Société Arts & culture Sports Chroniqueurs Concours Annonces Classées

  CHRONIQUEURS / L'Agora

Mathieu Bock-Côté : le Don Quichotte de l’Indépendance…

 Imprimer   Envoyer 
Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi 26 novembre 2025

Je lis régulièrement le sociologue, le chroniqueur et l'essayiste Mathieu Bock-Côté. Sociologue de formation, il représente pour moi l'exemple le plus achevé, ce que j'abhorre le plus en matière de discours politique nationaliste. Pour moi, MBC comme il aime se faire appeler, est une sorte de chevalier de l'indépendance qui se permet toutes les outrances pour convaincre son auditoire. Maniant les mots et les concepts avec brio, Mathieu Bock-Côté n'hésite jamais à pourfendre les fédéralistes et la gauche les accusant de tous les maux. Il est particulièrement allergique aux wokismes. Il ne faut donc pas s'étonner de sa prestation à TLMP où il a eu le champ libre pour nous livrer ses inepties.

Le nouvel essai de Bock Côté : Les deux occidents

Dans Les Deux Occidents, Mathieu Bock-Côté propose une exploration incisive des réalités culturelles et politiques qui définissent l'Occident contemporain. L'essai se structure autour de l'idée qu'il existe deux conceptions de l'Occident : la première, fondée sur des valeurs traditionnelles, l'identité nationale et la cohésion sociale, la seconde, qui promeut une vision progressiste, multiculturaliste et souvent individualiste.

Bock-Côté entame son argumentation en retraçant l'histoire des idéaux européens et nord-américains, soulignant comment les principes fondateurs de liberté, d'égalité et de fraternité ont évolué au fil des siècles. Il met en avant l'impact des mouvements sociaux et des changements démographiques qui ont façonné ces deux visions opposées de l'Occident.

L'auteur examine ensuite les tensions qui émergent de ce phénomène, notamment par le prisme des politiques d'immigration, des débats sur l'identité nationale et des mouvements identitaires. Selon lui, la montée de l'individualisme et du multiculturalisme menace de fragmenter les sociétés occidentales, érodant les valeurs communes qui ont historiquement uni les peuples.

Bock-Côté propose que, devant ces défis, un retour à une conception plus intégratrice de l'Occident est nécessaire ainsi qu'une reconquête des fondations culturelles qui ont permis à ces sociétés de prospérer. Il appelle ainsi à un réexamen des valeurs et des traditions qui ont façonné l'identité occidentale, tout en plaidant pour une intégration des nouveaux arrivants dans un cadre respectueux des coutumes et de l'histoire des pays d'accueil.

L'essai de Mathieu Bock-Côté est richissime en idées et en réflexion, mais il n'est pas exempt de critiques. D'un côté, il réussit à mettre en lumière des enjeux sociopolitiques d'actualité, en exprimant une inquiétude légitime devant la fragmentation des sociétés occidentales. Son analyse des impacts des politiques multiculturelles sur la cohésion sociale mérite d'être discutée, et son appel à une redéfinition de l'identité occidentale suscite un débat nécessaire dans un contexte marqué par des tensions identitaires croissantes.

Cependant, certains aspects de son argumentation peuvent être jugés réducteurs. Par exemple, Bock-Côté semble parfois établir une dichotomie trop nette entre deux Occidents, ignorant les nuances qui existent au sein de chaque vision. Cette tendance à simplifier des positions complexes en deux catégories peut mener à une polarisation du débat, ce qui ne rend pas justice à la réalité vécue par les citoyens au quotidien.

 

De plus, l'auteur peut donner l'impression de se positionner principalement du côté d'une vision conservatrice, ce qui peut affecter la manière dont son argumentation est perçue. Certains pourraient y voir une nostalgie pour un passé idéalisé, là où les tensions raciales, sociales et culturelles étaient tout aussi présentes, mais moins mises en avant dans le débat public.

Enfin, la manière dont Bock-Côté aborde le multiculturalisme peut sembler parfois trop critique. Il faut reconnaître que la diversité culturelle, lorsqu'elle est bien intégrée, peut enrichir une société et contribuer à sa vitalité plutôt que de la fragmenter. L'idée d'un retour à une identité nationale forte est séduisante, mais elle doit également reconnaître la réalité des sociétés plurielles et les bénéfices qu'elles peuvent en apporter.

