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Papalis multicultarismus

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi 3 août 2022
Temps de lecture: 6 minute(s)

La visite du pape François au Canada la semaine dernière a été le point de mire des médias, des commentateurs et des chroniqueurs. L'aubaine imaginez, un événement à couvrir en pleine canicule. Du vrai bonbon pour les médias. De quoi nous faire oublier l'essentiel. Le pape François est venu chez nous pour faire pénitence, selon ses propres mots, pour exprimer ses regrets et sa honte du comportement de membres de son église envers les peuples autochtones. Et non pas de son Église. Le pape François a-t-il vraiment réussi son pari de pèlerinage pénitentiel La réponse à cette question n'appartient qu'à ceux et celles visés et victimes des exactions de l'Église et de ses représentants, soit les membres des communautés autochtones. Néanmoins, les autres aussi nous avons à nous faire une opinion. Enjeux et actualités d'une visite du pape au Canada?  

 

Génocide autochtone et allochtone

La commission-vérité et réconciliation, mise en place par le gouvernement du Canada, a conclu à un génocide pour décrire les actions du gouvernement du Canada envers les peuples autochtones. Terme repris par le pape François à son retour à Rome. Un génocide culturel ce n'est pas rien dans l'histoire d'un pays.

Ce pays, le Canada , est notre pays. Ce qui fait que nous sommes nous aussi, les allochtones, concernés par cette question. Nous vivons dans un pays, issu du colonialisme français et anglais, qui a mis en place une politique génocidaire envers  les peuples autochtones. D'ailleurs, le pouvoir colonial avait les mêmes politiques envers tous les peuples différents du leur même si l'intensité et la gravité des politiques mises en place étaient différentes. Nous n'avons qu'à rappeler la déportation du peuple acadien et des politiques discriminatoires envers les Canadiens français  sans rappeler la répression des patriotes au lendemain des troubles de 1837-1838 dans les territoires coloniaux du Bas-Canada et du Haut-Canada. La Rébellion canadienne de 1837-1838 mérite d'être mieux comprise pour comprendre la nature du colonialisme. L'historien Yvan Lamonde, dans un exposé clair et pédagogique, vient d'en faire  le récit dans un livre éclairant que tous et toutes devraient lire.( Yvan Lamonde, Les Colonies du Haut et du Bas-Canada avant et à l'époque des rébellions, Québec, Presses de l'Université Laval, 2022, 252 p,) Dans ce livre inspirant, Lamonde nous fait voir que le Bas-Canada et le Haut-Canada amorcent leur coexistence avec un écart démographique important et une culture politique relativement différente, mais sous une structure de gouvernement colonial identique . Yvan Lamonde compare ces nations qui évoluent côte à côte dès 1791, dans un contexte politique déjà tendu, où se dessinent les rébellions qui auront lieu en 1837 et 1838.C'est édifiant et nous comprenons très bien ce qu'est la nature du pouvoir colonial. C'est ce même pouvoir colonial dans une essence similaire qui a mis en place des politiques génocidaires envers les peuples et nations autochtones. Cet esprit colonial est toujours présent aujourd'hui dans notre vie politique même s'il se présente sous des habits différents.

 

Le pape et la politique

 

Il est de bon aloi de croire à la fable que le voyage du Saint-Père au Canada était un pèlerinage pénitentiel. Si l'on se réfère au vocabulaire de l'Église catholique, on doit comprendre que l'expression faire pénitence signifie : « Acte qui consiste dans L'Église catholique à reconnaître ses fautes au cours de la confession et accepter la punition choisie par le pécheur ou à effectuer celle prononcée par le prêtre dans une optique d'expiation des péchés ». Si on peut voir dans la visite du pape François des traces éloquentes de reconnaissance des fautes de chrétiens membres de l'Église qui ont mal agi, une version de la pomme pourrie dans le sac, on ne retrouve aucune allusion claire à la faute de l'église comme institution d'avoir été complice des politiques génocidaires du pouvoir colonial. La même complicité de la même Église avec le même pouvoir colonial anglais qui a réprimé sauvagement les Canadiens français lors de la rébellion de 1837. À ce sujet, aucune admission claire de la part du pape. Certes, il faut y voir un souci de ne pas donner prise à de lourdes poursuites civiles contre l'Église qui se traduiront selon toute vraisemblance, en vertu de la jurisprudence de notre époque, à des millions et des millions de dollars d'indemnités à verser. Entre la vertu et l'éthique morales, L'Église sans surprise a choisi la voie politique comme elle le fait toujours dans des moments stratégiques mettant en cause son organisation.

