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Amnésie collective

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi 16 juillet 2025

Nous venons à peine de franchir la date butoir du 1er juillet, moment où au Québec, les gens déménagent. Il est vrai que de nos jours, on déménage moins qu'à une autre époque, car le Québec vit une grave crise du logement. Cela ravive chaque année le débat sur la crise du logement. Alors que le gouvernement Legault semble minorer l'ampleur de cette crise, il est essentiel de reconnaître que le logement doit être perçu non pas comme un simple bien de consommation, mais comme un droit fondamental. La crise du logement, caractérisée par une offre insuffisante et des prix prohibitifs, nécessite une réponse axée sur des solutions innovantes et durables. Pour y faire face, il devient impératif de sortir un pourcentage croissant de logements du marché libre par le biais d'initiatives gouvernementales et de coopératives d'habitation.

Contexte de la crise du logement au Québec

Dans les dernières années, le Québec a connu une flambée des prix immobiliers, exacerbée par une demande croissante et une offre stagnante. Les raisons derrière cette situation sont multiples : l'augmentation démographique, l'arrivée de nouveaux résidents, ainsi que des investissements étrangers dans le marché immobilier. Ce phénomène a particulièrement frappé les grandes villes comme Montréal, où le prix des loyers a considérablement augmenté. Cela a poussé de nombreux ménages à consacrer une part disproportionnée de leurs revenus au logement, exacerbant ainsi les inégalités sociales. Même une ville comme Sherbrooke n'est pas épargnée par la crise du logement.

La crise du logement a des répercussions directes sur la qualité de vie des citoyens. De plus en plus de familles se retrouvent dans des situations précaires, vivant dans des logements insalubres ou devant recourir à des solutions temporaires telles que la colocation. Les ménages à faible revenu sont particulièrement touchés, se retrouvant souvent à la merci des propriétaires qui exploitent cette situation pour augmenter les loyers de manière exponentielle. Cette dynamique crée un cycle vicieux d'appauvrissement et de marginalisation sociale, sape les fondements de la cohésion communautaire, rendant ainsi nécessaire une réévaluation urgente des politiques en matière de logement.

Le logement est un droit, pas un bien

Le droit au logement est reconnu par plusieurs conventions internationales, dont le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Au Québec, la Déclaration des droits de la personne et du citoyen stipule également que « toute personne a droit à la sécurité dans sa relation à sa demeure. » Reconnaître le logement comme un droit implique une responsabilité collective, où le gouvernement doit jouer un rôle prépondérant dans l'assurance d'un accès équitable et abordable pour tous.

Malgré les arguments en faveur d'une économie de marché libre, il est devenu évident que cette logique a ses limites, surtout en matière de logement. La priorité à la maximisation des profits a conduit à une spéculation accrue où de nombreuses personnes se retrouvent laissées pour compte. Les entreprises privées, motivées par le profit, ne répondent pas toujours aux besoins fondamentaux des citoyens. À l'inverse, des initiatives étatiques et des modèles de coopératives d'habitation peuvent garantir que le logement répond aux besoins des travailleurs, des familles et des personnes héroïques devant faire face à la précarité.

Devant cette crise qui continue de sévir et qui s'étend aujourd'hui à toutes les régions du Québec. Il est plus que temps que nous passions collectivement à l'action. Je suis tout à fait favorable aux droits des propriétaires, mais aujourd'hui nous devons nous rendre à l'évidence que nous ne pouvons plus nous laisser aveugler par le dieu marché et venir en aide à une population qui consacre beaucoup trop de ses revenus à se loger à cause du prix élevé des loyers. Cela commence par le gouvernement du Québec.

