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Paroles, Paroles, Paroles…

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi 21 mai 2025

La parole politique est un peu comme les valeurs boursières : au cœur de la crise des tarifs avec les États-Unis d'Amérique, elle est en baisse de valeur. Cela est d'autant plus vrai à l'issue de la dernière campagne électorale fédérale. Les libéraux de Mark Carney ont mené une campagne peinarde qui voguait allègrement sur la peur de Trump. Mark Carney a offert le service minimum et cela l'a bien servi par l'élection d'une minorité à la Chambre des communes. Faut-il pour autant l'en féliciter ?

Une campagne terne et sans grandes idées

La dernière campagne électorale fédérale a donné lieu à peu de vrais débats. Bien entendu, le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, a joué son rôle de repoussoir en s'ancrant bien à droite avec des idées qui avaient un effet d'épouvantail pour de nombreux Canadiens. Ces idées de lutte contre la criminalité avec des peines renforcées ou cette autre idée d'abolir CBC Radio-Canada ont fait la démonstration de l'inaptitude du chef conservateur Poilievre à rassembler au centre droit de l'échiquier politique. D'ailleurs, le premier ministre élu actuel, Mark Carney, a tôt fait d'occuper l'espace du centre droit sur l'échiquier politique canadien. Pour parvenir à ses fins, il n'a pas hésité à s'approprier les idées de Poilievre sur la baisse d'impôt, sur l'énergie et le pétrole ainsi que sur les propos rassembleurs quant à l'Ouest canadien. Bon, mais Carney a été élu. L'électorat a donné raison à sa stratégie. Il l'a été en rupture totale avec les politiques de centre gauche de son prédécesseur Justin Trudeau. C'est le jeu politique. Comme le dit un vieil ami, je n'ai qu'une parole, mais quand j'en ai besoin, je la reprends. Du Carney tout craché...

Un nouveau conseil des ministres confirme le virage à droite des libéraux

Si besoin en est, la formation du conseil des ministres par le premier ministre Carney a fait la démonstration de son intention de faire un véritable virage au centre-droit. Les gens plus à gauche de son parti, comme l'ex-candidate à la chefferie Karina Gould ou l'ami de Justin Trudeau Mark Miller ont été exclus du conseil des ministres. Monsieur Carney a plutôt choisi de faire accéder à son cabinet des personnalités plus à droite, comme son ex-conseiller à la Banque du Canada, Tim Hodgson à qui il a confié le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles. Bien entendu, il a reconduit les ténors québécois du gouvernement Trudeau comme François-Philippe Champagne et Mélanie Joly. Il a aussi choisi de confirmer le caractère centralisateur du gouvernement en nommant Marjorie Michel à la Santé du Canada. Bref, des nominations à l'avenant sont conformes à la volonté de recentrer le gouvernement vers le centre droit tout en assurant une continuité du pouvoir en conservant à ses côtés de nombreux ténors du gouvernement Trudeau. Note en bas de page : dans ce remaniement, les Cantons de l'Est n'ont plus de représentant au conseil des ministres. Nous sommes passés de deux représentantes, Elizabeth Brière (avant Marie-Claude Bibeau) et Pascale St-Onge à zéro. Ce n'est pas un scandale à l'échelle canadienne, mais c'est tout de même une perte notable pour la grande région des Cantons de l'Est. Dans la mesure où l'on prête foi à l'idée qu'une région est mieux représentée lorsqu'elle est assise à la table du conseil des ministres. Idée décriée par le Bloc québécois.

À quoi devons-nous nous attendre du gouvernement Carney ?

Toute la campagne a eu comme question de l'urne : qui sera le mieux outillé pour négocier avec Donald Trump. À ce jeu à somme nulle, Mark Carney a gagné la mise. Sa rencontre à Washington avec le président américain Donald Trump a confirmé l'impression qu'il aura de meilleures relations avec les États-Unis que son prédécesseur Justin Trudeau qui était détesté par Trump et ses amis. Mais avoir de meilleures relations signifie-t-il que nous aurons des gains réels dans la guerre des tarifs entre nos deux pays ? Rien n'est moins sûr. Nous sommes dans une situation où notre premier ministre peut aller à la Maison-Blanche et être reçu convenablement, mais cela ne change rien au fond des choses des relations détériorées avec notre puissant voisin. Ça nous fait une belle jambe.

 

Par ailleurs, le gouvernement Carney nous promet, surtout à la population de l'ouest du Canada, que les choses vont changer et que le Canada sera de retour dans la grande course pour tuer la planète en exploitant au maximum les ressources du carbone qui multiplient les conséquences désastreuses sur nos milieux de vie. Les changements climatiques et leurs conséquences ne disparaîtront pas malgré la volonté du premier ministre Carney d'amadouer les volontés sécessionnistes de l'Ouest canadien. Les menaces à l'unité canadienne sont importantes, j'en conviens, mais les menaces qui pèsent sur l'avenir de la planète sont plus déterminantes à mes yeux. Carney pourrait s'approprier une phrase célèbre de son prédécesseur en voulant parler de l'exploitation pétrolière plutôt que des relations internationales : Canada is back...

Un avenir sombre attend le Canada...

Je ne peux qu'être profondément pessimiste quant à l'avenir du Canada sous Carney. Sur le plan de la lutte aux changements climatiques, le Canada va suivre l'exemple américain et désinvestir dans la lutte aux changements climatiques. Le Canada sera de retour comme une puissance pétrolière et il contribuera largement à la mort de notre planète. Je comprends difficilement que Steven Guilbault, jadis grand-prêtre de la cause environnementale, prête son concours à un gouvernement qui fait marche arrière sur la cause la plus importante de notre siècle parce qu'elle remet en question l'existence humaine sur la planète Terre.

Sur le plan constitutionnel, le Québec n'a pas beaucoup à s'attendre du gouvernement Carney qui semble s'inscrire dans les mêmes sentiers centralisateurs que tous les gouvernements canadiens. Sur le plan financier, les menaces existentielles que fait peser sur nous la guerre des tarifs du gouvernement Trump auront des effets dévastateurs sur l'économie canadienne. Les négociations à venir pourront à nouveau s'attaquer notamment à la gestion de l'offre en matière agricole. Sur le plan de la défense des frontières, les investissements que nous promet le gouvernement Carney en Arctique ne seront pas suffisants pour endiguer les menaces russes, américaines et chinoises sur notre territoire. La faiblesse des investissements passés du gouvernement du Canada en matière de défense nous rattrape et aujourd'hui nous en subissons les conséquences. Bref, les avenues qu'offre le nouveau gouvernement Carney pour notre avenir n'ont rien pour nous rassurer.

La seule chose qui semble se concrétiser et cela élection après élection, c'est que les politiciennes et les politiciens n'ont pas grand-chose à nous offrir pour envisager un avenir moins sombre. Tout ce qu'ils nous disent pour nous rassurer ou nous stimuler ne fait pas le poids devant l'inaction crasse ambiante qui caractérise bien souvent nos gouvernements. En refusant pour des considérations de marketing politique d'aborder les vrais débats, on nous enfonce dans une espèce de réalité parallèle sans commune mesure avec la réalité. En fait, ce que nous offre la classe politique me rappelle une ritournelle de la grande interprète Dalida : paroles, paroles, paroles... 

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