Hier, nous avons célébré la fête nationale du Québec. Le
Québec, cet éternel pays en devenir, assis entre les deux chaises d'une
identité aux multiples visages. Nous célébrerons aussi le Canada dans quelques
jours. Il y a peu de peuples au monde qui ont deux identités nationales
auxquelles ils peuvent s'abreuver pour se définir une personnalité à l'échelle
de la planète. Nous devons célébrer le fait que nous sommes membres de la
nation québécoise tout en étant partie intégrante de l'État canadien. Un État qui
fait l'envie de bien des gens sur la planète. Or, parler de notre double
appartenance est loin d'être simple dans notre vie politique. Cela peut autant
nous diviser que nous rassembler. C'est à nous de choisir et c'est ce choix que
nous offre l'élection de Pablo Rodriguez à la tête du Parti libéral du Québec.
Avec l'élection de ce Sherbrookois d'origine, le Parti libéral du Québec offre
la possibilité pour le Québec de s'affirmer à la fois comme fiers Québécois et
authentiques Canadiens. Nous n'avons pas à choisir l'une de ces identités. Les
deux sont parties de nous. C'est pourquoi il faut se réjouir que le Parti
libéral du Québec redevienne un sujet dans notre vie politique collective.
Le PLQ et le Québec
Le Parti libéral du Québec (PLQ) a traversé plus de 150 ans
d'histoire politique, marquant le développement de la province dans diverses
dimensions, notamment économiques et sociales. Cependant, lors de l'élection
générale de 2022, le PLQ a subi un revers historique, étant pratiquement rayé
de la carte du Québec francophone. La défaite a conduit à une dynamique de
leadership marquée par l'élection de Pablo Rodriguez, un homme aux racines
canadiennes et espagnoles, représentant une nouvelle génération de leadership.
L'un des plus grands défis pour le PLQ est de reconstruire
son identité dans un paysage politique de plus en plus dynamique.
Historiquement, le parti a été trop souvent perçu comme le défenseur des
intérêts des anglophones et des allophones, ce qui a contribué à son
éloignement des électeurs francophones. La réévaluation de cette perception est
cruciale. Rodriguez devra travailler sur une stratégie de communication qui
présente le PLQ comme un parti inclusif et représentant les intérêts de tous les
Québécois, indépendamment de leur langue.
L'une des plus urgentes tâches de Pablo Rodriguez et du PLQ,
c'est de renouer avec le nationalisme québécois. Bien sûr, le PLQ doit naviguer
prudemment dans un environnement où le nationalisme québécois est en plein
essor. Le défi est de trouver un équilibre entre l'appui à l'autonomie
économique et culturelle du Québec tout en étant sensible aux préoccupations
des non-francophones. Rodriguez doit développer une plateforme qui respire un
véritable respect pour la dualité linguistique, sans aliéner l'électorat
francophone. L'attachement du Québec à son identité ne signifie pas pour
autant, comme le fait la CAQ, qu'il faut l'opposer à l'identité de l'autre pour
exister. Nous n'avons pas besoin de la querelle des bouts de chiffons (Loi 21)
ou d'ostraciser la langue anglaise pour être de fiers Québécois nationalistes.
On peut protéger la langue française sans s'attaquer à la langue anglaise, même
s'il faut se rendre à l'évidence qu'elle domine le continent nord-américain et
même la planète.
Ce combat pour notre langue et notre culture est avant tout
une question de détermination de nous tous afin de conserver ces traits
essentiels de notre identité. Interdire et légiférer sont des pis-aller eu
égard à la froide détermination dont nous devons faire preuve pour préserver
notre culture francophone en Amérique du Nord ainsi que dans le monde incertain
et dangereux dans lequel nous vivons.
Gouverner le Québec : pas une sinécure
Être québécois, c'est une façon d'être au monde et chez
nous, nous sommes déterminés à combattre les injustices sociales et à lutter
contre les changements climatiques. Quoique puisse en dire le président
américain Donald Trump, le changement climatique est l'un des défis les plus
pressants de notre époque et les citoyens sont de plus en plus sensibles aux
questions environnementales. Le PLQ a besoin d'une approche proactive pour
développer des politiques vertes et durables. Rodriguez doit intégrer des
solutions innovantes à son programme, favorisant les énergies renouvelables et
soutenant les initiatives de développement durable pour atténuer les effets du
changement climatique, tout en aspirant à restaurer la confiance des électeurs
sur ces enjeux cruciaux.
