Avec l'autorisation de reprendre les tournages, l'industrie du cinéma résume ses activités après de longs mois d'attente et d'angoisse. Même si plusieurs ont utilisé cette période d'accalmie pour développer des scénarios, faire des demandes de subvention, ou développer de nouveaux projets, l'attente fût difficile pour beaucoup de créateurs du 7e art.
La directrice générale du Bureau estrien de l'audiovisuel et du multimédia (BEAM) Véronique Vigneault se réjouit de pouvoir reprendre le travail avec ses collègues, même si les défis sont nombreux. « On accompagne les tournages, donc on doit s'assurer que toutes les normes au niveau santé et sécurité soient respectées. C'est aussi d'équiper les gens sur les plateaux de tournage et de comment on organise les lieux. Surtout pour les productions; si on veut qu'elles viennent ici, il faut leur montrer comment on peut faciliter ces mesures-là », explique Mme Vigneault.
D'autres enjeux sont aussi venus faire obstacle à reprise comme la frilosité des assureurs à accepter de couvrir les tournages dans le contexte actuel d'expliquer la directrice du BEAM : « Les compagnies d'assurance n'acceptaient pas de couvrir avec une clause ‘'COVID'', faisant qu'on ne pouvait pas tourner avec du financement public. Ça veut dire que si mon acteur principal attrape la Covid et décède par exemple, moi je n'ai plus de film, et tout le travail accompli va être perdu. Donc le gouvernement du Québec va soutenir les tournages pour les assurer jusqu'à ce que les assureurs recommencent à le faire. »
Habituellement débutée en début de printemps, la pré-production (découpage du scénario, repérage, préparation technique), vient à peine de prendre son élan. L'incertitude de savoir à quel moment redémarrer les productions et d'établir d'échéanciers à respecter ont été une source de stress, mais surtout un casse-tête bien compliqué à gérer pendant le confinement. « Pendant mars, avril, mai on n'a pas pu visiter de lieux de tournage, ni réserver d'équipe ou faire le choix des acteurs; il y a beaucoup de choses qu'on ne pouvait pas faire. Et le fait que tout reprenne, cela créer un goulot d'étranglement; au lieu que tout se fasse progressivement, tout arrive en même temps » dit Véronique Vigneault.
Le repérage pour trouver différents sites de tournage va bon train, et les projets qui étaient ‘'sur pause'' depuis le printemps sont sur le point d'être relancés. Malgré les nouvelles contraintes et l'incertitude de voir une deuxième vague déferler sur la province, la fébrilité est palpable chez les intervenants du milieu.
L'automne s'annonce donc occupé point de vue tournages en Estrie. Les grands centres urbains étant des points chauds de la pandémie, l'attention des équipes de production s'est tourné vers de plus petites communautés pour la prospection de sites. « Le BEAM a, entre autre, pour mission d'attirer des tournages de l'extérieur; malheureusement ou heureusement, la Covid a un peu aidé ça. L'alternative régionale devient super intéressante dans ce cadre-là. Il y a aussi toute l'idée de prendre nos artistes et créateurs d'ici et les propulser pour qu'ils puissent produire leurs projets et d'être financé. »
Véronique Vigneault insiste également sur le fait que son organisation travaille fort pour que les artistes émergeants obtiennent des fonds afin de réaliser une première œuvre. Cela aide non seulement à faire connaître ces créateurs, mais ça facilite le financement d'autres films par la suite.
Des projets plein la tête et plein les bras pour les prochains mois en tant que directrice générale du BEAM, Véronique Vigneault regarde vers l'avant avec sérénité et optimisme. « Ça sent bon, c'est positif. On travaille comme si tout allait bien aller. On n'a pas d'autres options! Déjà c'est une industrie qui est difficile, où les emplois sont précaires. Au BEAM on a été très actifs pour rester collés à la réalité de nos membres pendant le confinement, pour s'assurer que la suite allait être positive pour tout le monde », conclue-t-elle.