Le candidat à la mairie de Sherbrooke, Vincent Boutin,
réagit vivement à l'entente conclue entre la Ville et la Société de
développement Angus (SDA) pour la revalorisation du secteur des
Grandes-Fourches Nord. Selon lui, le projet doit avant tout mettre en valeur
les entreprises et l'expertise locales.
Une entente conclue
sans appel d'offres
Le 3 juillet 2025, la Ville de Sherbrooke a officialisé une
entente avec la Société de développement Angus, un organisme à but non lucratif
basé à Montréal, pour piloter le redéveloppement du secteur des
Grandes-Fourches Nord. Situé à l'entrée du centre-ville, en bordure de la
rivière Saint-François, ce terrain d'une valeur de plusieurs millions de
dollars représente depuis plus de 40 ans un site stratégique pour Sherbrooke.
Selon les termes de l'entente, la SDA « mandate ses
professionnels pour produire un plan avec modélisation, modèle financier et
propositions de cession/vente ». La ville pourrait donc céder ou vendre ces
terrains à l'organisation montréalaise, sans appel d'offres.
Une décision qui soulève l'inquiétude de Vincent Boutin. «
Ce terrain est la porte d'entrée de notre centre-ville. Il doit être développé
avec et pour les Sherbrookois », affirme-t-il. L'absence de garanties quant à
l'implication d'entreprises locales est, selon lui, un risque majeur.
Le candidat réclame
une implication locale dès le départ
Vincent Boutin estime que laisser la SDA avancer seule
comporte un danger : celui de voir les décisions prises rapidement avec des
partenaires déjà établis dans le réseau montréalais. « Si les joueurs locaux ne
font pas partie de la démarche dès le début, il sera difficile de les intégrer
par la suite. Quand la pâte à dent sort du tube, il est difficile de l'y
remettre ! », Illustre-t-il.
Le candidat à la mairie rappelle que la revalorisation du
centre-ville est un projet de longue haleine, mobilisant depuis des années des
acteurs économiques, culturels et communautaires de Sherbrooke. Pour lui,
l'expertise existe déjà sur place. « Nous sommes capables, à Sherbrooke, de
développer des projets adaptés à notre réalité et à notre vision. Ce n'est pas
qu'une question de fierté, c'est une question de retombées locales et de
vitalité économique et sociale », insiste-t-il.
Un enjeu politique en
toile de fond
Au-delà du projet immobilier, Vincent Boutin interpelle
également le parti au pouvoir, Sherbrooke Citoyen. Il accuse la formation de
défendre publiquement l'achat local et la transparence, tout en agissant à
l'inverse dans ce dossier.
À quelques semaines du déclenchement de la campagne
électorale, le candidat juge que l'entente pourrait servir de levier politique.
« Difficile de ne pas voir, dans cette entente conclue quelques semaines à
peine avant la campagne, une façon de prétendre que les choses bougent au centre-ville
grâce à leur contribution. Or, il s'agit de céder un terrain stratégique à une
société de l'extérieur, sans appel d'offres et sans obligation de travailler
avec nos donneurs d'ouvrage locaux », dénonce-t-il. Un débat qui pourrait
marquer la campagne.
Source : Charles-Philippe Thibault