Un nouveau projet en Estrie souhaite aider les personnes
aînées à mieux manger, à conserver leur autonomie et à vieillir en santé. Porté
par des spécialistes du Centre de recherche sur le vieillissement au CIUSSS de
l'Estrie-CHUS, le site web REPAS est conçu spécialement pour prévenir la
dénutrition, un problème encore trop méconnu mais bien réel chez les aînés.
Chez plusieurs personnes aînées, la perte d'un conjoint peut
entraîner une baisse d'appétit et un désintérêt pour la préparation des repas.
Ce qui était autrefois une activité partagée devient un geste solitaire, ce qui
peut mener à des changements importants dans les habitudes alimentaires. Les
repas complets et variés sont parfois remplacés par des aliments plus simples
et moins nutritifs comme des soupes ou des produits laitiers. Sans en avoir
pleinement conscience, ces personnes s'exposent ainsi à la dénutrition. Bien
que chaque histoire soit différente, ce type de parcours reflète une réalité
fréquente au Québec.
Comprendre la dénutrition : un enjeu invisible mais
important
La dénutrition survient lorsque le corps ne reçoit pas
suffisamment de nutriments pour fonctionner correctement. Une personne aînée
sur trois au Québec serait touchée. Les conséquences peuvent être lourdes :
perte de poids et de masse musculaire, risque accru de chutes, fatigue
importante et perte d'autonomie.
La pandémie a amplifié le problème. Isolement, peur de
sortir, diminution de l'activité physique : autant de facteurs qui ont
fragilisé la santé nutritionnelle des aîné·e·s. Devant ce constat, une idée a
émergé au sein des équipes de recherche : et si la technologie devenait un
outil pour prévenir la dénutrition?
REPAS : un site web créé par et pour les aînés
Sous la direction de Patrick Boissy, Nancy Presse et Nicole
Dubuc, et avec la participation de nutritionnistes ainsi que de partenaires
communautaires comme Sercovie, le projet REPAS a vu le jour.
Le site propose trois outils principaux :
de l'information simple et accessible sur la dénutrition et
ses signes;
un questionnaire personnalisé permettant d'évaluer son
propre risque;
un répertoire de ressources disponibles à Sherbrooke,
incluant popotes roulantes, banques alimentaires et services à domicile.
Chaque étape du développement a été coconstruite avec des
personnes aînées, qui ont testé l'interface et commenté son contenu. Le
résultat : une plateforme intuitive, adaptée à la réalité de celles et ceux qui
l'utiliseront. Selon Patrick Boissy, REPAS s'adresse autant aux personnes âgées
qu'à leurs proches, aux intervenants en santé et aux organismes du milieu.
Des résultats concrets pour vieillir en santé
Pauline Dumoulin, 72 ans, a participé aux essais du projet.
En remplissant le questionnaire, elle a pris conscience de l'importance des
protéines en vieillissant. Le site lui a proposé des astuces simples : ajouter
des noix à son yogourt, préparer un gruau avec du lait ou encore évaluer la portion
idéale de viande en la comparant à la paume de sa main. Aujourd'hui, elle
choisit plus souvent des aliments riches en protéines plutôt que des collations
sucrées.
Vers un déploiement élargi au Québec
Devant les résultats positifs de la phase test, les
responsables souhaitent étendre REPAS à d'autres régions de la province. Pour
Patrick Boissy, également professeur à la Faculté de médecine et des sciences
de la santé de l'Université de Sherbrooke, l'objectif est clair : que chaque
personne aînée puisse obtenir les bonnes ressources au bon moment, peu importe
où elle habite.
Source : équipe des relations avec les médias, CIUSSS de
l'Estrie-CHUS