La radio est une amie fidèle. J'aime le croire encore
aujourd'hui. Bien sûr, comme c'est une amie, je la choisis.
Une station de radio AM, à Sherbrooke, au début des années
1980, je crois, avait adopté un slogan que je détestais : « Tout le monde le
fait, fais-le donc ! »
Tout comme je ne choisis pas mes amis sur de pareilles
considérations, bien, je ne choisis pas une station de radio parce qu'elle
prétend que tout le monde l'écoute.
Je termine la parenthèse en faisant le lien suivant : la
radio existe toujours et a même une sorte de descendant, le balado.
Encore là, ce n'est pas le choix qui manque, et choisir est
même plus compliqué un brin à cause de la diversité.
Bref, quand je marche, le matin tôt, dans mon quartier, ce
n'est pas tant la musique qui me tente. Je lui préfère souvent des balados se
rapprochant de la grande entrevue ou de l'analyse de dossiers ciblés. La
pertinence doit être là. À mon oreille, à tout le moins !
De toute façon, la musique m'accompagne le reste de la
journée, alors...
La question de Trump
Je ne cherche pas non plus des balados basés strictement sur
des humeurs, des rumeurs et des propos à sensations. Si l'opinion me semble
basée sur des choses solides et vérifiées, ça me va déjà mieux !
Il y a longtemps que je me demande ce qui fascine tant les
Américains et ce qui a porté autant d'Américains à voter pour lui.
Lui, le menteur compulsif, le manipulateur, le tordeur de
vérités, le défaiseur de réalités, n'aurait, à mes yeux, aucune raison de
connaître une pareille notoriété. Un pareil engouement.
Je ne comprenais pas.
Jusqu'à ce que Zachary Richard, dans l'excellent balado
«Juste entre toi et moi », animé et conceptualisé par Dominic Tardif, m'éclaire
soudainement, au lever du jour, mercredi dernier...
Qu'est-ce qui anime donc le fait que plein de gens se
collent à Trump ? Zachary Richard n'hésite pas : la peur.
La peur. Intéressant. Mais la peur de quoi ?
Pour le chanteur Louisianais, c'est tout simple : si Trump
ment, invente des histoires et tord la vérité comme il le veut, ce n'est pas
parce qu'il est cinglé. C'est un manipulateur narcissique qui sème la peur.
Quand il s'acharne à prétendre que les douanes sont des passoires, que les
immigrants mangent des chiens et des chats de leur quartier, que les États-Unis
« subventionnent » le Canada, bref, quand il prétend faussement ces trucs, il
crée une peur.
Peur que le fentanyl et d'autres drogues envahissent le
pays ; peur que des Mexicains (et d'autres cultures) attaquent les gens et les
animaux, peur que de dangereux criminels passent la frontière pour attaquer les
bons Américains, peur que le commerce avec d'autres pays tue l'économie des
États-Unis.
Et pourquoi sème-t-il ces peurs ? Pour ensuite incarner
celui qui peut sauver les Américains de tous ces dangers.
Donc, il invente des dangers et se propose comme superhéros
pour protéger les Américains. Devant tant de menaces, les Américains finissent
par suivre celui qui les sauvera. Et visiblement, ça trouve écho chez plusieurs
d'entre eux.
C'est d'ailleurs la marque de commerce des grands
manipulateurs. « Restez là. Obéissez à mes instructions. Vivez votre quotidien
et laissez-moi m'occuper du reste. »
La peur est un réflexe qui met nos sens en alerte quand un
danger nous guette. La peur fait partie de nos mécanismes de défense comme être
vivant. Mais exploitée à fond, elle nous paralyse et finit par nous empêcher de
penser.
Comme la peur isole, on sent le besoin de rejoindre un
groupe qui a les mêmes peurs que nous. Le sentiment d'un clan qui nous
protégera devient fort. Qui fera de notre vie un petit univers « great again ».
Et le danger ultime avec ces manipulateurs, c'est que leur
volonté n'a pas de limite. Ils en veulent toujours plus. Et quand la confiance
de la population ne suffit plus, il reste à utiliser la force pour mater tout
le monde.
Espérons que cela se réglera de façon démocratique...
En bout de piste, il nous reste toujours l'espoir. Même mal
pris... L'espoir est plus qu'une option. C'est d'abord un engagement personnel.
Un engagement à ne pas laisser tomber. À garder le cap sur nos valeurs. Garder
espoir, c'est d'abord ne pas céder aux semences de peur de ce président aux
ambitions malsaines.
Clin d'œil de la
semaine
« Si tu te conduis bien, tu éviteras mes coups de poing. Je
te dis ça pour te protéger de ce qui pourrait t'arriver ! », prétend le
conjoint violent.