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Que sont devenus les Drs Welby ?

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi 5 novembre 2025

La médecine, quoi que l'on puisse en penser, n'est pas une science. C'est un art dont la pratique est fondée sur la science. Être médecin, c'est l'acte d'humanité le plus grand qui soit. C'est pourquoi nous avons peine à reconnaître notre médecin préféré dans les vociférations syndicales corporatistes véhiculées par les puissantes corporations de médecins, tant des spécialistes que des omnipraticiens. Pouvez-vous m'expliquer comment une dispute sur des enjeux salariaux peut devenir un drame national ? La seule explication, c'est qu'aujourd'hui les médecins occupent la toute première place dans l'estime collective, ayant remplacé dans notre imaginaire les prêtres d'hier. Aujourd'hui, nous sommes loin de la vision naïve de la pratique de la médecine que nous renvoyait la série télévisée américaine Dr. Welby. Pour celles et ceux qui ne savent pas ce que représentait cette série, permettez-moi de vous en résumer l'essentiel.

Série américaine diffusée sur la chaîne ABC de 1969 à 1976. Elle a été diffusée sur les ondes de Radio-Canada à partir de 1971. Le thème principal est le combat d'un médecin contre la déshumanisation de la médecine et contre l'ultraspécialisation. La série a été souvent critiquée par ses contenus controversés tels que l'homosexualité, le viol d'élèves par des enseignants, la pédophilie, le sexisme et la discrimination des femmes. Bref, le vrai bon docteur, c'est le Dr Welby.

Revenons à nos moutons...

Depuis l'adoption récente d'une loi spéciale relative à la rémunération des médecins, le milieu de la santé au Québec fait face à une crise majeure qui s'est traduite notamment par la démission du médecin et ministre Lionel Carmant qui avait maille à partir avec sa femme et sa fille sur cet enjeu. Cette situation, marquée par une crise systémique et un manque d'accessibilité aux soins, soulève des interrogations légitimes sur l'efficacité de nos investissements en santé. Malgré les millions de dollars injectés chaque année à même nos taxes, les listes d'attente pour les interventions chirurgicales demeurent alarmantes. De plus, la transformation de la pratique médicale, éloignée des idéaux du Dr Welby - symbole d'une médecine empathique et humaine - souligne une dégradation des relations entre médecins et société. Il est donc crucial de poser un regard critique sur cette réalité, d'analyser les responsabilités des différents acteurs impliqués et de proposer des solutions viables pour restaurer la confiance et l'efficacité dans notre système de santé.

La crise du Système de Santé

La crise de la santé au Québec n'est pas un phénomène récent. Elle résulte d'une accumulation de problèmes structurels, dont le financement, l'accessibilité et la gestion des ressources humaines. La loi spéciale adoptée par le gouvernement Legault, qui impose des changements sur la rémunération des médecins, a exacerbé des tensions déjà existantes. Les syndicats de médecins dénoncent cette loi qu'ils jugent contraignante et dévalorisante. Ils estiment que de telles mesures ne font qu'aggraver le climat de travail tout en nuisant à la qualité des soins dispensés aux patients.

 

Les patients, de leur côté, expriment un sentiment d'abandon. Ils se sentent souvent en porte-à-faux devant un système qui semble privilégier les normes administratives à la relation humaine. Les longues attentes pour des consultations médicales ou des interventions chirurgicales alimentent un sentiment d'impuissance et de frustration. La promesse d'un accès rapide et de soins de qualité, inscrite dans les valeurs fondamentales de notre système de santé, est désormais remise en question.

La médecine moderne est indéniablement différente de celle d'il y a quelques décennies. L'avancée technologique, l'augmentation des spécialités médicales ainsi que la bureaucratisation du système de santé ont modifié la relation entre médecins et patients. Loin de la figure du médecin omniscient et bienveillant, de nombreux praticiens se trouvent aujourd'hui confrontés à une surcharge de travail, des exigences administratives croissantes et une pression accrue quant à la rentabilité des soins. Cette transformation a impacté non seulement la perception des médecins par la société, mais également leur capacité à écouter et à prendre en compte les attentes des patients.

La déshumanisation des soins, souvent critiquée, peut en partie être attribuée à cette évolution. Le lien empathique, essentiel dans la relation soignant soigné, s'estompe au profit d'un rapport plus clinique et transactionnel. Pour redresser cette tendance, il est impératif de réinscrire l'humain au cœur de la pratique médicale.

