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Pas de quoi fêter…

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 29 juin 2022

Dans quelques jours, ce sera la fête du Canada. L'année dernière, de nombreuses voix s'étaient fait entendre pour l'annuler dans la foulée de la découverte de corps d'enfants autochtones notamment à Kamloops. Le passé colonial rattrapait le Canada. Cette année, il n'y a pas de telles révélations, n'empêche que le Canada qui jadis faisait notre fierté est aux abonnés absents. La gestion politique du pays y est pour beaucoup. Chaos à l'immigration, bordel à Service Canada pour l'émission des passeports, imbroglio aux contrôles des frontières et actions controversées dans la lutte aux changements climatiques, le pays n'a pas l'air d'avoir de gouvernail. La classe politique fédérale semble dramatiquement absente de l'actualité quotidienne des gens qui sont aux prises avec une inflation galopante et une crise du logement. Je ne vous parle même pas des questions plus triviales comme les dépenses de la gouverneur générale, l'unilinguisme anglais de la fonction publique fédérale et de nombreux hauts fonctionnaires. Le Canada ne se porte pas très bien. Réflexion sur un pays à la recherche de son identité et de sa voie dans le 21e siècle.

Le Canada, anti-américanisme et multiculturalisme

Toute l'histoire du Canada est jalonnée de deux grandes idées : se distinguer de son voisin américain et harmoniser les relations entre les cultures anglophones et francophones du pays. À travers divers événements, le Canada a plutôt réussi à naviguer en fonction de ces deux idées jusqu'à l'élection de Pierre Elliott Trudeau, le père de l'actuel premier ministre Justin Trudeau. Pierre Elliott Trudeau a refondé le Canada autour d'un certain anti-américanisme par des gestes forts comme la reconnaissance de Cuba, de la Chine et par des politiques contre l'investissement étranger. Aujourd'hui, Justin Trudeau poursuit l'œuvre de son père concernant sa volonté de se dissocier des Américains. Cela fut d'autant plus facile que sous l'ère Trump, il était facile aux Canadiennes et aux Canadiens de voir dans son voisin tout ce qu'il ne voulait pas devenir. C'est encore plus vrai depuis la décision de la Cour Suprême Trumpienne d'infirmer le jugement sur l'avortement. D'ailleurs, Justin Trudeau dans une posture théâtrale qui lui est coutumière a dénoncé avec virulence cette décision de la Cour suprême des États-Unis.

Pour combattre le nationalisme québécois, la trouvaille de Pierre Elliott Trudeau fut d'inventer le concept de multiculturalisme, dérivé du concept de communautarisme européen. Il a aussi mené une lutte épique contre la thèse d'un Canada biculturel et de celle des deux nations fondatrices au cœur de la pensée libérale du gouvernement de Lester B. Pearson. La lutte de Pierre Elliott Trudeau contre le nationalisme québécois était fondée sur l'idée que les francophones du Québec devaient s'emparer du Canada et du monde. Pierre Elliott Trudeau voulait créer un nouvel humain, celui d'aucune nation aux droits universels. Il a réussi son pari avec le rapatriement de la constitution canadienne en 1982 et avec l'adoption de la Charte des droits et libertés qui a transformé le Canada en une société chartiste. Cette dernière donne préséance aux droits individuels et ne reconnaît aucun droit collectif si ce n'est celui des communautés culturelles autres que francophones par le biais d'une vision individualiste du monde consacrant le droit des religions comme un droit inaliénable. Justin Trudeau en cette matière aussi poursuit dans la voie tracée par son père en faisant du Canada un État postnational où seuls les droits individuels et la diversité sont les éléments fondateurs de la nation nouvelle.

Enjeux d'un avenir incertain

Tout cela bien sûr, ce ne sont que des mots. Dans la réalité le Canada d'aujourd'hui n'est quand même pas le goulag pour reprendre une expression lancée par l'ex-premier ministre du Québec, René Lévesque, décédé en 1987, dont on souligne le 100e anniversaire de naissance cette année. Le Canada est un beau et grand pays. Les Canadiennes et les Canadiens sont des gens paisibles et de bonne composition. Ils sont généralement allergiques aux idées radicales. Le Canada c'est en quelque sorte le royaume du lieu où tout est paisible. Cette vision idyllique du Canada tend pourtant à s'estomper quand on prend la mesure d'événements comme ceux d'Ottawa avec le convoi de la liberté ou encore si l'on se donne la peine d'observer la campagne au leadership de l'aspirant Pierre Poilièvre qui charrie un discours trumpiste de droite qui n'a rien à envier aux pires bêtises entendues de l'autre côté de notre frontière au Sud.

Le Canada, tout comme le Québec d'ailleurs, n'est pas un pays élu par Dieu qui est immunisé contre les dérives populistes, autoritaires, racistes, homophobes et misogynes. Les humains sont prévisibles et l'effet du troupeau peut jouer un rôle chez nous aussi. Par ailleurs, le Canada est l'un des plus grands pays d'extraction de pétrole au monde dans un univers marqué par le réchauffement climatique sous les effets de la consommation des énergies carbone. À cet égard, le discours politique sur la lutte aux changements climatiques souffre d'incohérence et n'est pas susceptible d'entraîner chez les populations concernées une adhésion forte d'autant plus que toutes les solutions mènent d'une façon ou d'une autre à une modification radicale de nos modes de vie. Le Canada mérite mieux. Nous méritons mieux.

Que fêter alors le 1er juillet ?

La fête du Canada que nous célébrerons dans deux jours n'a pas de quoi à nous porter le cœur à la fête. Guerre en Ukraine, mécompréhension et absence de dialogue entre nous et les Premiers Peuples, approfondissement des inégalités sociales et économiques dans le sillage d'une crise inflationniste et d'une pénurie du logement, présence du virus de la COVID-19 qui risque de frapper encore plus fort à l'automne, crise des services publics canadiens notamment en matière d'immigration et de délivrance des passeports, recrudescence d'événements violents dans les villes avec des armes à feu et multiplication des effets des changements climatiques. Les problèmes sont nombreux et les solutions tardent à s'imposer dans le discours public parce qu'il manque de leadership politique au Canada. À cet égard, Justin Trudeau n'a pas suivi les traces de son père. Le Canada de 2022 a peu de raisons de se réjouir et même la perspective d'élections ne donne pas de motifs à penser que nous serons en mesure de sortir de cet état de torpeur. Ce qui me fait dire que le 1er juillet qui vient : Le Canada n'a pas de quoi fêter...


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