Le Musée des beaux-arts de Sherbrooke présente depuis le 19 juin Molinari. Morceaux choisis, une exposition réalisée par le Musée en collaboration avec la Fondation Molinari. L'événement se poursuit jusqu'au 11 octobre 2010.
L'exposition
Très tôt considéré comme le maître de l'art abstrait québécois, Guido Molinari connaît une carrière très prolifique. Il développe un langage pictural particulier, qu'il élabore autour de compositions non figuratives et d'espaces chromatiques expressifs et dynamiques, excluant toute forme de représentation traditionnelle. Son travail sur la couleur, dans ses œuvres aux bandes verticales contrastées ou uniformément colorées, invite le spectateur à vivre et à s'imprégner des vibrations issues de la juxtaposition de couleurs pures. Soutenu par la rigueur de ses recherches et la constance de ses expérimentations picturales, l'itinéraire artistique et théorique de Molinari s'échelonne sur plus de 50 ans. La trentaine d'œuvres de l'exposition, peintures et œuvres sur papier, couvre toutes les périodes de la production de l'artiste.
La démarche
Il n'est certes pas possible de résumer l'œuvre, foisonnante et complexe, de ce très grand peintre canadien au moyen de quelques «morceaux choisis». Mais, plus modestement, on peut essayer de transmettre au visiteur de bonne foi le goût d'en savoir plus long sur l'aventure plastique de Molinari et, en tout état de cause, de vivre une expérience très personnelle de la couleur...
Au début de sa carrière, «Moli» se donne des échéances très courtes. Nous sommes dans les années qui suivent le Refus global et le mouvement automatiste, et le peintre vient de découvrir le travail de Mondrian et de Jackson Pollock, deux positions radicales qui l'inciteront à foncer lui-même dans toutes les directions. Au début des années cinquante notamment, il ira jusqu'à peindre l'obscurité ou les yeux bandés pour réaliser de vrais tableaux automatistes, avant de s'attaquer à une fameuse série de tableaux en noir et blanc qui ne manquera pas de déconcerter le milieu. Comme celle de Mondrian, l'œuvre de Molinari sera alors perçue comme «expérimentale, et donc impropre à être exposée à côté d'autres artistes».
Il reviendra bientôt à la couleur qu'il ne cessera plus de faire chanter dans des structures aussi dynamiques que conviviales, pour peu que le regardeur prenne le temps de les lire et, surtout, de les relire dans la mesure où, d'une fois à l'autre, les tableaux de Molinari ne respirent jamais au même rythme. Gilles Daigneault, directeur de la Fondation Guido Molinari
Les notes biographiques
Guido Molinari est né en 1933 à Montréal où il ne suit que quelques cours à L'École des beaux-arts et à l'École du Musée des beaux-arts, entre 1948 et 1951. En 1953, il présente sa première exposition particulière à l'Échourie et, trois ans plus tard, il expose aux États-Unis pour la première fois. Très tôt, cet autodidacte est considéré comme le maître de la peinture abstraite au Canada. En 1965, il est présent à The Responsive Eye, la grande exposition du Museum of Modern Art de New York, avant de représenter le Canada à la 34e Biennale de Venise, en 1968, où il remporte le prestigieux prix de la David E. Bright Foundation. En 1976, la Galerie nationale du Canada lui consacre une solide rétrospective et profite de l'occasion pour publier un volume de ses «écrits sur l'art». En 1980, il est le plus jeune lauréat du prix Paul-Émile-Borduas. En 1995, Le Musée d'art contemporain de Montréal lui consacre une ultime rétrospective. Guido Molinari est décédé à Montréal en février 2004.
La Fondation Guido Molinari
La Fondation Guido Molinari résulte d'un geste généreux de l'artiste, destiné à valoriser et à perpétuer son travail de création, en organisant notamment, dans son ancien studio situé dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, un centre de documentation, de conférence, de diffusion et de création, susceptible d'encourager aussi de jeunes artistes émergents. La Fondation est dirigée par un conseil d'administration de neuf personnes qui avaient été recrutées par l'artiste avant son décès. Son comité administratif est constitué de messieurs Tom Hopkins et Guy Molinari (vice-présidents) et Maurice Forget (secrétaire).
Le Musée des beaux-arts de Sherbrooke, soutenu financièrement par le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine et par la Ville de Sherbrooke, accueille les visiteurs du mardi au dimanche, de 12h à 17h. Il est situé au centre-ville, au 241 rue Dufferin. Coûts d'entrée : 7,50 $, adulte; 6 $, aîné; 5 $, étudiant; forfaits familiaux disponibles. Visite commentée en français: mardi à 14h. Visite commentée en anglais ou visite de groupes : en tout temps, sur réservation. À la période estivale, du 24 juin au 5 septembre, le Musée ouvre ses portes tous les jours de 10 h à 17h. Du 8 juillet au 28 août, du mercredi au samedi : de 10h à 20h, les soirs de représentation du spectacle Omaterra
Sources : Lise Boyer, la Fondation Molinari, le Conseil des arts de Montréal
