J'ai été un spectateur attentif du débat des quatre
personnes qui souhaitent devenir maires de la Ville de Sherbrooke mardi dernier
sur le site Web de Radio-Canada Estrie. Imaginez un débat des candidats à la
mairie à Radio-Canada tenu à 10 h le matin un jour de semaine. Par le passé,
j'ai souvent utilisé mon clavier pour défendre nos médias régionaux.
Quatre-saisons, TVA, Radio-Canada et La Tribune. Je suis d'avis que la présence
de nombreux médias tant écrits que parlés à Sherbrooke était un avantage de notre
région sur bien des régions au Québec. Vous ne pouvez imaginer ma déception
quand je vois le triste spectacle du désintérêt de nos médias régionaux et tout
particulièrement de Radio-Canada Estrie dans le cadre de la présente campagne
électorale municipale à Sherbrooke. Cette absence d'intérêt de nos médias pour
la campagne électorale à Sherbrooke est une insulte à l'intelligence de la
population sherbrookoise et cela mérite d'être commenté plus avant.
Le monde des médias
s'atrophie
À Sherbrooke, le monde des médias s'est beaucoup atrophié
depuis 25 ans. Ancienne capitale média, aujourd'hui, Sherbrooke voit son
rayonnement médiatique se rétrécir et cela a un impact majeur sur notre vie
démocratique. Récemment, le chroniqueur de La Tribune Michaël Bergeron
s'inquiétait du taux de votation pour les prochaines élections municipales,
mais il a passé sous silence un fait étonnant. Imaginez, Radio-Canada Estrie a
tenu un débat des quatre candidats à la mairie à 10 h le matin, un jour de semaine
et devant un auditoire étudiant à l'Université de Sherbrooke. Le débat était
webdiffusé, mais pas sur les ondes de la télé. Faut pas s'étonner du désintérêt
de la population quand nos médias s'y intéressent si peu.
Depuis les dernières décennies, le paysage médiatique de
Sherbrooke a connu des changements significatifs qui ont profondément affecté
la vie démocratique de la région. Ancienne capitale des médias, Sherbrooke fait
aujourd'hui face à un rétrécissement de son rayonnement médiatique, entraînant
un impact direct sur l'engagement civique, notamment en ce qui concerne la
participation aux élections municipales. Cette chronique vise à explorer les
implications du désintérêt des médias régionaux pour la campagne électorale sur
le taux de participation citoyenne, en analysant le cas spécifique du débat
organisé par Radio-Canada Estrie et les conséquences de l'absence de couverture
médiatique.
Le paysage médiatique
de Sherbrooke : un déclin inquiétant
Au cours des 25 dernières années, la ville de Sherbrooke a
vu le nombre de médias locaux diminuer de façon draconienne. Des journaux aux
stations de radio et de télé, la contraction de l'offre médiatique a conduit à
une représentation limitée des enjeux locaux. Ce phénomène est emblématique
d'une tendance plus large observée dans plusieurs régions du Québec et du
Canada, où de nombreux journalistes et organes de presse sont contraints de
cesser leurs activités. Ce phénomène entraîne des répercussions directes sur la
qualité de l'information disponible pour les citoyens.
Les médias régionaux ont traditionnellement joué un rôle
essentiel en matière de couverture des élections, de débats politiques et
d'engagement communautaire. En couvrant les candidats, leurs programmes et les
enjeux locaux, les médias peuvent sensibiliser les électeurs et stimuler leur
volonté de participer aux processus démocratiques. Cependant, avec l'atrophie
des médias à Sherbrooke, cette fonction de sensibilisation est largement compromise.
Les citoyens sont laissés dans l'ignorance des enjeux locaux, ce qui peut mener
à un désintérêt généralisé vis-à-vis des élections.
Le débat des
candidats à la mairie et son contexte
Récemment, un débat entre les candidats à la mairie de
Sherbrooke a été organisé par Radio-Canada Estrie. Ce débat a eu lieu à 10 h le
matin, un jour de semaine, et était diffusé en direct sur le Web, mais pas sur
les ondes de la télévision. Cette décision a soulevé des interrogations quant à
l'accessibilité et à l'efficacité d'une telle initiative.
