À l'approche de la mise à jour économique du gouvernement
Legault, plusieurs organismes communautaires et syndicats se sont réunis à
l'invitation de la Coalition Main rouge pour dénoncer les conséquences des
compressions budgétaires et des politiques d'austérité mises en place par la
CAQ. Selon eux, alors que des milliards de dollars sont détournés des fonds
publics vers l'industrie de l'armement et les minières, les services publics et
les programmes sociaux s'affaiblissent dangereusement. Pour marquer le coup,
des bannières ont été déployées dans différents lieux symboliques afin de
rappeler l'urgence d'un réinvestissement massif.
Un filet social fragilisé
Les organismes présents s'inquiètent du gel des subventions
imposé par le Conseil du trésor et de l'accumulation des compressions, qui
risquent d'aggraver les inégalités et d'éroder davantage le filet social. Ils
rappellent que les crises sociales auxquelles fait face le Québec sont
complexes et nombreuses, et que leur ampleur exige un soutien accru plutôt
qu'un recul de l'État.
Un récent rapport de l'Observatoire québécois des
inégalités, publié le 27 octobre 2025, illustre cette détérioration. Entre 2020
et 2024, « le revenu disponible moyen des ménages du premier quintile - les 20
% les plus pauvres - a reculé de 568 $, passant de 29 875 $ à 29 307 $ (-1,9
%), tandis que celui des ménages du cinquième quintile - les 20 % les plus
riches - a bondi de 71 807 $, passant de 139 660 $ à 211 467 $ (+51,4 %) ».
Pour les groupes réunis à Sherbrooke, ces chiffres confirment une réalité : les
politiques actuelles creusent les écarts plutôt que de les réduire.
Des solutions fiscales à portée de main
La Coalition Main rouge et les signataires de la déclaration
rappellent que des solutions fiscales alternatives, concrètes et équitables,
existent pour augmenter les revenus de l'État. Selon eux, un véritable
changement de cap passe par un financement adéquat des services publics et par
la protection des droits fondamentaux de la population.
Gabriel Grégoire-Mailhot, porte-parole du Caucus de défense
collective des droits de l'Estrie, souligne que les lieux où les bannières ont
été installées illustrent des secteurs abandonnés « au profit d'une poignée de
plus riches ». Il dénonce un gouvernement qui désinvestit, privatise et cherche
des coupables parmi les personnes immigrantes, les médecins, les syndicats ou
encore les organismes communautaires, plutôt que d'assumer sa responsabilité
envers le bien commun.
Partout au Québec, les groupes sociaux partagent le même
message : renforcer le filet social est essentiel pour réduire les inégalités.
Ils appellent le gouvernement Legault à revoir ses priorités et à renoncer aux
mesures jugées antidémocratiques ou trop à courte vue.
Une volonté politique à réaffirmer
Pour les organisations présentes, la population a déjà trop
souffert des reculs successifs de l'État. Elles affirment que les solutions
existent, mais que leur adoption repose entièrement sur la volonté politique du
gouvernement. Les prochains mois diront si la mise à jour économique annoncera
un changement durable ou si les inégalités continueront de s'accentuer.
Source : Gabriel Grégoire-Mailhot, coordonnateur, Table
ronde des organismes volontaires d'éducation populaire de l'Estrie