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Voleurs de terre!

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Je suis abonné à la revue Histoire sociale depuis nombre d'années et rarement sinon jamais, les articles spécialisés de cette intéressante revue historique n'ont fait l'objet de l'intérêt des grands médias d'actualité de notre pays sauf il y a quelques semaines.

Un article de Ian Mosby* nous a révélé qu'entre 1942 et 1952, les principaux spécialistes canadiens de la nutrition, en étroite collaboration avec le gouvernement du Canada, ont mené des études nutritionnelles sur les communautés autochtones et les pensionnats pour Indiens.

Les Amérindiens : des souris blanches

On y a mené des expériences contrôlées à l'insu des principaux intéressés faisant d'eux des cobayes tels des souris blanches en laboratoire. Dans cet article fort instructif, Mosby fait une démonstration convaincante d'un épisode inconnu de négligence et d'exploitation des nations amérindiennes. Une histoire odieuse avec nos yeux d'aujourd'hui, mais rappelons nous qu'à la même époque on menait des expériences semblables chez d'autres humains sans avoir un code d'éthique précis concernant l'expérimentation biomédicale chez l'être humain. Dans la foulée du procès de Nuremberg à la suite de la Deuxième Guerre mondiale, on a par la suite vers 1947 adopté le Code Nuremberg qui a établi des critères quant à l'expérimentation chez les humains. Au-delà de cela, on peut constater dans cet article de Mosby les politiques racistes du gouvernement canadien à l'endroit des peuples autochtones. Cela n'a pas beaucoup changé...

Les négociations avec les Atikamekws et Québec : au point mort

On voudrait bien croire que cela est du passé et qu'aujourd'hui, nous traitons avec considération et respect les peuples autochtones du Québec et du Canada. Pourtant, le mouvement « Idle no more » de l'année dernière nous dit le contraire. Dès lors, on pourrait s'attendre à ce qu'un gouvernement souverainiste, surtout issu du parti de René Lévesque, fasse preuve de plus de justice envers les Atikamekws. Pourtant, il n'en est rien. Les négociations entre Québec et les Atikamekws sont au point mort et les autochtones menacent de dresser un blocus routier. On n'a donc rien appris depuis la crise d'Oka.

L'enjeu de cette négociation : un système de redevances sur les ressources naturelles

Les Atikamekws demandent pourtant des choses simples : la création d'une relation de nation à nation, l'établissement d'une formule de cogestion du territoire, l'accès aux ressources du Nitaskinan et la mise en place de mécanismes de redevances sur l'exploitation des ressources naturelles du Nitaskinan (Le Nitaskinan est le territoire ancestral de la nation Atikamekw. Il est situé dans la vallée de la rivière Saint-Maurice et autour du réservoir Gouin au Québec, Canada).

La ministre des Affaires autochtones, Élizabeth Larouche, rappelle dans Le Devoir que l'offre du gouvernement déposée à la mi-juillet n'a pas été « mutuellement satisfaisante ». La ministre Larouche refuse de parler de redevances avec les Atikamekws. Pour sa part, le chef de Wemotaci, David Boivin, a déclaré dans le devoir du 23 juillet qu'il tenait mordicus à parler de redevances : « les ressources naturelles nous appartiennent et il faut participer pleinement au développement de ces ressources. C'est ce qu'on défend depuis des générations ».

Pourtant, c'est le parti issu de ce gouvernement qui a diffusé lors de la dernière campagne électorale une publicité devenue célèbre démontrant que les libéraux de Charest ne laissaient que des miettes aux Québécois de l'exploitation de leurs ressources naturelles et que cela était inacceptable. Ce qui est bon pour minou ne serait pas bon pour pitou. Expliquez-moi...

L'injustice perdure...

Pendant que le gouvernement Marois fait piétiner les négociations, les Atikamekws continuent de subir discrimination et injustice. Ce peuple accablé par de multiples facteurs socio-économiques défavorables, attend depuis plusieurs décennies la reconnaissance par les gouvernements de leurs droits ancestraux sur leur territoire, ainsi que la réparation des graves torts dont ils ont été, et sont toujours, victimes depuis deux siècles (pensionnats indiens, dépossession territoriale, déplacements forcés, sous-financement des services publics et cobayes d'expériences en nutrition). Il serait plus que temps que le peuple québécois par la voix de ses représentants traite les nations autochtones comme on voudrait nous être traité par l'État canadien. Ce serait un excellent début au renouvellement du discours du PQ sur la souveraineté si le gouvernement Marois souhaite vraiment faire avancer son projet de pays. Les bottines doivent suivre les babines...

Nous avons volé leurs terres...

Si besoin est encore d'être convaincu de la justesse des revendications des nations autochtones, rappelons qu'en 2003, une équipe d'anthropologue de l'Université de Montréal, a découvert et mis au jour les plus anciennes traces d'occupation humaine datées au Québec. Le site de Lac-Mégantic témoigne de la présence de petits groupes de chasse familiaux et il a suivi le fait que des familles d'Amérindiens se sont installées sur les rives du Lac-Mégantic. Les archéologues ont aussi trouvé des traces de vestiges de l'ère du Paléoindien récent.

Ces vestiges archéologiques devraient suffire à rappeler à nos mémoires paresseuses que les Amérindiens étaient ici, chez eux, bien avant nous, et que les membres de ces diverses communautés méritent beaucoup mieux que notre refus de négocier. S'il est vrai que l'on ne peut réécrire l'histoire des peuples vaincus ou colonisés, on pourra au moins avoir la décence de négocier de bonne foi et faisant fi de nos seuls intérêts. Sans quoi, ils auront raison de nous lancer à la figure que nous sommes que de vulgaires voleurs de terres...

Tweet de la semaine

« On voudrait que notre esprit soit semblable au ciel des étoiles filantes : parcouru de traits de lumière »

Bernard Pivot, Les tweets sont des chats, Paris, Albin, Michel, 2013, p.109

Lectures suggérées :

*Ian Mosby, « Adminstering Colonial Science : Nutrition Research and Human Biomedical Experimentation in Aboriginal Communities and Residential Schools,1942-1952 » dans Histoire sociale, Vol 91, no 5, mai 2013, p. 145-172.

Alain Beaulieu, Stephan Gervais et Martin Papillon, Dir., Les Autochtones au Québec, Montréal, PUM, 2013, 405 p.

Commentaires ou suggestions : dnadeauestrieplus@gmail.com


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