Incroyable. Des personnalités en vue au Parti démocrate
américain se sont réjouies de l'assassinat du jeune porte-flambeau de la droite
américaine Charles Kirk. Chez nous, une comédienne et un chroniqueur ont fait
de mauvaises blagues à ce sujet. Le chroniqueur a été suspendu par le réseau
QUB radio. Ma foi, nous vivons dans un monde impossible. Je veux bien croire à
la polarisation comme source de tous les maux, mais là, la limite est dépassée.
On ne peut se réjouir de la violence politique. On ne peut déshumaniser l'autre
au point de souhaiter sa mort. La démocratie américaine et la nôtre ne font pas
exception et sont vraiment mal en point. Si je me fais adepte des théories du
complot, j'avancerais que le romancier Dos Santos a raison dans son roman Protocole
chaos et que nous vivons sous l'emprise des forces maléfiques de la Russie de
Poutine. Une belle occasion m'est offerte aujourd'hui pour chroniquer dans une
perspective historique de la violence politique aux États-Unis d'Amérique.
Voyons cela ensemble, si vous le voulez bien.
L'assassinat sur un campus universitaire de Charlie Kirk,
figure emblématique du mouvement MAGA (Make America Great Again) et défenseur
acharné des idées de Donald Trump, représente non seulement un acte tragique,
mais également un symbole inquiétant de la montée de la polarisation politique
et de la violence aux États-Unis. Cette violence, héritière d'une longue
histoire de conflits idéologiques et de tensions sociales, pose un grave risque
pour le fonctionnement démocratique du pays. Cette chronique se propose
d'explorer les racines historiques de la violence politique aux États-Unis, ses
manifestations contemporaines, y compris les exemples marquants des assassinats
et de tentatives d'assassinat de figures politiques, tels que John F. Kennedy,
Robert F. Kennedy, Martin Luther King Jr., Malcom X, Donald Trump, ainsi que la
violence perpétrée contre des élus démocrates, les Pelosi, et les implications
que cela engendre pour l'avenir de la démocratie américaine.
Les racines
historiques de la violence politique aux États-Unis
La violence politique aux États-Unis a des racines qui
remontent à l'époque coloniale. Les tensions entre loyalistes et patriotes
durant la Révolution américaine illustrent comment des divergences idéologiques
peuvent conduire à des conflits armés. Les soulèvements tels que le Boston Tea
Party ne sont que des exemples de la manière dont la désobéissance politique
peut dériver en violence. L'usage de la violence pour faire valoir des points de
vue politiques s'est intensifié durant les guerres régionales, notamment la
guerre civile (1861-1865), qui ne fut pas seulement un conflit entre États,
mais aussi une lutte idéologique sur l'esclavage et les droits des États.
Après la guerre civile, l'ère de la reconstruction
(1865-1877) a également été marquée par des violences politiques, notamment par
des groupes tels que le Ku Klux Klan, qui ont émergé pour maintenir l'ordre
racial et s'opposer à l'émancipation des Afro-Américains. Cette période a établi
un précédent pour l'utilisation de la violence afin de défendre ou de renverser
des changements politiques, entraînant une culture de l'impunité qui perdure
dans certaines régions du pays.
Le XXe siècle a vu de nouveaux foyers de violence politique,
notamment pendant la guerre froide, où les tensions idéologiques entre le
capitalisme américain et le communisme soviétique ont exacerbé la méfiance et
les conflits domestiques. Les luttes pour les droits civiques dans les années
1960, bien que principalement pacifiques, ont également été marquées par des
actes de violence, non seulement de la part des extrémistes, mais aussi de la
part de la police et des autorités. Ces événements ont renforcé des clivages
sociaux et politiques qui continuent de se manifester aujourd'hui.
Les assassinats
emblématiques : un écho tragique de la violence politique
L'assassinat du président John F. Kennedy le 22 novembre
1963 à Dallas a profondément secoué la nation et le monde. Kennedy, symbole
d'une nouvelle ère d'espoir et de progrès, a été sacrifié pour ses positions
progressistes sur des dossiers tels que les droits civiques et la paix durant
la guerre froide. Son assassinat a non seulement mis en exergue la
vulnérabilité des leaders politiques devant la violence, mais a également
ouvert la voie à des théories du complot et à une méfiance généralisée envers
le gouvernement, minant la confiance du public dans les institutions
démocratiques.
Cinq ans après celui de son frère, Robert F. Kennedy subit
également le sort tragique d'un assassinat, le 5 juin 1968, alors qu'il menait
une campagne présidentielle promettant un changement sociopolitique. Son
engagement envers les droits civiques et sa promesse de lutter contre la
pauvreté en ont fait une cible pour ceux qui s'opposaient à ces idéaux. Son
décès a abandonné la nation à un sentiment de désespoir et de désillusion,
alors qu'elle cherchait désespérément des leaders qui incarnaient un avenir
prometteur.
Martin Luther King Jr., en tant que leader du mouvement des
droits civiques, a également été assassiné le 4 avril 1968. Son appel à la
justice, à l'égalité et à la non-violence l'a placé en opposition avec de
puissantes forces racistes et conservatrices. Son assassinat a provoqué des
émeutes dans tout le pays et a révélé la profondeur des divisions raciales et
sociales qui affligent encore les États-Unis. La perte de King a laissé un vide
dans le leadership pacifique et a intensifié les sentiments de frustration et
de colère parmi ceux qui luttaient pour les droits civiques.
