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Les diasporas au Canada et notre relation au monde

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 4 octobre 2023

Jamais je n'aurais imaginé voir mon pays, le Canada, être accusé de sympathie avec le régime nazi. Cette accusation est fondée sur une erreur de jugement du président de la Chambre des communes, Anthony Rota, qui a invité un commettant de son comté et qu'il a fait acclamer par les députés de la Chambre des communes en présence du président de la République d'Ukraine, Volodymir Zelensky. Quelle honte Canada !

On peut bien saluer la décision tardive du président Rota de démissionner, s'interroger sur l'utilisation ultra-partisane de l'événement par le prétendant Poilievre, mais cela n'efface pas la honte et l'inculture du Canada en matière d'histoire et de politique étrangère. Poilievre plutôt que d'exagérer les faits à la façon trumpienne devrait, s'il veut prétendre devenir notre premier ministre, nous dire ce qu'il ferait lui en matière de politique étrangère. Que nous propose-t-il comme politique de rupture avec une politique étrangère qui s'appuie sur les diasporas ? À ma connaissance, Poilievre et son parti courtisent, tout comme les libéraux, les diasporas présentes au Canada dans le cadre de son idéologie multiculturaliste. L'enfer c'est les autres comme le disait Sartre, mais en matière de politique étrangère l'enfer ce sont les diasporas.

L'acclamation d'un nazi à la Chambre des communes

On peut bien évoquer l'inculture canadienne en matière d'histoire européenne, mais il faut admettre que les événements qui se sont déroulés en Europe à l'époque de la Seconde Guerre mondiale étaient tout sauf simples. D'abord, rappelons que l'histoire pour la comprendre commence bien avant la Seconde Guerre mondiale. Il faut rappeler l'héritage de l'empire austro-hongrois dont la Galicie faisait partie jusqu'en 1918. C'est la domination de l'empire austro-hongrois jusqu'en 1918, relayé par la Pologne jusqu'en 1939 qui fonde les premières manifestations du développement du nationalisme ukrainien. En 1922, l'Ukraine est intégrée à l'URSS. Des mouvements nationalistes se créent dans la clandestinité. L'arrivée de l'armée hitlérienne a été vue par les nationalistes ukrainiens comme une circonstance favorable à l'expansion du nationalisme ukrainien. L'arrivée des Allemands est accueillie, par eux, comme un retour à l'ancien régime, plus favorable aux aspirations nationales ukrainiennes, par opposition à l'attitude des « grand-russes » refusant de reconnaître les spécificités de l'Ukraine. C'est là que prend racine de l'acclamation du ressortissant ukrainien Yaroslav Hunka, un ancien combattant âgé de 98 ans. Citoyen de la circonscription du président libéral, Anthony Rota, a été chaudement ovationné par les élus et les sénateurs du Parlement canadien à l'invitation du président de la Chambre et cela en présence du président Zelensky. Une gaffe monumentale.

Personne parmi l'assistance n'a sourcillé lorsqu'il fut le temps d'acclamer l'ancien nazi Ukrainien. Ce que les gens ont retenu alors c'est qu'il avait combattu la Russie en défendant les couleurs de l'Ukraine. Personne ne se rappelait alors que la Russie combattait avec les alliés contre l'Allemagne hitlérienne. Il faut dire qu'il y avait eu changement d'allégeance de la Russie au cours de ce conflit qui au début était du côté allemand. On peut bien pointer l'inculture historique canadienne, mais l'histoire dans ce cas est tout sauf simple à comprendre. Expliquer la cause de l'erreur du président Rota ne change en rien à la honte que nous pouvons ressentir devant cet événement et plus encore n'efface pas les dommages immenses à la réputation du Canada sur la scène internationale et sur les effets dans la vie de notre ami Zelensky en pleine guerre contre la machine à propagande russe. La vraie cause de tout cela c'est chez nous qu'il faut la trouver. C'est l'influence démesurée des diasporas sur la politique étrangère canadienne.

Les diasporas et la politique étrangère canadienne

Le Canada a une politique étrangère active et engagée, qui met l'accent sur la diplomatie, la paix, les droits de l'homme, le développement international et le multilatéralisme. Les diasporas canadiennes, constituées de personnes originaires de différents pays et vivants au Canada, jouent un rôle dans la politique étrangère du Canada de plusieurs manières. Sur le plan culturel, les diasporas contribuent à la diplomatie culturelle en favorisant la compréhension et les échanges entre le Canada et leurs pays d'origine. Elles servent de ponts entre les cultures et favorisent un dialogue ouvert et constructif.

En matière commerciale, les communautés de diasporas peuvent faciliter le commerce et les investissements entre le Canada et leurs pays d'origine en créant des réseaux d'affaires et en offrant des connaissances locales. Quand on pense aide au développement, il faut reconnaître que les membres des diasporas sont souvent engagés dans des initiatives de développement dans leurs pays d'origine, que ce soit par des transferts de fonds, des projets de développement communautaire, ou d'autres formes de soutien.

Les diasporas sont aussi très actives en lobby auprès de la classe politique canadienne. Les diasporas peuvent influencer la politique étrangère canadienne en plaidant pour des causes qui leur tiennent à cœur, notamment par rapport à des questions de droits de l'homme, de conflits, et de développement dans leurs pays d'origine.

En fait, les diasporas sont au cœur de la politique canadienne en vertu de sa politique favorable au multiculturalisme. Il est clair que chez nous la diversité des diasporas au Canada reflète et renforce les valeurs canadiennes de multiculturalisme et d'inclusion. Cela contribue à façonner une politique étrangère qui valorise la diversité et cherche à promouvoir ces valeurs à l'échelle internationale.

Cela s'appuie notamment sur le fait simple que les diasporas peuvent contribuer à renforcer les relations bilatérales entre le Canada et leurs pays d'origine. De plus, elles peuvent jouer un rôle dans les organisations multilatérales en favorisant la coopération et le dialogue entre différents pays et les différentes cultures. Par conséquent, elles favorisent aussi les relations avec de nombreux pays. Elles facilitent entre autres les échanges éducatifs et scientifiques entre le Canada et d'autres pays, contribuant ainsi à l'avancement des connaissances et à la collaboration internationale. Enfin, dans le cas de crise humanitaire ou de catastrophes naturelles dans leur pays d'origine, les communautés de diasporas sont souvent en première ligne pour mobiliser des ressources et fournir une aide humanitaire.

Les diasporas et leur empreinte sur nos politiques

En somme, les diasporas canadiennes jouent un rôle significatif dans la manière dont le Canada interagit avec le reste du monde. Elles contribuent à enrichir la politique étrangère canadienne et à renforcer les liens entre le Canada et de nombreux pays partout dans le monde. Elle contribue aussi à assombrir de larges pans de notre politique. Nous n'avons qu'à penser à l'exemple de l'Inde et de la présence chez nous de nationalistes radicaux sikhs ou encore au problème avec la Chine. L'influence importante des diasporas sur la politique étrangère canadienne cause parfois des couacs comme celui de l'acclamation d'un nazi à la Chambre des communes par les parlementaires. Cette situation nécessite une réflexion en profondeur sur nos pratiques. Le Canada doit s'émanciper de l'influence des diasporas sur sa politique étrangère. La politique étrangère canadienne doit être pensée par le Canada et pour les Canadiens, non pas en relation avec le poids électoral de telle ou telle diaspora. Il est clair que nous devons réfléchir ensemble à ce problème contemporain canadien en lien avec notre dévotion au multiculturalisme et à la diversité, celui de la présence des diasporas organisées et de notre relation au monde...


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