Nos attentes par rapport aux divers acteurs

Le gouvernement, en tant qu'entité responsable de la santé publique, a le devoir d'établir des politiques qui favorisent non seulement la viabilité économique du système de santé, mais également le bien-être des patients et des professionnels de santé. La loi spéciale, bien qu'ayant pour but de réformer le mode de rémunération, démontre une approche davantage punitive que collaborative. Au lieu de favoriser un dialogue constructif avec les syndicats, le gouvernement semble privilégier une relation de force, ce qui ne peut mener qu'à une détérioration des relations de confiance. Il doit aussi s'assurer de fournir tous les outils nécessaires aux médecins pour qu'ils puissent accomplir leur mission dans le réseau.

Les syndicats de médecins, quant à eux, doivent également se repositionner. Leur rôle est de défendre les intérêts de leurs membres, mais il est tout aussi crucial de tenir compte des attentes et des besoins des patients. Se retrouver dans une situation où les médecins sont perçus comme des « otages » d'un système au bord du gouffre ne peut que renforcer la fracture sociale. La résistance au changement, souvent motivée par des préoccupations légitimes, doit être accompagnée d'une volonté de dialogue et de compromis. S'il est vrai que la rhétorique du gouvernement à l'égard des médecins sur leur éthique de travail est peu appropriée, il n'est pas moins vrai que l'on n'a pas senti dans le discours des syndicats de médecins leur empathie pour les patients contribuables privés de médecins ou qui voient leurs interventions chirurgicales reportées. J'aurais aimé les voir manifester dans les rues pour le bien des patients plutôt que pour leurs intérêts personnels.

La bonne foi et le dialogue, unique porte de secours

Pour s'en sortir et pour que la société québécoise puisse retrouver un système de santé à la hauteur des sommes importantes qu'elle y investit, la toute première solution passe par la mise en place d'un dialogue constructif entre le gouvernement, les syndicats, les professionnels de la santé et les représentants des patients. Des forums réguliers pourraient être instaurés pour permettre l'échange d'idées et de préoccupations en vue de coconstruire des solutions adaptées aux réalités du terrain. Ce processus favoriserait non seulement une meilleure compréhension des enjeux, briserait le monopole du dialogue gouvernement-syndicat de médecins sur nos vies et inciterait également à faire émerger des propositions innovantes.

Plutôt que d'adopter une approche unidimensionnelle, le gouvernement pourrait envisager un système de rémunération qui valorise véritablement l'empathie et la qualité des soins. Des incitations financières pourraient être intégrées pour récompenser les médecins dont le travail est varié et axé sur le patient. Des modèles de rémunération basés sur des indicateurs de qualité et de satisfaction des patients pourraient favoriser une médecine plus respectueuse des attentes de la population. Il serait aussi important de déléguer aux organismes régionaux de Santé Québec l'arbitrage de ces différends en créant des solutions sur mesure pour chaque milieu.

Évidemment, l'un des défis primordiaux est celui de l'accessibilité. Une réévaluation du financement alloué à la santé est indispensable. Cela pourrait passer par l'augmentation des budgets alloués aux soins de santé dans le but de réduire les listes d'attente, d'embaucher plus de personnel et d'améliorer les infrastructures. Le gouvernement doit également envisager des alternatives, comme le développement de cliniques de soins palliatifs ou de centres de santé communautaire, qui permettraient de désengorger les hôpitaux et d'offrir des soins de proximité.

Une attention particulière doit être portée à la médecine de famille, qui joue un rôle central dans la continuité des soins. Promouvoir la prévention et la santé communautaire permettra non seulement de désengorger les systèmes de santé, mais aussi d'améliorer les résultats globaux en santé. Des programmes de sensibilisation et d'éducation à la santé devraient être mis en place, afin d'informer la population sur l'importance de la prévention.

Humaniser les soins et le système de santé québécois

En fait, la résolution de cette crise et la remise à niveau de notre système de santé passent par l'humanisation des soins et de notre système de santé. Il faut aider les médecins à retrouver l'essence de leur mission qui est d'abord et avant tout une pratique de grande humanité fondée sur la science et les technologies trop nombreuses parfois.

La crise actuelle du système de santé québécois est le reflet d'un déséquilibre profond entre les attentes des citoyens, les exigences des professionnels de santé et les impératifs du gouvernement. Si la loi spéciale a révélé des tensions sous-jacentes, elle ouvre également la voie à une nécessaire réflexion sur l'avenir du système de santé. Par le biais d'un dialogue constructif, de réformes structurelles et d'une réinjection d'empathie dans la pratique médicale, il est possible de reconstruire un système de santé qui non seulement répond aux défis contemporains, mais qui est également en phase avec les valeurs humaines essentielles. Seule une approche collaborative et respectueuse des besoins de tous les acteurs impliqués pourra permettre de restaurer la confiance et d'assurer les soins de qualité auxquels chaque patient a droit. C'est à partir d'efforts de cette nature que nous pourrons savoir ce que sont devenus les Drs Welby ? 

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