En somme, Les Deux Occidents de Mathieu Bock-Côté est un essai stimulant qui pose des questions essentielles sur l'identité et les valeurs des sociétés occidentales contemporaines. Bien qu'il mette en lumière des enjeux importants, il manque parfois de nuances dans son traitement des idées qu'il présente. Ce texte tombé dans des généralisations simplistes est un texte représentatif d'un discours illibéral et nationaliste.

La rhétorique nationaliste de MBC

Dans le paysage politique et social contemporain, la montée des discours nationalistes et illibéraux soulève de nombreuses questions quant aux implications de ces narrations sur la démocratie, l'identité nationale et les relations interethniques. Parmi les figures de proue de ce mouvement en France et au Canada francophone, Mathieu Bock-Côté se distingue par une rhétorique qui alimente l'ascension d'une pensée nationaliste et illibérale.

Le nationalisme peut être défini comme un mouvement idéologique visant à la promotion des intérêts d'une nation, souvent en s'appuyant sur des éléments tels que la culture, l'histoire et la langue.

Le nationalisme moderne tend à se radicaliser, se nourrissant des peurs contemporaines, telles que la mondialisation et l'immigration. Bock-Côté, dans ses discours et ses écrits, incarne cette tendance en prônant une vision d'une identité nationale homogène et excluante. Bock-Côté évoque souvent la nécessité de préserver une « identité nationale » devant ce qu'il perçoit comme une menace d'hybridation culturelle. Il utilise fréquemment des exemples de l'immigration pour souligner la peur d'un déclin culturel, blâmant souvent les politiques multiculturelles qu'il juge incapables de maintenir la cohésion sociale. Sa vision se transforme souvent en une critique acerbe des mouvements sociaux contemporains, notamment ceux qui plaident pour l'égalité raciale et l'inclusion. En ce sens, il se positionne comme un défenseur de valeurs qu'il estime menacées par l'activisme progressiste. Il donne allégrement dans l'illibéralisme. Dans des chroniques antérieures, j'ai eu l'occasion de discuter ce concept. Rappelons-en l'essentiel : l'illibéralisme se manifeste par une érosion des valeurs libérales fondamentales, telles que la séparation des pouvoirs, la liberté d'expression et les droits de l'homme. Il inclut une méfiance envers les institutions démocratiques et une tendance à restreindre les libertés au nom d'une prétendue volonté populaire.

La rhétorique de Bock-Côté se nourrit d'idées illibérales, car elle revendique une forme de démocratie qui exclut ceux qui ne partagent pas sa vision d'une nation « pure ». Bock-Côté utilise une stratégie de manipulation pour influer sur l'opinion publique, en faisant appel à des sentiments nationalistes qui justifient les atteintes à la liberté d'expression et à la diversité d'opinion. Il va même jusqu'à utiliser l'approche du racisme inversé « pro blanc ». Le terme « racisme inversé » désigne l'idée que les personnes blanches subissent une forme de discrimination du fait de leur race. Bock-Côté est souvent critiqué pour son insistance sur ce concept, qu'il utilise pour minimiser les luttes des minorités.

L'illusion de « racisme inversé » s'inscrit dans un discours qui ignore les mécanismes de privilège. Bock-Côté remet en question l'idée que les blancs puissent bénéficier d'un traitement favorable dans la société, insinuant que les politiques d'égalité constituent une forme d'injustice. Dans ses discours, Bock-Côté met en avant la prétendue victimisation des blancs, créant ainsi un faux récit qui justifie une défense agressive des intérêts « blancs ». Dans ses mots, pourquoi refuse-t-on aux Québécois français blancs le droit de dire la discrimination qu'ils vivent au sein du goulag canadien ? Ce type de rhétorique peut exacerber les tensions raciales et rendre plus difficile le dialogue entre les communautés. En posant les blancs en victimes, il détourne l'attention des injustices subies par les minorités raciales.

La rhétorique nationaliste et illibérale favorisée par Bock-Côté contribue à une polarisation accrue de la société, où les délibérations politiques sont souvent perçues comme des batailles culturelles. La lutte pour l'identité nationale, telle que décrite par Bock-Côté, envenime le débat public, fragmentant davantage le tissu social et diminuant la capacité à atteindre un consensus. L'urgence de préserver une identité nationale homogène peut conduire à des politiques qui sapent les fondements mêmes d'une démocratie libérale, y compris la diversité des opinions et l'inclusion.

