La pression était forte chez le Vert & Or cette saison. L'équipe avait atteint la finale de la Coupe Dunsmore en novembre dernier et les attentes étaient bien entendu de répéter l'exploit : «Alors que l'an dernier tout était axé sur le processus, bien faire les choses tous les jours et d'aller chercher son plaisir dans les détails en sachant que la victoire allait venir d'elle-même, cette saison il était impératif de gagner. La victoire n'était plus un plaisir, elle était un soulagement et la défaite était lourde. Les attentes étaient élevées cette année et ça été mal géré à l'interne », explique l'entraîneur-chef du Vert & Or, David Lessard, qu'Estrie plus a rencontré dans son bureau de l'Université de Sherbrooke.
Le calendrier a très mal commencé pour les Verts qui ont subi trois revers consécutifs en plus de perdre la Coupe du Maire pour la première fois en 5 ans. «On souhaitait terminer dans le haut du classement, peut-être même recevoir un match de série à domicile et s'installer dans la haute hiérarchie du football québécois pour prouver à tout le monde que c'est là qu'on appartient. De commencer 0-3 a été une douche d'eau froide pour tout le monde. Nous avons trainé ces défaites toute la saison »
L'équipe a eu une résurgence avec deux victoires consécutives, dont une de 16 - 12 contre les Carabins, mais ce ne fut pas suffisant pour remettre la saison sur les rails. Les Verts ont fait les séries de justesse avec une fiche de 3 victoires et 5 défaites, tout juste devant les Redmen avec également 3 victoires. Le match entre les deux équipes du 20 septembre dernier remporté 45 - 26 par Sherbrooke aura donc fait la différence. En vertu de la quatrième place, les Verts avaient la lourde tâche de se rendre à Québec pour la demi-finale.
La bête noire des Verts
Le Vert & Or n'a réussi qu'à inscrire un seul touché en trois rencontres face à l'Université Laval. Ce touché est survenu en toute fin du 4e quart en demi-finale alors que le match était pratiquement terminé. Les Verts réussissent à jouer face aux autres équipes du circuit, notamment les Carabins, mais sont incapables de faire face aux Rouges. «Le Rouge & Or offre un défi particulier, les joueurs sont très disciplinés dans leur façon de jouer au football, ils ne font pas beaucoup d'erreurs. Ils ne vont jamais se battre eux-mêmes et te forcent à jouer un football tout aussi discipliné et constant, ce que nous n'avons pas réussi à faire cette saison»
Quand ça compte
Jérémy Roch a connu une bonne saison ! Deuxième dans la catégorie des verges par la passe avec 255 verges en moyenne par parties. Seul Jordan Heather a mieux fait que lui. Sébastien Blanchard a également connu une bonne saison, mais les succès de ces deux piliers de l'offensive ne se sont pas transformés en points sur le terrain. «On est la meilleure offensive quand il s'agit d'éviter les ‘'2 and out''. On est très bon pour avoir 1, 2, sinon 3 premiers essais, mais il faut être meilleur quand on entre dans la zone adverse. Souvent, nos poussées offensives sont stoppées au 40 ou 35 de l'adversaire»
Sherbrooke vient à l'avant-dernier rang au niveau de l'offensive dans la zone dangereuse en plus d'être l'équipe qui a converti le moins de poussées en touchés. « Il va falloir faire une réévaluation tactique, mais aussi une meilleure compréhension des jeunes pour être capable de terminer nos poussées offensives et de les transformer en points. William Dion nous aidait beaucoup en transformant beaucoup de séquences en placements, ce que nous n'avons pas pu faire cette saison»
L'importance d'un botteur
Malheureusement pour la troupe de David Lessard, la malchance s'est abattue sur l'équipe dès le camp d'entraînement lorsque le deuxième botteur de l'équipe, Jean-Michel Tremblay, s'est révélé inéligible académiquement. L'équipe s'est donc retrouvée avec un seul botteur...qui est tombé malade durant la saison. Atteint d'une mononucléose, Mathieu Hébert a raté la majorité des matchs et n'est revenu au jeu qu'en toute fin de campagne.
«C'est dommage parce que quand William Dion a quitté on s'était mis en tête d'avoir deux botteurs. On n'en avait eu qu'un seul pendant plusieurs saisons et on voulait s'assurer que s'il arrive une malchance à un on va avoir l'autre. C'est plate parce qu'on se pensait bien fins avec nos deux botteurs et on les a perdus les deux !»
Des joueurs de terrains ont dû prendre le relais avec des résultats mitigés, l'équipe a raté plus de la moitié de ses tentatives de placement.
Les difficultés au niveau des bottés se sont transmises à toutes les unités spéciales qui ont connu une saison en deçà des attentes. Bons derniers sur les retours de bottés et de dégagement, ça n'a pas été une saison facile pour les joueurs du Vert & Or. « À Sherbrooke on a été gâté au niveau des unités spéciales, on parle de William Dion qui a été l'un des meilleurs botteurs de l'histoire du SIC, on a eu des Ismaël Bamba et Raphael Gagné comme retourneur. Nous avons toujours trôné au sommet dans les unités spéciales et ça ne faisait pas partie de la planification stratégique d'arriver cette saison et d'avoir de la difficulté dans plusieurs aspects des unités spéciales. Ça nous force à réévaluer, on établit une stratégie gagnante, mais les adversaires évoluent aussi.»
Plusieurs gros défis à l'horizon
Quelques gros morceaux en étaient à leur 5e année d'éligibilité et ne seront pas de retour l'an prochain. On pense aux joueurs de ligne à l'attaque Marc-Olivier Plante et au capitaine Kevin Croft : «La perte de ces deux joueurs va nous demander un réalignement de la ligne à l'attaque pour la prochaine saison.» Le receveur de passe Gabriel Goulet, qui a amassé 291 verges par la passe cette saison, ne sera également pas de retour, mais le cœur de la formation offensive demeure à Sherbrooke.
En défensive, l'équipe perd deux demis défensifs, Jean-Philippe Dupuis et Dave Boucher. Jean-Christophe Gagnon, joueur partant de ligne défensive, termine également sa carrière universitaire. « C'est un roulement normal, ce n'est pas spécifiquement plus difficile cette saison. On perd des bons joueurs comme chaque année, mais on va les remplacer par d'autres bons joueurs. Ce n'est pas aussi dramatique que, par exemple, Bishop's qui perd plusieurs gros morceaux».
Côté recrutement, l'emphase sera mise, comme à chaque saison sur la ligne à l'attaque et la ligne défensive : « On souhaite toujours recruter des gros bonshommes. Ligne à l'attaque et ligne défensive sont des positions clés et il n'y a pas beaucoup de joueurs. On se les arrache, c'est comme des petits pains chauds !» Sinon il faut s'attendre à voir quelques receveurs de passe et porteurs de ballon s'amener avec le Vert & Or. Même chose pour demi défensif et secondeurs. «Ce n'est pas tant qu'il y a des trous dans l'alignement, c'est plus pour préparer l'avenir.»
Reste que le plus gros défi pour les Verts cet hiver sera de retrouver l'identité qui leur avait permis d'avoir du succès en 2012 : « Notre défi d'entre saisons sera de revenir à ce qu'on faisait de bien en 2012, se concentrer sur le processus et prendre fierté à bien faire les choses sachant que la victoire va venir par elle-même. C'est un défi plus culturel qui nous attend.»
