Le titre d'un album de 1977 de Paul Piché. La phrase À qui
appartient l'beau temps ? a été fredonnée des milliers de fois par vous et moi.
Elle intervient dans Heureux d'un printemps, une des chansons de feux de camp
les plus populaires.
Piché se pose la question de l'appartenance du beau temps.
Il parle de l'hiver qui est blanc de poésie pour les uns, mais sale et gris
pour les autres. Ceux qui ne peuvent se loger et qui gèlent dans des endroits
mal famés. L'été, c'est les vacances pour les mieux nantis, mais les sueurs
pour les travailleurs qui s'occupent des vacanciers. Au fond, chante Piché, on
vit rien qu'au printemps; le printemps dure pas longtemps.
On vit le temps que l'espoir que rapportent les premiers
rayons de soleil après l'hiver s'estompe à la vue des problèmes qui ne se
règlent pas.
Tout ça n'est qu'une chanson. Je sais.
Une sorte de poésie. Je sais.
Le temps n'est plus à la poésie, aux rêves et aux espoirs
d'un équilibre social et d'une répartition de richesse plus équitable. Je sais.
Les pragmatiques, les nouveaux lucides ?
Je me souviens de Lucien Bouchard qui s'exclamait, haut et
fort : « les Québécois doivent travailler infiniment plus! »
C'était en 2006. Ça suivait d'un an sa participation au manifeste des lucides.
Ils étaient 12 lucides Canadiens dans l'aventure. Je trouve encore aujourd'hui
que le choix de se qualifier eux-mêmes de lucides était prétentieux. Mais bon.
Ce n'était pas un concours d'humilité. Concours que n'aurait pas gagné M. Bouchard
de toute façon.
L'idée était de mettre en place des concepts basés sur des
données quantifiables. Sa malheureuse déclaration provenait de l'analyse de ses
indicateurs de performance comparant le Québec à l'Ontario et aux États-Unis.
Depuis, je continue de me dire qu'interpréter aussi
librement un indicateur démontre un énorme manque de lucidité.
Bref.
À qui appartient l'beau temps a été chantée en 1977. Mais
elle est encore plus mordante aujourd'hui. Les mieux nantis sont bien mieux
nantis qu'à l'époque, surtout par rapport aux moins nantis qui souffrent
tellement plus... Les écarts se creusent. Celles et ceux du milieu sont aux
prises avec des troubles anxieux liés à toutes sortes de niveaux de performance
imposée par une société lucide...
Indicateur supplémentaire, Monsieur Bouchard.
Le mot à la mode, maintenant? Pragmatique
Au nom de l'urgence Trumpienne, on met tous nos sous sur
l'équilibre économique. L'environnement ne compte plus, les projets de loi
déposés imposent tout sur leur passage.
Il y a du bon et du moins bon dans tout.
Mon point est le suivant : je ne crois pas que les
Québécois avaient voté pour pareil changement de cap politico-social initié par
la CAQ dans la dernière année du mandat. Pas plus que je me sens rejoint par
plusieurs abandons de gestes pourtant importants pour la sauvegarde de
l'environnement (ou de ce qui peut être encore sauvé!) par le Fédéral.
Le pragmatisme est aidant pour faire face à un Trump dont le
raisonnement me rappelle les super-balles de mon enfance qui revolaient dans
tous les sens et tout le temps !
Mais de tout changer sans l'ombre d'une discussion préalable
ne relève pas du pragmatisme. C'est même un pas vers quelque chose
d'autoritaire.
Allez! Soyons pragmatiques: à qui appartient le beau temps,
au final ?
Clin d'œil de la semaine
Le simple fait de dire que quelque chose est important pour
nous n'arrange rien si on n'agit pas. Il
me semble que c'est pragmatique, cette phrase-là !