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Exil en Canada

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Hier, c'était la fête du Canada. Une autre fête nationale pour nous, Québécoises et Québécois. Pourtant, autant nous aimons fêter le Québec tous les 24 juin, peu nombreux nous sommes à célébrer notre pays : le Canada le 1er juillet. Ce n'est pas qu'une question de nationalisme quoique l'on puisse en dire. C'est plutôt une question de respect. Comment célébrer un pays dans lequel, nous les héritiers de la Nouvelle-France, sommes tenus à l'écart et pour qui nos droits nationaux bien que reconnus ne sont pas pris en compte dans la marche quotidienne de notre pays. Nous vivons en exil dans notre propre pays. Cela mérite des explications...

Un héritage controversé :

Sans verser dans un discours historiographique nationaliste et victimaire, force nous est de reconnaître que l'histoire du Canada se caractérise par un lourd héritage en matière de relations entre les descendants de langue anglaise et les autres nations qui sont parties prenantes à l'histoire de ce pays. Que ce soit nous, les Québécois de souche, les Acadiens ou encore les membres des nations amérindiennes, on ne peut pas dire que le Canada se soit distingué dans son histoire par un respect pointilleux des droits et de la reconnaissance des autres nations présentes au Canada.

Bien au contraire, le bilan de l'action politique de l'État canadien à l'endroit des nations amérindiennes de son territoire est tout sauf respectueux des droits de ces nations. À cet égard, l'État du Québec n'est pas aussi exemplaire que nous voulons bien nous le faire croire. Les Acadiens ont été déportés pour ensuite voir leurs droits niés en matière linguistique par exemple. Le droit des métis catholiques et francophones de l'Ouest a été aussi bafoué et se cristallise dans le drame de la pendaison de leur leader Louis Riel. Les droits linguistiques des francophones de tout le pays ont été anéantis par le règlement des écoles séparées et par la loi 17 ontarienne. Je vous fais grâce de toutes les promesses brisées envers le Québec notamment les conscriptions de 1917 et 1942, le refus de reconnaître dans les lois de ce pays notre caractère distinct et la xénophobie des élites canadiennes-anglaises envers le Québec et ses valeurs qui se traduisaient par les accusations envers le Québec d'être une société arriérée, corrompue et peu respectueuse des droits démocratiques des citoyens. On nous caractérisait comme la « Priest ridden society ».

Mais me direz-vous, si ce que vous dites est vrai pourquoi ne pas faire du Québec un pays?

Le fédéralisme : un système politique d'avenir :

Malgré sa mauvaise presse, le fédéralisme politique est le meilleur système politique qu'un pays puisse se donner pour reconnaître à la fois les droits des citoyens et le droit des peuples qui sont présents dans un territoire national. Le fédéralisme a un avenir dans sa capacité de reconnaître à la fois la différence et la diversité. Curieusement, à une époque où la planète est de plus en plus petite et où le métissage des populations est devenu une donnée incontournable de nos vies collectives, le temps est plus propice que jamais à revoir le fédéralisme au Canada et à le transformer en un modèle pour tous les pays de la planète. Malheureusement, nous sommes impuissants au Canada à entamer cette conversation démocratique essentielle pour faire du Canada un pays du 21e siècle. Nous sommes paralysés par la peur de l'échec depuis Meech et nous piétinons pendant que le reste du monde se transforme à vitesse grand V sous nos yeux.

Il est vrai que cela n'est pas une tâche facile de réformer les institutions d'un pays afin de les rendre plus respectueuses de la diversité et de nos différences, mais c'est une tâche essentielle pour que nous puissions fêter le Canada le 1er juillet. Nous devons cesser de tergiverser et rompre avec celles et ceux qui ne veulent pas que ce pays réussisse. Il faut nous retrousser les manches pour faire du Canada un pays à la mesure de ce nouveau siècle.

La question du nationalisme :

Bien sûr, la réussite d'une réforme en profondeur du fédéralisme canadien devra affronter ses démons, dont le nationalisme québécois, et la question des droits des Amérindiens. Il nous faudra aussi reconnaître la diversité linguistique du Canada en renforçant partout au Canada et particulièrement au Nouveau-Brunswick et en Ontario les droits des francophones et leurs institutions. Ce n'est pas chose faite, convenons-en...

Néanmoins. On ne peut pas décemment continuer à vivre dans un pays ayant une constitution qui n'a pas été signée par l'une de ses nations fondatrices. Il serait peu réaliste aussi de continuer à nier les droits des Acadiens et des Amérindiens dans un pays qui se veut un creuset de la diversité et la différence.

Quoi que l'on puisse en penser, le nationalisme ou si vous préférez les communautés d'appartenance n'est pas un concept que l'on doit opposer au fédéralisme. Les dernières élections de la Communauté européenne avec la percée des partis politiques nationalitaires et d'extrêmes droites sont un puissant rappel à celles et ceux qui croient que l'on peut faire l'économie de l'attachement des gens à leur langue et coutume pour construire de grands ensembles politiques mondialisés.

Un Canada centralisateur :

Au Canada, il faut le dire le fédéralisme s'inscrit dans une vision unificatrice et centralisatrice bâtie autour de la nation canadienne-anglaise. À contrario du discours politique des élites du Canada anglais, notre pays n'est pas un modèle de respect des différences et de la diversité.

Dans ce contexte, le spectacle de la fuite en avant du PQ et de l'affaiblissement du mouvement nationaliste québécois est plutôt une mauvaise nouvelle pour le Canada. Il faut plutôt chercher à bâtir une négociation avec des interlocuteurs forts. L'absence de leaders forts des forces vives au Canada ne peut que mener à un chaos destructeur pour notre pays.

Depuis l'échec de l'accord du lac Meech et du référendum de 1995, nous vivons en exil dans notre propre pays. Il faut mettre fin par une grande conversation publique de tous les Canadiens à cette situation malsaine si nous voulons affronter ensemble les problèmes du 21e siècle. Tant et aussi longtemps que nous refuserons de regarder ce problème en face et que nous ne nous résoudrons pas à le prendre à bras le corps pour le régler, cette fête du Canada du 1er juillet ne mérite pas d'être célébrée. Nous sommes en exil en Canada...


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