La montée de la
violence politique sous Trump
Depuis son ascension au pouvoir, Donald Trump a également
été confronté à des menaces croissantes. Deux tentatives d'assassinat notables
ont été rapportées durant sa première présidence. Celle de 2016, impliquant un
homme armé qui a tenté de s'approcher de Trump lors d'une réunion. La seconde,
en 2020, consistait en un complot où des extrémistes avaient prévu de
l'attaquer lors d'un rassemblement. Plus récemment, durant la dernière campagne
présidentielle, il y a eu le presque assassinat réussi en Pennsylvanie en 2024
et la tentative d'assassinat à son club de golf de Floride. Ces événements
illustrent non seulement la polarisation croissante, mais aussi la manière dont
l'intensification des divisions politiques peut inciter des individus à
envisager la violence comme un moyen légitime d'exprimer leur désaccord ou leur
colère.
Plusieurs élus démocrates ont également été victimes
d'agressions et de menaces au cours des dernières années. Des exemples notables
incluent l'attaque de Steve Scalise, membre du Congrès, lors d'un match de
baseball en 2017, et l'agression de nombreux membres du Congrès et de sénateurs
en raison de leurs positions concernant des questions politiques chaudes,
telles que la réforme de la santé ou les droits civiques.
Les menaces contre Trump et des démocrates montrent comment
la violence politique peut toucher, à la fois, des figures de droite et de
gauche, contribuant à une atmosphère de peur et de méfiance. Ces tentatives
d'assassinat soulignent une préoccupation croissante concernant la sécurité des
dirigeants politiques et un climat où les attaques deviennent de plus en plus
normalisées dans le discours partisan.
Ces incidents reflètent un climat de violence qui
s'intensifie dans les interactions politiques, créant un environnement où les
élus, au lieu de se concentrer sur des politiques, doivent constamment gérer
des menaces et des craintes pour leur sécurité. Ce phénomène est exacerbé par
des discours politiques virulents qui incitent à la violence et à
l'intimidation, mettant davantage de pression sur le système démocratique.
La montée de la
polarisation politique au XXIe siècle
Avec l'avènement d'Internet et la popularisation des réseaux
sociaux, le paysage politique américain a évolué. Les algorithmes favorisent la
consommation de contenus qui renforcent les croyances existantes, créant des
chambres d'écho où les idées contraires sont non seulement ignorées, mais
souvent vilipendées. Cela a exacerbé la polarisation, où les partisans de gauche
et de droite s'enferment dans des récits opposés de la réalité.
Les partis politiques eux-mêmes ont vu leur comportement
évoluer vers une forme de néo-partisanerie. La domination des primaires par les
idéologues aux extrêmes empêche l'émergence de voix modérées. Ce processus a
pour effet d'intensifier les conflits internes et de radicaliser les bases
électorales. L'ascension de figures comme Donald Trump a transformé le Parti
républicain en un mouvement davantage axé sur la personnalité et la provocation
que sur des programmes politiques clairs.
La division croissante au sein de la société a également
permis la floraison de groupes extrémistes qui rejettent carrément le système
démocratique. Des groupes comme l'Antifa d'un côté et des milices d'extrême
droite de l'autre ont commencé à utiliser la violence non seulement pour
défendre leurs positions, mais aussi pour faire valoir leur existence même dans
un paysage politique de plus en plus hostile.
Des événements comme le rassemblement de Charlottesville en
2017 et l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021 sont des exemples tragiques de
la façon dont la violence peut éclater lors des manifestations politiques. Ces
incidents ont révélé à quel point la polarisation est ancrée dans le tissu même
de la société américaine, incitant des personnes à percevoir la violence comme
un moyen légitime de défendre leur identité politique.
Charles Kirk, victime
L'assassinat de Charlie Kirk, bien que tragique, n'est qu'un
exemple parmi d'autres de l'escalade de la violence ciblée contre des figures
politiques. Les menaces, les agressions et les actes de violence contre les
élus et ceux qui soutiennent des idéologies clivantes mettent en danger le
débat démocratique et dissuadent les voix modérées de s'exprimer.
La violence politique et la polarisation menacent de miner les
institutions démocratiques. L'incapacité à nouer un dialogue constructif rend
difficile toute forme de compromis, élément clé d'un système politique
fonctionnel. Cela transforme les discours politiques en camps de guerre au lieu
d'un forum sain de débats.
Un effet collatéral majeur de la violence et de la
polarisation est l'érosion de la confiance dans les institutions politiques. La
perception que la violence est un moyen d'atteindre des objectifs politiques
renforce le cynisme à l'égard de la démocratie et peut entraîner un
désengagement des électeurs. Moins de confiance dans le système démocratique
signifie moins de participation civique et un affaiblissement du contrat
social.
L'assassinat de Charlie Kirk, ainsi que ceux de
figures emblématiques, telles que John F. Kennedy, Robert F. Kennedy, Martin
Luther King Jr., et les tentatives et menaces visant Donald Trump et d'autres
élus, révèlent une tendance inquiétante aux États-Unis : la violence politique
et la polarisation croissante. Ces événements tragiques, tous liés par le fil
rouge de la lutte pour des visions opposées de la société, soulignent la
fragilité de la démocratie américaine devant la violence qui ébranle ses
fondations. La spirale de la violence et de la division risque de devenir insurmontable,
entraînant les États-Unis dans un cycle destructeur qui pourrait altérer à
jamais le paysage politique du pays. D'où la folie politique meurtrière...