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  CHRONIQUEURS / L'Agora

Ne pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué !

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 25 septembre 2024

Le regretté premier ministre du Québec, l'honorable Robert Bourassa, avait l'habitude de répéter qu'en politique un jour était une éternité. Il voulait ainsi traduire le fait tout simple que le monde politique vit de nombreux bouleversements chaque jour et bien malin qui peut prétendre prédire ce qu'il adviendra demain. La dernière semaine politique au Québec et au Canada avec l'élection d'un député du Bloc québécois dans Lasalle-Émard-Verdun, l'entente avec les libéraux déchirée par le NPD, les déclarations incompréhensibles d'appui du premier ministre François Legault aux conservateurs de Pierre Poilievre et la démission de Pablo Rodriguez de son poste de ministre des Transports et de lieutenant politique du Québec du gouvernement libéral de Justin Trudeau en sont des exemples éloquents. Tout cela pour dire que l'arrivée de Pablo Rodriguez sur la scène provinciale à titre de candidat au poste de chef du Parti libéral du Québec marquera une nouvelle dynamique politique au Québec.

La décision de Pablo Rodriguez de s'ancrer au Québec après une carrière politique sur la scène fédérale représente non seulement un tournant personnel, mais également un espoir renouvelé pour le Parti libéral du Québec (PLQ) dans le cadre d'un électorat francophone en quête d'une voix politique pertinente et engageante. Cette tendance s'inscrit dans un contexte plus large, où des figures politiques d'expérience sont appelées à redynamiser un parti qui, bien que critiqué, possède une histoire profondément enracinée dans le tissu social et politique du Québec et contribue à façonner son avenir démocratique. Réflexions sur l'avenir du Parti libéral du Québec et de son apport à la scène politique québécoise.

 

Le PLQ : une riche histoire au Québec

Le PLQ, fondé en 1867, a traversé des périodes de turbulences, d'impasses et de réformes, étant un acteur central dans l'histoire politique de la province. Sa résilience devant les défis d'une évolution sociopolitique complexe témoigne de sa capacité à s'adapter aux préoccupations des citoyennes et des citoyens, tout en répondant à leurs besoins immédiats. Ce parti a été l'artisan de plusieurs avancées majeures, notamment en matière d'éducation, de santé et de droits linguistiques, et a joué un rôle essentiel dans la promotion et la défense de la culture québécoise. Ces dernières années, de nombreux commentateurs de l'actualité politique ont quasi annoncé sa mort imminente, mais cela était fort imprudent. Comme il fut imprudent de considérer le Parti québécois de Paul-St-Pierre Plamondon comme mort il y a quelques années à peine. Il faut se garder de ce raccourci facile sur la disparition du PLQ auprès de l'électorat francophone et de son cantonnement dans les bastions anglophones de l'ouest de l'île de Montréal.

Crier à la mort du PLQ serait donc ignorer non seulement cette légitimité historique, mais aussi le vaste réseau d'appui qu'il entretient auprès d'une partie de la population francophone qui compte sur lui pour représenter ses intérêts et défendre ses valeurs.

Pablo de retour chez lui au Québec

Pablo Rodriguez, ancien ministre des Relations canadiennes et de la Francophonie, du transport et lieutenant politique de Justin Trudeau dans le gouvernement fédéral, incarne un renouveau et apporte avec lui une riche expérience politique, des compétences précieuses, ainsi qu'une connaissance fine des enjeux qui touchent les Québécois. Son choix de revenir au Québec s'inscrit dans un mouvement plus large qui vise à rassembler les voix francophones et à renforcer le lien essentiel entre le PLQ et cette communauté. Avec les défis contemporains tels que la montée des nationalistes et des partis identitaires, le PLQ doit s'affirmer et rappeler aux électeurs son rôle central dans la protection de la langue française et de la culture québécoise, tout en naviguant dans un paysage politique changeant. La présence de leaders comme Rodriguez permet de forger des ponts solides avec l'électorat francophone, tout en reconsolidant les valeurs libérales qui encouragent l'ouverture et la diversité, caractéristiques d'une société inclusive et dynamique.

