Les astronautes de la Station Spatiale Internationale (SSI)
ont récemment partagé des images saisissantes du Québec nocturne, révélant un
phénomène aussi rare qu'inspirant : des efforts de préservation de
l'environnement visibles depuis l'espace. Ces images, prises en janvier 2025,
mettent en lumière l'efficacité des actions menées par la Réserve
internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic et d'autres initiatives en
Estrie pour limiter la pollution lumineuse. Depuis plus de 20 ans, la région
s'illustre comme un modèle international de protection de la nuit.
Villes blanches,
villes ambrées : deux visions de l'éclairage
La pollution lumineuse progresse à un rythme alarmant -
environ 10 % par an en Amérique du Nord, selon une étude de Science (2023). Ce
phénomène perturbe les cycles biologiques des humains et des animaux, affecte
la santé et efface les étoiles du ciel. L'éclairage à DEL blanc, très répandu,
est efficace sur le plan énergétique, mais contribue largement à ce problème en
raison de sa forte intensité lumineuse.
En réaction, une trentaine de municipalités Estrienne ont
adopté un éclairage de couleur ambrée, moins agressif et mieux orienté vers le
sol. Ces villes se démarquent nettement sur les images satellites, leur lumière
plus douce contrastant avec le halo blanc dominant des grandes agglomérations.
Ces « villes ambrées » témoignent d'un engagement concret pour préserver la
biodiversité nocturne.
Trois territoires
québécois protégés et reconnus mondialement
Depuis 2007, le Québec compte des territoires certifiés par
l'organisme DarkSky International. Le premier fut la Réserve internationale de
ciel étoilé du Mont-Mégantic, couvrant un vaste territoire incluant Sherbrooke.
Elle a ouvert la voie à deux autres zones protégées : l'Oasis de nuit étoilée
du Mont-Bellevue (certifiée en 2022) et le Parc international de ciel étoilé du
Mont-Tremblant (certifié en 2023).
Ces espaces ne sont pas seulement symboliques : ils
démontrent que des politiques d'éclairage réfléchies peuvent transformer nos
paysages nocturnes. « Ces images sont la preuve visuelle que les efforts de la
Réserve et de toute la région portent leurs fruits. On peut même le voir de
l'espace ! » affirme avec fierté René Doyon, directeur de l'Observatoire du
Mont-Mégantic.
Quand les serres
rivalisent avec les villes
Mais tout n'est pas encore gagné. Des taches lumineuses
inédites, souvent jaunes ou violettes, sont apparues dans les relevés orbitaux.
Elles proviennent de serres agricoles dont l'éclairage intérieur intense génère
une pollution lumineuse comparable à celle de villes entières.
Certaines municipalités ont déjà imposé l'usage de rideaux
occultants pour limiter l'impact de ces installations. Une mesure essentielle
pour concilier développement économique et préservation de l'environnement
nocturne.
Voir la Terre
autrement
Les images spatiales ne se contentent plus de mesurer la
croissance urbaine ou les feux de forêt. Elles deviennent aujourd'hui les
témoins de nos choix collectifs. Et au Québec, grâce à une volonté régionale
forte, c'est un ciel plus noir et donc plus étoilé qui s'offre à la vue des
astronautes. Un petit pas pour les étoiles, un grand pas pour la planète.
Source : Tourisme Cantons-de-l'Est