La Fédération des transporteurs par autobus (FTA) réclame 12
millions au gouvernement du Québec pour couvrir les pertes causées par le
virage électrique imposé sans soutien adéquat. En Estrie, 96 autobus sont
concernés.
Une facture salée
pour l'Estrie
Les transporteurs scolaires de l'Estrie sonnent l'alarme.
Pour la seule année scolaire 2024-2025, les pertes engendrées par
l'exploitation de 96 autobus électriques dans la région s'élèvent à 864 000
dollars. Un montant qui s'inscrit dans une facture bien plus large déposée ce
lundi par la Fédération des transporteurs par autobus (FTA) au ministère de
l'Éducation du Québec : 12 millions de dollars, représentant le manque à gagner
pour l'ensemble des 137 transporteurs scolaires du Québec ayant fait le saut
vers l'électrique.
« Le gouvernement nous a d'abord imposé le virage
électrique, puis a réduit unilatéralement l'aide financière sans consulter.
Résultat : plusieurs transporteurs roulent à perte depuis un an. Ce n'est plus
tenable », dénonce Luc Lafrance, président-directeur général de la FTA.
Soutien réduit,
pertes multipliées
Le cœur du problème : la réduction de la mesure de soutien
30 400 au transport scolaire électrique. L'aide accordée est passée de 12 900 $
à seulement 5 000 $ par circuit, alors que les coûts réels d'un autobus
électrique dépassent ceux d'un véhicule thermique de 14 000 $. Ce manque à
gagner de 9 000 $ par circuit, multiplié par 1 336 circuits électriques au
Québec, représente la somme totale réclamée par la FTA.
Ce changement a été imposé par le ministère au début de la
dernière année scolaire, sans ajustement au contexte économique ni à l'augmentation
des coûts d'opération.
Des transporteurs au
bord du gouffre
La transition vers l'électrique a été enclenchée dès 2021,
avec l'obligation d'acquérir des autobus zéro émission en remplacement des
modèles thermiques. Or, en plus de leur prix d'achat plus élevé, ces véhicules
génèrent des frais de recharge, d'entretien et de maintenance supérieurs.
Les transporteurs, déjà éprouvés par les conséquences de la
pandémie et les difficultés d'approvisionnement, notamment chez Lion
Électrique, doivent maintenant composer avec une indexation de seulement 0,58 %
sur leurs contrats. Une hausse bien inférieure à l'inflation.
Face à l'incertitude, la FTA tire la sonnette d'alarme : «
Sans appui d'urgence et un cadre de financement clair et prévisible, nous ne
pourrons pas garantir le maintien d'un service sécuritaire et fiable à la
rentrée. »
Un appel à l'action
Par cette facture symbolique de 12 M $, la Fédération
souhaite provoquer une réponse concrète de la part du gouvernement. Elle
affirme discuter avec le ministère depuis plusieurs mois, sans que des
engagements clairs aient été pris.
« Les transporteurs sont prisonniers d'un système qu'ils
n'ont ni choisi ni conçu. Il est temps que Québec reconnaisse les impacts de
ses décisions et propose des solutions durables », conclut Luc Lafrance.
Source : Fédération des transporteurs par autobus