Le gouvernement doit augmenter ses investissements dans la construction de logements sociaux. Cela passe par des partenariats avec des organismes de logement à but non lucratif pour développer des projets qui répondent aux besoins locaux. En offrant des loyers modulés en fonction des revenus, ces logements permettraient de réduire la pression sur le marché libre tout en garantissant un toit à ceux qui en ont le plus besoin. Une régulation stricte des loyers pourrait également contribuer à stabiliser le marché. En instaurant des contrôles de loyer, le gouvernement pourrait éviter les augmentations excessives et garantir une accessibilité. Afin de protéger les locataires vulnérables, cette mesure doit être accompagnée de sanctions pour les propriétaires abusant du système.

L'accessibilité au logement peut également être renforcée par des incitations fiscales. En offrant des crédits d'impôt pour les ménages à faible revenu, le gouvernement pourrait contribuer à alléger le fardeau financier des familles tout en leur permettant d'accéder à un logement décent. Ces diverses mesures doivent aussi faire place à un soutien actif envers les coopératives d'habitation.

Les coops, une solution ?

Les coopératives d'habitation, gérées par les résidants eux-mêmes, constituent une alternative efficace à la propriété individuelle ou à la location traditionnelle. Le gouvernement devrait soutenir leur création en fournissant des fonds, des ressources et des formations sur la gestion d'une coopérative. Ces initiatives locales favorisent un développement social tout en garantissant l'accessibilité financière.

Pour que le modèle coopératif fonctionne efficacement, il est crucial de promouvoir l'éducation et la sensibilisation au sein des communautés. Des ateliers et des séminaires pourraient expliquer les avantages d'un modèle de logement coopératif, incitant ainsi les citoyens à s'investir dans ces initiatives. Cette éducation pourrait permettre de démystifier le concept de l'habitat collectif et de susciter l'adhésion de nouvelles communautés.

Certaines villes dans le monde ont su faire face à la crise du logement avec succès. Par exemple, des pays comme l'Allemagne et les Pays-Bas ont mis en place des modèles de logement social innovants, alliant accessibilité financière et qualité de vie. Ces expériences montrent que des solutions existent et qu'elles peuvent être adaptées au contexte québécois.

Le Québec dispose également de modèles inspirants. Des projets tels que la coopérative d'habitation l'Escalier à Montréal sont des exemples de communautés qui se sont organisées pour offrir un logement abordable. Cela démontre qu'avec la volonté politique et un investissement adéquat, des modèles alternatifs de logement peuvent prospérer.

Il est vrai que le modèle coopératif n'est pas exempt de problèmes comme le démontre Le Devoir qui rapportait récemment que plus de 30 coopératives d'habitation font l'objet d'une enquête au Québec pour des problèmes de gestion, de favoritisme ou de tensions internes. Néanmoins, reconnaître qu'il y a des problèmes parfois dans les coopératives d'habitation ne veut pas dire pour autant que l'on doit jeter le bébé avec l'eau du bain. On peut aussi relever des problèmes dans la gestion d'immeubles privés et cela ne nous amène pas à rejeter le privé dans le monde immobilier. Il y a de la place et pour les coopératives et pour le privé dans le domaine du logement offert aux Québécoises et aux Québécois. C'est une question d'équilibre et en ce moment l'équilibre est rompu parce qu'il n'y a pas assez de logements sur le marché. Je ne dis pas autrement sur cette question que ce qu'en disait la mairesse de Sherbrooke Evelyne Beaudin avec laquelle j'étais en accord.

Urgence d'agir...

Devant la crise du logement qui frappe le Québec, il est urgent d'agir collectivement pour répondre aux besoins fondamentaux des citoyens. Considérer le logement comme un droit et abandonner la mentalité exclusive de libre marché qui menace l'accès à ce droit est crucial. Par l'instauration d'initiatives gouvernementales innovantes et le soutien aux coopératives d'habitation, il est possible de redéfinir notre approche en matière de logement. Ce n'est qu'en unissant nos efforts et en priorisant le bienêtre collectif que nous pourrons réellement endiguer la crise du logement et garantir un avenir où chacun a droit à un logement adéquat. Autrement on choisira de souffrir d'amnésie collective...



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