Nous
sommes plusieurs à nous demander comment il se fait que des manchettes venant
des États-Unis viennent éclipser des manchettes plus locales dans nos médias.
Je
comprends très bien que ce qui concerne les tarifs de Trump influence
directement nos vies de tous les jours. Mais quand le président d'un pays
obtient tout l'espace possible pour baragouiner ses théories tordues quant à
l'utilisation de Tylenol par les femmes enceintes et l'autisme chez les
enfants, il y a un signal d'alarme qui s'active en moi.
Depuis
janvier, la question qui me turlupine et pour laquelle je ne trouve pas de
réponse satisfaisante, c'est : « Mais pourquoi personne ne réagit aux
États-Unis ? »
Finalement,
j'ai ma réponse, je crois bien.
D'abord,
ma question n'est pas la bonne. Elle tient pour acquis que personne ne réagit.
Ce qui n'est pas le cas. Le biais de ma question impose donc un biais à la
réponse.
En
reformulant ma question pour : « Coudonc, est-ce que quelqu'un réagit, aux
États-Unis ? », je change mon biais et je me mets
en mode observation, plus active que passive.
Le
retrait de l'animateur Jimmy Kimmel de sa populaire émission de fin de soirée a
été un déclencheur pour moi. Depuis 2003, il est drôle, caustique et critique
de ce qui se passe autour. Il ne faut jamais diminuer l'importance de ce type
d'intervention. Pas que toutes ses affirmations soient plus vraies que vraies,
mais elles ont le mérite d'égratigner le vernis du politiquement correct bien
emballé par les spécialistes de la communication qui accompagnent les
politiciens.
Il est
où le déclencheur ? Voici. Le retour en ondes de
l'émission, une semaine plus tard, témoigne qu'il y a eu de l'action derrière
la scène. Beaucoup d'action ! On en a vu et entendu un peu,
mais les jeux de coulisses ont dû
être
très
puissants pour défier
ainsi une volonté
implicitement initiée par Trump et son groupe rapproché.
Il a dû
y avoir beaucoup de pressions et de tractations pour ramener Kimmel en ondes si
rapidement.
Cette
mise en action est, pour moi, littéralement de l'espoir.
Et on a
un immense besoin d'espoir, donc d'actions, par les temps qui courent.
Des
mondes parallèles
La clé
de l'énigme est là, de mon point de vue. Il y a deux canaux majeurs de
communication. Ils sont parallèles au sens où ils évoluent séparément et ne se
croisent jamais. Les médias dits traditionnels et les médias qui se réclament
d'une totale liberté d'expression.
Trump et
sa gang ridiculisent les médias traditionnels depuis des années. C'était une
première étape. Ensuite, ils ont eu l'intelligence de s'adjoindre (par toutes
sortes de magouilles économiques) les géants du monde des médias sociaux. On
sait que seul l'argent et le pouvoir comptent pour ces gens. Ils n'ont pas été
difficiles à convaincre.
Ceux-ci
ont donc mis en place des algorithmes puissants qui sont définis pour ramener
le type de nouvelles qui fera plaisir à chaque utilisateur. L'utilisateur est
baigné de nouvelles qui vont toujours dans le même sens, le leur !
Le vieil
adage dit : répétez plusieurs fois que telle personne est une mauvaise personne
et elle deviendra, pour le public, une mauvaise personne.
C'est
pratique, pas besoin de preuve ou de faits !
Donc,
comme vous, peut-être, j'étais dans la même situation par rapport aux médias
sociaux. Je suis contre les tarifs et je m'intéresse aux conneries de Trump.
J'ai donc l'impression qu'il n'y a que ça dans mon univers de nouvelles.
Le
retrait de l'émission de Jimmy Kimmel a fait réagir des centaines de personnes
très en vue (démocrates et républicains, qui plus est). Ils ont eu une
influence solide.
Les
actions qui sont de l'espoir.
C'est un
exemple. Mais il y en a bien d'autres, quand on y pense. Chaque fois que Trump
recule sur un tarif annoncé, c'est que ça brasse derrière. Mais ça brasse dans
un monde qui n'est pas accessible à première vue.
Les
Américains ne font pas tous de l'aplaventrisme. Ils réagissent de plus en plus.
Ils
bâtissent l'espoir.
C'est
mon espoir, en tous les cas !
Clin
d'œil de la semaine
Définition
de liberté d'expression selon Trump :
Exprime-toi selon mes idées
et tu auras la liberté.