Nous sommes les tristes spectateurs d'un drame quotidien qui
se déroule sous nos yeux dans la bande de Gaza, faisant suite aux événements du
7 octobre 2023, où les brigades du Hamas ont lâchement assassiné près de 1200
personnes et capturé plus de 200 otages. La riposte de l'État d'Israël a été
disproportionnée alors que ses bombardements dans la bande de Gaza ont fait
plus de 70 000 morts parmi la population palestinienne. De la pure folie. C'est
pourquoi nous nous réjouissons aujourd'hui de la libération des otages et de la
paix précaire qui semble vouloir s'installer. Nous devons toutefois garder les
yeux sur cet arrêt momentané des agressions israéliennes envers le peuple de
Gaza. Il ne signifie en rien un changement de la politique d'Israël envers la
reconnaissance d'un État palestinien et un désir de vivre en paix avec ses
voisins. Tentative de compréhension d'un conflit larvé au Moyen-Orient depuis
des décennies...
Le conflit
israélo-palestinien
Le conflit israélo-palestinien est l'un des plus anciens et
des plus complexes conflits géopolitiques contemporains. Au centre de ce
conflit se trouve une lutte historique pour la terre, l'identité et la
souveraineté, qui a pris une nouvelle dimension dans le contexte de la
politique mondiale. L'émergence du Hamas, un groupe militant islamiste, la
politique étrangère de l'administration Trump, ainsi que les différents accords
de paix tentés au fil des décennies, ont profondément influencé le paysage de
ce conflit. Cette chronique cherche à explorer le contexte de ce conflit, à
analyser les enjeux stratégiques qui le sous-tendent, et à examiner ses
implications pour le monde libre. On peut retrouver les racines de ce conflit
dans la fin du XIXe siècle, avec l'émergence du sionisme, un mouvement
nationaliste juif cherchant à établir un État juif en Palestine, alors sous
domination ottomane. Simultanément, le nationalisme arabe commençait à prendre
forme, y compris en Palestine. Les tensions entre ces deux mouvements sont
apparues dès les premières vagues d'immigration juive au début du XXe siècle.
La déclaration Balfour de 1917, dans laquelle le
gouvernement britannique promettait de soutenir l'établissement d'un « foyer
national juif » en Palestine, a exacerbé les tensions. Après la Seconde Guerre
mondiale et l'Holocauste, le soutien international à la création d'un État juif
a culminé, conduisant à la déclaration de l'État d'Israël en 1948. Cela a
entraîné la première guerre israélo-arabe et le déplacement massif de
Palestiniens, un événement que les Palestiniens appellent la Nakba (la
catastrophe).
La montée du Hamas
Le Hamas, ou Mouvement de la résistance islamique, a été
fondé en 1987 en tant que branche des Frères musulmans en Palestine. Le groupe
a émergé en réponse à l'occupation israélienne et à la frustration croissante
des Palestiniens devant l'inaction des leaders politiques traditionnels,
notamment l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et son chef Yasser
Arafat. Le Hamas a prôné une résistance armée contre Israël et a gagné en
popularité en raison de son engagement communautaire et de ses services
sociaux. En 2006, lors des premières élections législatives palestiniennes, le
Hamas a remporté une victoire surprise, prenant le contrôle de la bande de
Gaza. Cette victoire a conduit à un schisme entre le Hamas, qui soutenait la
lutte armée, et le Fatah, allié de l'OLP, qui prônait des négociations
pacifiques. Cette division a exacerbé la division interne palestinienne et
compliqué les efforts pour parvenir à la paix. La montée radicale du Hamas dans
la bande de Gaza, qui a un discours guerrier contre Israël, explique le
massacre du 7 octobre.
Trump 1 et 2 et ses
efforts pour pacifier le Moyen-Orient
Donald Trump a pris ses fonctions d'un premier mandat de
président des États-Unis en janvier 2017. Sa stratégie en matière de politique
étrangère se caractérisait par une approche peu conventionnelle, souvent
marquée par des décisions et des mesures audacieuses. Concernant le conflit
israélo-palestinien, l'administration Trump a modifié plusieurs politiques
clés, notamment la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël en 2017,
un acte salué par le gouvernement israélien, mais critiqué par de nombreux
pays, considérant Jérusalem-Est comme la capitale de l'État palestinien à
venir.
En janvier 2020, Trump a dévoilé son plan de paix, souvent
désigné sous le terme « Accord du siècle ». Ce plan visait à résoudre le
conflit israélo-palestinien en proposant une série de points qui, selon
l'administration américaine, pourraient servir de base pour des négociations
ultérieures. Parmi les éléments clés, l'Accord du siècle proposait de :
1. Reconnaître la souveraineté israélienne sur de vastes
portions de la Cisjordanie.
2. Accorder une autonomie limitée aux Palestiniens, sans
création d'un État pleinement souverain.
3. Imposer des conditions strictes aux Palestiniens,
notamment la lutte contre le terrorisme, comme préalable à toute aide
internationale.
