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Poétique politique

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 17 novembre 2021

Il se développe de plus en plus un code non écrit de la rhétorique politique qui a cours dans notre société, celui de la construction de la trame narrative pour bâtir une image politique forte. Nos collègues de langue anglaise utilisent le concept du strorytelling pour décrire les effets de toge de discours rhétoriques. D'où l'idée qu'il vaut mieux en politique se définir soi-même plutôt que de se laisser définir par ses adversaires. La mise en récit d'un discours politique est fondamentale pour qu'il devienne la réalité et le choix des électrices et des électeurs lors d'un scrutin. La trame narrative et la question de l'urne qui en résulte constituent les deux piliers essentiels de toute construction de discours politique. À la suite des élections fédérales et municipales au Québec et en scrutant les préparatifs liés à l'élection présidentielle française et aux élections de mi-mandat aux États-Unis, de véritables petits laboratoires sont à notre portée pour prendre conscience du phénomène de la mise en récit de la rhétorique politique. Exploration du monde de la rhétorique politique ici et ailleurs.

Le phénomène Zemmour en France

L'autre soir, au hasard de mes pérégrinations télévisuelles, je suis tombé sur un magazine d'actualité télévisuelle en France diffusé sur TV5 : C dans l'air diffusé en direct six jours sur sept. Ce magazine télévisé a pour mission d'approfondir un fait d'actualité du jour en mettant en débat des interlocuteurs de divers horizons. Ce qui permet au loustic que nous sommes de nous faire une opinion sur des sujets souvent complexes. Ce magazine est ambitieux, car il traite autant des sujets nationaux qu'internationaux. Par exemple, la semaine dernière, il y a eu une émission sur les États-Unis de Trump et du wokisme qui prenait prétexte la visite de la vice-présidente Kamala Harris en France. Il y a eu aussi une émission consacrée à la Biélorussie et celle qui a attiré mon attention, une émission sur le débat entre les candidats de la droite en vue de la présidentielle française du printemps prochain.

Dans le cadre de ce débat, le politologue français Dominique Reynié a expliqué les difficultés de la droite par son incapacité à raconter à l'électorat français une histoire alléchante qui suscitera les passions et l'engagement derrière des idées et des candidats. C'est la même difficulté pour la gauche et même jusqu'à un certain point pour le président actuel Emmanuel Macron. Dans l'état actuel des choses, c'est le candidat qui n'a pas déclaré sa candidature, Éric Zemmour, qui a la plus puissante trame narrative et qui percole ces jours-ci en France. La France ne sera plus la France si des gestes décisifs ne sont pas posés afin de défendre la république et ses valeurs. La première cible de Zemmour ce sont les Français de confession musulmane. En ce sens, Éric Zemmour a une rhétorique puissante de type populiste qui rappelle celle de Trump aux États-Unis. Pas étonnant que Zemmour a des chances de devenir un phénomène tout comme l'a été et l'est encore Donald Trump aux États-Unis. J'aurai l'occasion de revenir dans de prochaines chroniques en 2022 sur l'élection présidentielle française, mais pour le moment restons-en au fait que la rhétorique politique et sa mise en récit sont des phénomènes aujourd'hui communs à toute campagne politique quel que soit le pays ou le continent, tout au moins en Occident.

Le nouveau Coderre revu et amélioré

À Montréal, la campagne électorale est vite devenue un référendum de personnalités plutôt qu'une bataille d'enjeux. Cela tient beaucoup à la stratégie déployée par le candidat Coderre qui s'est présenté comme un homme nouveau complètement transformé ayant le désir de voir Montréal se retrouver. Toute la campagne électorale de Denis Coderre s'est bâtie autour de sa personnalité. On a peu vu les membres de son équipe. L'histoire de la campagne électorale à Montréal avait pour trame narrative la résilience et la combativité d'un homme et de sa vision pour Montréal. Une trame narrative qui avait été soigneusement mise en scène par le lancement d'un livre et par le passage du principal intéressé à Tout le monde en parle pour en faire l'annonce officielle. Or, ce qui a miné la stratégie déployée par Denis Coderre et Ensemble Montréal, sa formation politique, c'est que le discours de l'homme nouveau, la rhétorique de l'homme résilient n'a pas été soutenu par la réalité. Les ratés de communication se sont multipliés de l'incident du téléphone cellulaire, aux accros liés au choix des candidats concernant leur passé, à l'opacité du candidat à la mairie sur ses revenus et l'identité de ses clients. Ces phénomènes ont balisé la voie à un taux de votation faible rappelant les taux de participation aux élections scolaires. Avec moins de 35 % de taux de participation, on constate que la démocratie municipale est en crise non seulement à Montréal, mais aussi dans l'ensemble du Québec. La rhétorique politique, les stratégies de mise en récit ce sont de beaux concepts, mais pour que cela ait de l'écho, il est nécessaire d'avoir un public. Ce dernier s'est fait rare lors des dernières élections municipales.

Écrire l'histoire à Sherbrooke

Chez nous, à Sherbrooke, la candidate qui a remporté l'élection à la mairie, la cheffe de Sherbrooke Citoyen, madame Évelyne Beaudin, a aussi déployé une rhétorique politique, une trame narrative qui invitait les électrices et les électeurs à choisir d'écrire l'histoire en élisant pour une première fois une mairesse qui une fois élue se ferait forte de rompre avec les pratiques politiques du passé en promettant une ville verte, citoyenne, et surtout qui mettrait au pas ses promoteurs privés et ses entreprises. Après tout, la ville appartient aux citoyennes et citoyens, pas aux riches entrepreneurs ou industriels.

On ne doit pas douter de la détermination des membres et des ténors de Sherbrooke citoyen de mettre en œuvre ces politiques et de revoir en entier la gouvernance de la Ville de Sherbrooke. Il sera intéressant de voir la dynamique politique au cours de la prochaine année. Madame Beaudin et Sherbrooke Citoyen sont minoritaires au Conseil municipal. D'ailleurs si l'on compte bien, madame Beaudin est devenue mairesse avec l'appui de moins de 20 % de la population sherbrookoise. Ce qui n'entache pas sa légitimité, car elle a gagné l'élection, mais notons tout de même que le taux de participation était bien en deçà de 50 %. Cela est un drame en soi. Un drame pire encore pour une formation politique qui ne jure que par la participation citoyenne. Ne serait-ce pas le premier geste concret d'une participation citoyenne éclairée que de participer en votant aux élections municipales ?

La trame narrative du changement et de l'histoire qui s'écrit en rupture avec avant est manifestement la trame narrative de l'élection de la nouvelle mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin, il faudra voir maintenant si les actions et les gestes du conseil municipal et du leadership de madame Beaudin seront au diapason de cette trame narrative. Je ne doute pas des intentions de la nouvelle mairesse d'aller dans cette direction, mais parfois la réalité réserve des surprises. C'est dans ces moments qu'il faut se rappeler les sages paroles de l'ex-premier ministre du Québec, René Lévesque, qui avait dit que le défi de gouverner c'est de conserver ses idéaux même si on perd fatalement ses illusions en cours de route.

Si vous voulez comprendre le monde politique, intéressez-vous à la trame narrative mise en scène par les différents acteurs ou parties prenantes dans l'espace public, vous serez ainsi plus critique devant ce phénomène de plus en plus envahissant : la poétique politique...

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