Faisant fi de ses grandes vertus morales, l'Église catholique ne faillit pas seulement envers les peuples autochtones, mais aussi envers ses propres ouailles qui même si elles  sont en moins grand nombre aujourd'hui qu'hier n'en mérite pas moins plus de respect et de considération que ceux qu'on lui accorde en ce moment. Le pape François, outre son pèlerinage pénitentiel, s'est efforcé à faire une vaste opération de relations publiques afin de réhabiliter l'image de l'Église fortement entachée chez nous non seulement en se faisant complice du génocide culturel des peuples autochtones, mais aussi par sa complicité crasse avec le pouvoir colonial ainsi que par son mutisme envers les exactions ses membres qui ont commis des milliers d'agressions sexuelles envers les enfants au cours du 19e et 20e siècle. Ce n'est pas demain que l'image de cette institution sera réhabilitée pour qui est minimalement informée.

La preuve du lien  actuel avec le pouvoir colonial

Si l'on souhaitait avoir une preuve de la complicité actuelle de l'Église du pape François avec le pouvoir colonial et ses suites, nous n'avons qu'à nous référer à son discours lénifiant sur la feuille d'érable et le multiculturalisme canadien. Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, devait  trépigner d'aise à entendre le pape François se livrer à l'éloge du multiculturalisme alors qu'il était ici pour faire un pèlerinage pénitentiel à l'endroit des victimes des pensionnats  parmi les peuples autochtones. Le pape François a été mal informé sur la nature du multiculturalisme au Canada. Cette politique  adoptée en 1971 pour contrer le nationalisme québécois dans la foulée de la Commission Laurendeau-Dunton et institutionnalisée avec le rapatriement unilatéral de la constitution canadienne en 1981 est le fer de lance des restes du pouvoir colonial au Canada. Le pape François en faisant l'éloge de cette politique à prouver que les repentirs de l'Église envers les peuples autochtones que je peux croire  sincères, ne sont pas élargis à la cause du mal soit à la complicité de son Église avec le  pouvoir colonial et ses artefacts contemporains.

En fait, le pape François pour la réussite de l'opération de relations publiques de son Église mise d'abord et avant tout sur l'analphabétisme  des citoyens. La pire manifestation de notre ignorance collective selon le dramaturge allemand  Berthold Bretch. Citons ce grand homme de théâtre « Le pire des analphabètes, c'est l'analphabète politique.Il n'écoute pas, ne parle pas, ne participe pas aux événements politiques. Il ne sait pas que le coût de la vie, le prix des haricots et du poisson, le prix de la farine, le loyer, le prix des souliers et des médicaments dépendent des décisions politiques .L'analphabète politique est si bête qu'il s'enorgueillit et gonfle la poitrine pour dire qu'il déteste la politique. Il ne sait pas, l'imbécile, que c'est son ignorance politique qui produit la prostituée, l'enfant de la rue, le voleur, le pire de tous les bandits et surtout le politicien malhonnête, menteur et corrompu, qui lèche les pieds des entreprises nationales et multinationales. » 

Aujourd'hui avec Berthold Bretch, je partage non indignation envers tous ces analphabètes qui rendent possible et crédible un discours de promotion du pape François sur les bienfaits du multiculturalisme canadien. Je dénonce le multiculturalisme papal (« Papalis multicultarismus ») de François ....


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