Un débat conçu pour un auditoire étudiant, présenté sur une
plateforme Web et à une heure peu propice, soulève des questions sur la
capacité de cet événement à atteindre un vaste public. En effet, la plupart des
citoyens actifs, notamment les travailleurs, n'ont pas la possibilité ou
l'envie de se connecter à un débat à cette heure-là. Les professionnels, les
parents et les personnes âgées, qui représentent une part importante de
l'électorat, sont généralement indisponibles à ce moment de la journée. Cela
limite considérablement la portée du débat et le nombre d'électeurs
potentiellement engagés.
Le lien direct entre la couverture médiatique des élections
et le taux de participation aux scrutins est bien établi. Lorsque les médias
investissent du temps et des ressources pour présenter les candidats et les
enjeux, la population est naturellement plus encline à s'informer et à voter. À
l'inverse, un manque d'information ou une médiocrité de la couverture peuvent
engendrer un désintérêt manifeste pour ces processus démocratiques.
Dans le cas de Sherbrooke, le discours public semble se
polariser autour du taux de participation électorale. Le chroniqueur Michaël
Bergeron a récemment exprimé ses préoccupations quant à l'implication des
citoyens dans les prochaines élections municipales. Cependant, son analyse
semble omettre un facteur crucial : l'impact direct de la couverture médiatique
sur le comportement électoral. Si les médias régionaux ne s'investissent pas
dans des initiatives dynamiques et engageantes, la population se désintéressera
inévitablement des enjeux politiques.
Les conséquences d'un
désintérêt médiatique
Le désintérêt pour les médias ne se limite pas à une simple
question de couverture, il est le reflet d'une crise de confiance plus large
dans les institutions démocratiques. Lorsque les citoyens ne voient pas
d'intérêt à s'impliquer dans le processus électoral, cela peut également
signifier un désenchantement général à l'égard du système politique.
Ce désenchantement entraîne plusieurs conséquences
inquiétantes. Premièrement, il peut mener à une faible représentation
politique. Si seulement une fraction de la population participe aux élections,
les résultats ne reflètent pas nécessairement la volonté générale des citoyens.
Deuxièmement, une absence de représentation équitable peut créer un fossé entre
les pouvoirs publics et les citoyens, nuisant ainsi à la légitimité des
institutions démocratiques.
Solutions et
recommandations
Devant cette situation préoccupante, il est nécessaire de
réfléchir à des solutions pragmatiques pour revitaliser l'engagement civique à
Sherbrooke. D'abord, les pouvoirs publics et les acteurs de la société civile
doivent travailler ensemble pour encourager le soutien aux médias régionaux, que
ce soit par des subventions, des partenariats ou d'autres formes de soutien
institutionnel. Un média local fort est essentiel pour favoriser un
enracinement profond de la démocratie. Il faut aussi que les médias prennent
plus au sérieux leur rôle en matière d'information.
Par exemple, les débats politiques devraient être planifiés
à des horaires qui maximisent l'accessibilité pour le grand public, notamment
en les diffusant sur des plateformes populaires, en dehors des heures de
travail, et en utilisant tous les canaux médiatiques disponibles (télévision,
radio, Web).
Les écoles et les institutions d'enseignement supérieur
peuvent jouer un rôle crucial en sensibilisant les étudiants aux enjeux locaux
et en les encourageant à participer activement aux élections. Des initiatives
telles que des programmes de mentorat ou de stages au sein des institutions
démocratiques peuvent inciter les jeunes à s'engager. Encourager les
initiatives citoyennes et faciliter la discussion entre les élus et les
citoyens peuvent également contribuer à renforcer la connexion entre la société
civile et les structures politiques.
En conclusion, le désintérêt médiatique pour les
élections municipales à Sherbrooke entraîne des répercussions considérables sur
la participation des citoyens dans les processus démocratiques. L'importance
d'une couverture médiatique robuste et engageante ne peut être sous-estimée. Il
est impératif que les acteurs locaux prennent conscience de cette dynamique et
agissent pour revitaliser le paysage médiatique. En agissant ainsi, ils peuvent
contribuer à inverser la tendance de désengagement civique et à renforcer les
fondements mêmes de la démocratie à Sherbrooke. Pour assurer un avenir
politique sain, la Ville doit renouer avec ses racines médiatiques et
encourager une participation électorale active et informée. Il ne faut pas
s'étonner que si l'on sème l'ennui, on récolte l'apathie...