Gilles Vigneault disait avec beauté et justesse qu'une
fenêtre d'hiver est un tableau changeant.
Cette poésie ne trouve pas écho en ce mois de mai qui a été
assez uniformément gris ! Et particulièrement frais et humide, ajouterais-je...
Quant à lui, le calendrier persiste et signe : la saison
estivale s'en vient au Québec.
J'entendais les responsables du Festival de la chanson de
Petite-Vallée parler de leur nouveau théâtre de la Vieille forge, l'original
ayant été brûlé en 2017. Une perte totale qui n'a heureusement pas été la perte
totale du festival en soi !
Le directeur artistique du théâtre souhaitait voir le
chantier complété en 2025. Le théâtre est pas mal prêt, mais pas fini tout à
fait. Rien pour empêcher la fête, cela dit. J'ai bien aimé cette phrase qui lui
est venue un matin : « Ce n'est pas parce qu'on a brûlé qu'on est éteints ! »
Il ajoutait, en entrevue : « Ce sera le festival en chantier de Petite-Vallée
en 2025 ! »
J'en parle cette semaine parce que, dans ma tête, ce festival
donne le coup d'envoi à la saison des festivals au Québec.
Les festivals, il y en a partout. S'il y avait une grande
caractéristique pour les décrire, ce pourrait être : festivals de retrouvailles
collectives !
Retrouvailles qui font du bien !
Notre quotidien est résolument bâti sur un rythme qui nous
est propre. Un rythme individuel. C'est comme ça. Se joindre à des milliers
d'autres personnes pour vivre des moments collectifs vient renforcer un
sentiment d'appartenance à une communauté. C'est bien éphémère, me direz-vous,
parce que le quotidien nous rattrape bien vite, mais c'est au moins ça !
Et la force du regroupement prend un visage heureux quand le
spectacle présenté crée cette ambiance qui fait bouger et chanter tout le monde
en même temps.
Et Sweet Caroline,
là-dedans ?
Pour la chanson du même titre de Neil Diamond qui joue
chaque 8e manche des matchs de baseball présentés au Fenway Park de Boston. Et
maintenant, dans bien d'autres amphithéâtres et arénas pour bien des sports !
Elle permet de faire répondre à l'unisson des milliers de
personnes. Elle adoucit des fins de match qui sont plus moches et réussit même
à réunir des partisans des deux équipes en présence, le temps d'une chanson.
C'est cet aspect collectif que je veux souligner.
Au-delà de ce qui nous anime personnellement, il y a
l'importance des rassemblements. Des regroupements. Il s'en dégage un sentiment
de sécurité. Un sentiment d'appartenance à une communauté. À une collectivité.
Une façon de se sentir moins isolé dans une société de
bulles personnelles et de libertés très individuelles. La preuve que des cœurs
qui battent individuellement peuvent aussi battre à l'unisson.
Précieux festivals, donc.
Les festivals sont à la société ce que les rassemblements
entre parents et amis représentent lors d'événements tristes ou heureux.
L'importance des festivals n'est pas anodine.
Ils sont des éléments liants de notre communauté.
À nous de voir si on veut en être.
Clin d'œil de la
semaine
Vivre un moment ensemble lors d'un spectacle, c'est possible
seulement si on accepte d'y être pour vrai. Pas à regarder le show à travers le
cellulaire parce qu'on veut le filmer !