L'initiative a été accueillie avec scepticisme et opposition
tant du côté palestinien que d'une partie de la communauté internationale. Les
Palestiniens ont vu cette proposition comme un moyen de légitimer l'occupation
israélienne et de marginaliser leur aspiration à un État souverain. La
politique de Trump à l'égard du conflit a entraîné des conséquences
significatives. Sur le plan régional, elle a exacerbé les tensions entre Israël
et les mouvements palestiniens, notamment le Hamas, qui a rejeté
catégoriquement l'Accord du siècle. Parallèlement, certaines nations arabes,
comme les Émirats arabes unis et Bahreïn, ont normalisé leurs relations avec
Israël, un développement qui a été salué par Trump comme un succès de sa
politique étrangère. Cependant, cette normalisation a également été perçue
comme une trahison par de nombreux Palestiniens et a intensifié la perception
qu'ils étaient abandonnés par leurs frères arabes. C'est à mon sens le germe
des événements du 7 octobre 2023.
Puis à son second mandat, Trump a signifié sa volonté de
mettre fin au conflit dans la bande de Gaza. D'où son plan en vingt points qui
est en cours de réalisation, même si le tout demeure très fragile. Il est
cependant clair que, pour l'administration américaine, la solution des deux
États n'est pas à l'ordre du jour. Cela explique le silence du président Trump
sur les efforts de colonisation d'Israël en Cisjordanie.
Que faut-il
comprendre ?
Le conflit israélo-palestinien a des implications
géopolitiques qui vont bien au-delà des frontières de la région. Les
États-Unis, traditionnellement considérés comme un allié d'Israël, font face à
des critiques croissantes sur leur soutien inconditionnel à l'État hébreu. La
perception d'un double standard et le maintien de l'occupation israélienne sont
des sources de frustration dans de nombreux pays, ce qui affecte la crédibilité
des États-Unis sur la scène internationale. Un monde libre qui valorise les
droits de l'homme et la justice pérennise son image en répondant aux
aspirations des peuples pour l'autodétermination.
Cette question des droits de l'homme est fondamentale dans
le débat sur le conflit israélo-palestinien. Le Hamas est désigné par plusieurs
pays, y compris les États-Unis, comme une organisation terroriste. Pourtant, sa
popularité parmi une partie de la population palestinienne soulève des
questions sur les conditions de vie des Palestiniens, sous occupation et avec
peu de possibilités de progrès dans leurs droits civiques. Comment le monde
libre peut-il soutenir une solution à long terme au conflit sans aborder les
droits et la dignité des Palestiniens ? L'un des enjeux majeurs réside dans la
réconciliation entre les différentes fractions palestiniennes, notamment le
Hamas et le Fatah. Sans une unité politique, il est difficile de présenter une
position unifiée lors des négociations de paix. L'absence d'une direction
palestinienne forte et cohérente complique la quête d'une solution durable.
Pour les acteurs du monde libre, soutenir des initiatives qui favorisent
l'unité palestinienne pourrait être un chemin prometteur pour construire un
front de paix significatif.
Nous pouvons faire la
différence...
La couverture médiatique du conflit et la perception qu'en
ont les opinions publiques dans le monde influencent également les politiques
des gouvernements en faveur d'Israël ou de la Palestine. Les mouvements en
faveur des droits des Palestiniens, y compris le BDS (Boycott,
Désinvestissement et Sanctions), mobilisent l'opinion publique mondiale. Pour
le monde libre, permettre une liberté d'expression sur ces questions est
crucial pour encourager le dialogue et le débat sur ces enjeux complexes.
Le conflit israélo-palestinien, en tant que calamité géopolitique,
exige une attention particulière de la communauté internationale. L'ascension
du Hamas, la politique étrangère de l'administration Trump et les efforts de
paix entrepris reflètent les défis structurels qui existent autour de ce
conflit. Pour le monde libre, il est impératif de naviguer dans ces eaux
troubles avec une approche qui reconnaît à la fois les droits des Israéliens à
la sécurité ainsi que la légitimité des aspirations palestiniennes à la liberté
et à la dignité. Les enjeux sont multiples : ils s'étendent de la stabilité
géopolitique à la protection des droits de l'homme, en passant par la lutte
contre le terrorisme et l'atteinte à l'unité déchirée des Palestiniens. Le
chemin vers une résolution pacifique nécessite un engagement continu de la
communauté internationale dans la promotion d'un dialogue constructif, d'une
réelle intention de paix et d'un respect collectif des droits de la personne.
Une chose est certaine, la question de la Palestine et de la stabilité
politique du Moyen-Orient est aujourd'hui dans une période de moments de tous
les dangers...
P.S. Retour sur ma
dernière chronique
Dans
ma dernière chronique portant sur la couverture médiatique des médias régionaux
sur la campagne électorale municipale, j'ai été un peu injuste dans mes propos
quant à l'intérêt de nos médias sur la campagne à la mairie à Sherbrooke. J'en
assume totalement les opinions exprimées, même si je veux apporter des nuances.
La couverture des médias est meilleure que ce que j'en écrivais. Néanmoins, je
persiste et signe sur le fait qu'il est impensable que l'on tienne un débat à
Radio-Canada Estrie diffusé sur le web et pas diffusé sur les ondes en direct,
autrement que par de petits extraits au téléjournal du soir, à une heure de
grande écoute. Il n'y a pas si longtemps, à Sherbrooke, le débat des candidats
à la mairie était un événement majeur. Ce qui ne fut pas le cas cette fois.
Peut-être suis-je trop nostalgique ? C'est en partie l'explication de mes
opinions sur la couverture des médias sur cette campagne électorale.