La lutte contre les inégalités sociales est un autre domaine
où le PLQ doit faire des progrès significatifs. La pandémie de la COVID-19 a
exacerbé les disparités économiques et sociales. Rodriguez doit se pencher sur
des politiques qui abordent les inégalités, notamment dans les domaines de la
santé, de l'éducation et du logement. Le défi consiste à articuler une vision
économique qui favorise le mieux-être social tout en gagnant le soutien des
classes populaires historiquement critiques à l'égard des libéraux.
Mobiliser l'électorat
Après l'échec de 2022, la mobilisation de l'électorat sera essentielle
pour le PLQ. Rodriguez devra établir des stratégies innovantes pour engager les
jeunes électeurs, qui représentent un enjeu majeur. Les initiatives pourraient
inclure des programmes de sensibilisation dans les écoles et les universités,
ainsi que des campagnes sur les réseaux sociaux qui résonnent avec leurs
préoccupations. En incluant des voix diversifiées dans le processus
décisionnel, le PLQ peut renforcer son image et faire grimper le taux de
participation des jeunes.
Rodriguez doit également envisager des alliances
stratégiques pour élargir la portée du PLQ. En formant des coalitions avec des
groupes communautaires, des organisations responsables et des acteurs engagés
sur des enjeux sociaux, il sera possible de bâtir une plateforme plus forte et
plus inclusive. Le PLQ doit renouer avec ses racines dans les régions du
Québec. À cet égard, il a besoin des contributions de tous les candidats de la
dernière course au leadership, particulièrement celles de Karl Blackburn et de
Charles Milliard. Pourquoi ne pas nommer jusqu'à l'élection Karl Blackburn
prédisent-directeur général du PLQ et demander à Charles Milliard de construire
le futur programme politique économique du PLQ par une commission dans les
régions auprès des entreprises, des chambres de commerce et des organisations
économiques. Pour une fois, peut-on donner préséance à la relance de l'économie
plutôt que la pléthore de mesures sociales destinées à racoler les électeurs
par niches.
Réformer le PLQ de l'intérieur
Le leadership de Rodriguez sera également mis à l'épreuve
par la nécessité de réformer le parti de l'intérieur. La structure interne du
PLQ doit être modernisée pour refléter les changements sociétaux contemporains.
Cela inclut l'insertion de membres de divers milieux, l'encouragement de la
parité et un renouvellement de la base militante pour refléter la diversité du
Québec.
Le PLQ doit faire face à des factions internes qui peuvent
mener à des différends. Rodriguez doit travailler à l'édification d'une plus
grande cohésion au sein du parti. Des dialogues ouverts, une transparence
renforcée et la promotion d'une culture de collaboration peuvent aider à
apaiser les tensions et à générer un sens d'unité autour d'une vision commune
du parti.
Dans l'ère des réseaux sociaux, la gestion de l'image du
parti est cruciale. Rodriguez doit développer une stratégie de communication
claire qui permet de répondre rapidement aux critiques et de partager
efficacement les succès du parti. Un engagement proactif avec les médias et le
public peut contribuer à redresser l'image du PLQ. L'approche médiatique du PLQ
doit aller au-delà de la communication traditionnelle. L'interaction directe
avec la communauté, sous forme d'événements locaux, d'initiatives interpellant
les citoyens et de plateformes d'écoute, peut renforcer les liens entre le PLQ
et les électeurs. Cette démarche centrée sur la communauté pourrait aider à
recréer une perception positive et d'accessibilité pour le parti.
L'avenir du PLQ...
Le chemin qui s'ouvre pour le Parti libéral du Québec sous
Pablo Rodriguez est pavé de défis, mais aussi d'opportunités. La nécessité de
redéfinir l'identité libérale, de s'engager activement dans les questions
sociales et environnementales, de renforcer la stratégie électorale, de gérer
les dynamiques internes et de renouveler la communication publique est
essentielle pour le retour en grâce du PLQ. Alors que le Québec évolue vers un
avenir incertain, la capacité de Rodriguez à mobiliser, à inspirer confiance et
à agir rapidement devant les enjeux contemporains déterminera la position du
PLQ au sein du paysage politique québécois. Le succès du parti dépendra non
seulement de sa capacité à attirer de nouveaux électeurs, mais aussi à
construire un avenir où le PLQ incarne vraiment l'espoir et le progrès pour
tous les Québécois. C'est à ce prix que nous pourrons compter sur le Québec des
libéraux de Pablo !