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Le grand rafistolage !

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 26 octobre 2022

Cette dernière semaine, François Legault nous a fait connaître ses choix de Sophie. Il a annoncé la formation de son conseil des ministres. Sans surprise, ce nouveau cabinet ministériel s'inscrit dans l'air du temps et dans la foulée de la campagne électorale : diversité, zone paritaire, continuité et ajout de nouvelles figures, le tiers du conseil des ministres est formé de nouvelles et de nouveaux venus alors que les postes stratégiques en économie et à la santé demeurent aux mains de la garde rapprochée du premier ministre Legault. La nouveauté de ce conseil des ministres tient à la place importante qu'occupe la transition énergétique dans le discours gouvernemental Legault 2.0 et à la formation d'un comité de transition énergétique où siègera la cheffe d'Hydro-Québec, madame Sophie Brochu.

La collision annoncée entre le super-ministre Pierre Fitzgibbon et madame Brochu sera arbitré par nul autre que monsieur Legault lui-même. Cela étant, il est amusant de constater dans les commentaires des experts des attentes démesurées quant à des changements brusques de direction de la CAQ sur des sujets comme l'immigration, le nationalisme, le développement économique et la langue française qui sont des priorités, mais les solutions qui seront avancées par le nouveau gouvernement ne seront pas celles de ses adversaires politiques. Une élection, ça compte et la Coalition avenir Québec a gagné l'élection. Réflexions sur les défis du gouvernement Legault 2.0.

Les priorités de François Legault

Les priorités de François Legault sont bien connues. Redonner de l'argent dans le portefeuille des Québécoises et des Québécois avec son bouclier anti-inflation et ses chèques pour Noël de 600 $ et 400 $. Mesure à court terme qui ne distraira pas le gouvernement de travailler à la création d'emplois payants et au rétrécissement de notre écart de richesse avec l'Ontario.

La seconde priorité de monsieur Legault c'est de refonder le système de santé et de donner de l'amour à notre système d'éducation. Pour François Legault, l'éducation demeure la priorité. Bernard Drainville est celui que François Legault a choisi pour poursuivre le travail du ministre Jean-François Roberge qui, quoi que l'on en dise, a plutôt fait un bon travail comme ministre de l'Éducation mis à part peut-être l'abolition des commissions scolaires qui n'a pas été l'idée du siècle et qui a favorisé une plus grande centralisation du réseau. Bien sûr, le gouvernement semble cocher d'autres cases en nommant une ministre responsable de la solidarité, de l'habitation et en donnant l'autonomie complète à Lionel Carmant en le nommant  ministre en titre aux services sociaux. Cela confirme l'orientation centre-droit du gouvernement Legault qui ne souhaite pas diminuer la place de l'État en cherchant à s'acquitter de sa tâche de venir en aide aux plus démunis.

La troisième priorité du gouvernement nouvellement réélu est la langue française et le nationalisme. La nomination d'un souverainiste à un ministère pot-pourri regroupant la langue française, la laïcité, les institutions démocratiques et les relations fédérales-provinciales en témoigne. Jean-François Roberge a un ministère qui pourrait être au cœur de bien des enjeux au cours des prochains mois et des prochaines années. Il n'en demeure pas moins que le problème avec ce gouvernement, ce qui fait aussi son succès auprès de l'électorat, c'est d'être assis entre deux chaises quant au statut du Québec au sein du Canada. Je ne vous cacherai pas que je préférerais retrouver un gouvernement qui travaillerait non seulement à faire fonctionner le fédéralisme canadien comme il l'affirme, mais à le réformer.

Enfin, la quatrième grande priorité du gouvernement de François Legault est la transition énergétique. Le plaidoyer de François Legault semble sincère, mais quoi qu'il dise et qu'il fasse, cela ne sera jamais assez pour les jusqu'au-boutistes écolos. Ceux qui à l'image de Québec solidaire veulent transformer les citoyennes et les citoyens du Québec en martyrs de la cause de la lutte aux changements climatiques. Il y a des traces de notre culture judéo-chrétienne dans cette position. Oui, il faut se mobiliser contre la lutte aux changements climatiques, moduler progressivement nos comportements en mobilité et en consommation, mais pas par des ruptures brutales qui nous ferait perdre la possibilité de mobiliser la population. Il faut convaincre plutôt que décréter en matière de lutte aux changements climatiques.

