers sans le soutien
nécessaire à leur réussite.
Alexandre Boutin, représentant du personnel technique et
administratif, évoque l'annulation de postes essentiels au bon fonctionnement
des écoles : « agents de bureau, techniciens, personnel du transport scolaire
et de la rémunération ». Ces suppressions risquent de créer un effet domino,
augmentant la charge de travail des employés restants et compromettant la santé
organisationnelle des centres de services.
La situation est tout aussi alarmante du côté de l'entretien
des bâtiments scolaires. Selon les représentants des employés manuels, les
projets de rénovation et d'agrandissement seront reportés, voire annulés,
augmentant les risques pour la santé et la sécurité des élèves.
L'avenir de
l'éducation en jeu
Pour les parents comme pour les intervenants, il ne s'agit
pas seulement de budgets : il s'agit de l'avenir des enfants. Plusieurs dénoncent
une vision à court terme qui risque de coûter beaucoup plus cher à long terme :
décrochage scolaire, perte d'expertise, détérioration des conditions de travail
et désengagement du personnel.
Les intervenants appellent à une réaction forte de la
population : pression sur les élus, lettres ouvertes, mobilisation dans les
instances scolaires. « Ce n'est pas en coupant qu'on rendra la profession
enseignante plus attrayante », rappelle David Raymond, avant de conclure que
l'éducation n'est pas une dépense, mais un investissement essentiel.
L'éducation québécoise traverse une zone de
turbulence sans précédent et les signaux d'alerte se multiplient en Estrie. Les
compressions budgétaires de 22 millions touchent le cœur même de la mission
éducative. Face à cette situation, syndicats, parents et directions demandent
un changement de cap immédiat. Car à force de rogner sur l'essentiel, c'est
l'avenir collectif de toute une génération qu'on met en péril.