Enfin, la rhétorique de Bock-Côté s'inscrit dans un contexte plus large de montée du populisme, où des discours simplistes parviennent à séduire des électorats en désarroi au détriment du débat rationnel et éclairé.

Se méfier de Don Quichotte

On se rappelle que Don Quichotte, un chef-d'œuvre de la littérature, raconte l'histoire du gentilhomme Hidalgo de la Manche qui avait choisi le nom de Don Quichotte pour vivre une vie de chevalier errant afin de parcourir le monde pour défendre la veuve et l'orphelin et pour purger la terre de tous les monstres qui l'infestent. La rhétorique nationaliste de Mathieu Bock-Côté en fait un chevalier sans peur et sans reproche qui s'inscrit dans un cadre plus large d'illibéralisme et de tensions raciales croissantes. Son discours, qui valorise une vision d'une identité nationale pure et qui ignore les luttes des minorités, non seulement fracture le débat public, mais menace également les principes démocratiques fondamentaux. En alimentant une idéologie de « racisme inversé » qui promeut une inégalité déguisée en défense des intérêts blancs, Bock-Côté contribue à aggraver les divisions sociales au Québec. Il veut défendre le pauvre blanc québécois français pour purger la terre du libéralisme et du fédéralisme. Il est donc le Don Quichotte de l'indépendance...


  A LIRE AUSSI ...

Que sont devenus les Drs Welby ?

Mercredi 5 novembre 2025
Que sont devenus les Drs Welby ?
La grande rassembleuse…

Mercredi 12 novembre 2025
La grande rassembleuse…
Gouverner par sondages…

Mercredi 29 octobre 2025
Gouverner par sondages…
NOS RECOMMANDATIONS
Café de réparation à Sherbrooke : réparons plutôt que de jeter

Mardi 18 novembre 2025
Café de réparation à Sherbrooke : réparons plutôt que de jeter
La SPA de l’Estrie lance sa campagne de financement 2025

Mercredi 19 novembre 2025
La SPA de l’Estrie lance sa campagne de financement 2025
Dépistage 2025 : une clinique de masse pour encourager la prévention des ITSS en Estrie

Mardi 18 novembre 2025
Dépistage 2025 : une clinique de masse pour encourager la prévention des ITSS en Estrie
PLUS... | CONSULTEZ LA SECTION COMPLÈTE...

 
Daniel Nadeau
Mercredi, 26 novembre 2025
Mathieu Bock-Côté : le Don Quichotte de l’Indépendance…

François Fouquet
Lundi, 24 novembre 2025
À la recherche de l’équilibre perdu (3e de 3)

Chat GPT, Le sommelier du journal Estrieplus
Vendredi, 21 novembre 2025
Le Sibaris Pinot Noir Gran Reserva 2024

Intelligence Arti-ficelles : Priscillia Quirion propose un album profondément vrai Par Martin Bossé Jeudi, 20 novembre 2025
Intelligence Arti-ficelles : Priscillia Quirion propose un album profondément vrai
La Campagne de Poinsettias d’Aube-Lumière débute Par Martin Bossé Mercredi, 19 novembre 2025
La Campagne de Poinsettias d’Aube-Lumière débute
Un double honneur qui confirme l’excellence et l’impact de la recherche à l’UdeS Par Martin Bossé Vendredi, 21 novembre 2025
Un double honneur qui confirme l’excellence et l’impact de la recherche à l’UdeS
La SPA de l’Estrie lance sa campagne de financement 2025 Par Martin Bossé Mercredi, 19 novembre 2025
La SPA de l’Estrie lance sa campagne de financement 2025
Marriott choisit Sherbrooke : un premier Hôtel StudioRes voit le jour au Canada Par Martin Bossé Mardi, 18 novembre 2025
Marriott choisit Sherbrooke : un premier Hôtel StudioRes voit le jour au Canada
Un marathon sur glace pour la communauté : les 24 heures de hockey Desjardins arrivent à Sherbrooke Par Martin Bossé Vendredi, 21 novembre 2025
Un marathon sur glace pour la communauté : les 24 heures de hockey Desjardins arrivent à Sherbrooke
ACHETEZ EstriePlus.com
bannières | concours | répertoire web | publireportage | texte de référencement | site web | vidéos | chroniqueur vedette
2025 © EstriePlus.com, tous droits réservés | Contactez-nous