Le nationalisme caquiste... voie condamnée à l'impuissance ?

La Coalition avenir Québec est nationaliste. Cela se voit dans les urnes. Ce qui confirme que le nationalisme n'est pas mort au Québec. Le nationalisme est un construit fait par les contemporains d'une époque. Il est basé sur des caractéristiques communes comme la langue, les institutions, les traditions, mais surtout sur le partage d'une trame narrative commune dans laquelle tous les membres de ladite nation se retrouvent. Ce qui n'est manifestement pas le cas au Québec avec le discours nationaliste ni avec l'histoire surréaliste postnationale canadienne. Contrairement à la croyance de certains, le nationalisme n'est pas mort. Néanmoins, il faut bien comprendre que nous aurons besoin de notre imagination et de toutes nos capacités de dialogue pour inclure tout le monde dans l'idée d'une nation québécoise ou canadienne. Chose certaine, ce n'est pas la fin des nationalismes. Il n'en demeure pas moins qu'il faudra un jour ou l'autre que cette question se règle. La parodie burlesque de Paul St-Pierre Plamondon sur le serment au roi Charles III est un indice probant du malaise que provoque notre impuissance à adapter la constitution canadienne.

Je suis d'abord et avant tout Québécois. Ma première fidélité va à ma patrie le Québec et après je suis Canadien, par choix réfléchi et lucide. Néanmoins, je ne suis pas un Canadien à tout prix. Je ne veux pas d'un Canada guerrier, d'un Canada leader des économies sales du pétrole, d'un Canada de bitcoins, d'un Canada génocidaire envers ses populations autochtones, d'un Canada qui flétrit nos libertés les plus sacrées au nom des impératifs de sécurité ou d'un Canada junkie à la monarchie britannique.

Je crois encore à la possibilité d'un autre Canada. Un Canada qui deviendrait une véritable fédération et où les peuples québécois, acadiens et les nations autochtones seront reconnus à part entière. Un Canada qui se ferait un devoir d'être à l'avant-garde des pays d'économie verte et qui serait l'un des leaders de la paix dans le monde. Un Canada enfin respectueux de ses institutions et ouvert aux différences des citoyennes et des citoyens qui se sont joints à nous. Un Canada où se vivrait un véritable fédéralisme. Bref, un Canada du 21e siècle. La Coalition avenir Québec refuse pour l'instant de travailler à un tel projet. Ce qui laisse en vie l'hypothèse d'intentions non déclarées souverainiste.

Que nous réserve l'avenir ?

Le gouvernement Legault 2.0 a une véritable chance de transformer le Québec, mais la majorité des fers qui sont déjà au feu ne pointent pas vers des réformes en profondeur de nos manières de voir et d'agir. Ce n'est pas que ce gouvernement est incapable de rêver et de nous faire rêver, c'est plutôt que la conjoncture ne s'y prête pas. Pensons-y, les principaux défis de ce gouvernement c'est de réparer le système de santé, de s'occuper de nos infrastructures de routes, d'écoles et d'hôpitaux. Voir au plus pressant dans nos négligences d'hier. Il faut de surcroît présider à une intense période d'adaptation aux changements climatiques qui viendront encore plus affecter notre capacité à rêver et à imaginer un autre monde.

François Legault ne veut pas passer à l'histoire comme le premier ministre de la pandémie. Il a de plus grandes ambitions pour le Québec. On peut le comprendre, mais il demeure que dans l'état actuel des choses le plus grand rêve que l'on puisse avoir pour le Québec c'est de réussir à sauver les meubles un peu comme le PQ l'a fait au cours de la dernière campagne électorale. Voir apparaître un nouveau fédéralisme canadien est aussi un sujet qui ne peut éclore tant et aussi longtemps que notre gouvernement n'aura pas réussi la plus importante tâche de l'histoire du Québec, le grand rafistolage...


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