Il est important de reconnaître que le paysage politique québécois est en constante évolution, et que les fluctuations électorales ne doivent pas masquer la capacité d'un parti à se réinventer et à proposer des solutions innovantes. De nombreuses voix au sein du PLQ appellent à un renouvellement des idées et des stratégies pour rejoindre une population de plus en plus critique, qui attend de ses représentants une réponse à ses préoccupations et à ses aspirations. Cette autoévaluation et ce désir d'innovation témoignent d'une vitalité toujours présente, animée par un engagement profond envers le bien commun et d'une volonté d'adaptation aux réalités d'aujourd'hui.

L'épouvantail du méchant gouvernement Trudeau, ennemi du Québec, ne collera pas auprès de l'électorat francophone québécois. Je vous le prédis. Le Parti Libéral du Québec est tout sauf mort auprès des francophones. La candidature de Pablo Rodriguez, ce petit gars de Sherbrooke, fils d'immigrants, en est une preuve éloquente. Il est trop tôt pour savoir s'il deviendra le prochain chef du PLQ ni si je souhaite son élection, mais sa venue me réjouit au plus haut point. Pablo Rodriguez offre une alternative fort intéressante à celle et à ceux qui en ont assez des « nationaleux » et des politiques de division au Québec et au Canada. Ceux qui comme moi pensent que les querelles de bouts de chiffon (la loi sur la laïcité) et l'épouvantail d'un nouveau référendum ne sont pas les outils gagnants pour assurer la prospérité du Québec et son avenir au sein du Canada. Pour se montrer optimisme devant l'avenir, il faut se rappeler que la descente aux enfers du PLQ est liée à des effets conjoncturels.

La descente aux enfers des libéraux

L'émergence des partis comme la Coalition Avenir Québec (CAQ) et Québec solidaire (QS) a mis la pression sur le PLQ, et l'a relégué aux enfers, surtout dans une conjoncture d'une très grande fatigue de la population envers les questions constitutionnelles. Ce n'est pas un hasard si la descente aux enfers des libéraux coïncide avec celle du Parti québécois. Ils sont deux scorpions dans une même bouteille. Ce contexte hier défavorable est devenu aujourd'hui une opportunité de revitalisation. Plutôt que de voir le PLQ comme une force en déclin, il convient de le considérer comme un acteur toujours pertinent, capable de rassembler des alliés autour d'un projet commun pour l'avenir du Québec, unissant ainsi les forces vives de la province. La diversité des opinions au sein du PLQ est sans doute une richesse, permettant de présenter une plateforme variée et nuancée qui résonne auprès de différentes catégories de la population, qu'il s'agisse des jeunes, des aînés, des travailleurs ou des groupes marginalisés. En ce sens, l'avenir du PLQ ne peut être que revigoré avec l'arrivée de candidat de qualité comme Pablo Rodriguez.

Pablo, une alternative intéressante.

Quel avenir pour le PLQ ?

En somme, l'implication de Pablo Rodriguez au sein du PLQ représente bien plus qu'un simple retour. Elle marque le début d'une étape déterminante pour ce parti devant un électorat francophone en mutation et en quête d'authenticité. Bien que des doutes subsistent, il est prématuré d'enterrer le PLQ, car sa longue histoire, son empreinte indélébile sur la politique québécoise et l'engagement continu de ses membres garantissent qu'il est encore en mesure de jouer un rôle majeur sur la scène politique au Québec. La renaissance du PLQ dans le cœur des Québécois, encouragée par des leaders comme Rodriguez, est tout à fait possible et peut même être imminente, à condition que le parti réussisse à se renouveler et à répondre adéquatement aux attentes d'un électorat en constante évolution. Il serait aussi prudent pour les commentateurs de la chose politique de se rappeler qu'il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué...


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