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L’héritage

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 9 février 2022

Jeudi dernier, le premier ministre du Québec François Legault était à Sherbrooke pour faire l'annonce de la création de la zone innovation nommée Sherbrooke quantique. Cela pourrait générer des investissements de 435 millions de dollars dans les cinq prochaines années dont 131 millions proviendront du Gouvernement du Québec. Cette nouvelle longtemps attendue à Sherbrooke vient consacrer la mutation économique de Sherbrooke qui passe d'une économie à forte intensité de main-d'œuvre héritée du 19e siècle à une économie à valeur ajoutée et à une ville branchée sur le 21e siècle. Une grande nouvelle pour Sherbrooke et sa région. Quelques réflexions autour d'une idée qui date de plus de 40 ans : la restructuration d'une vieille économie héritée du 20e siècle en une économie à valeur ajoutée.

La zone innovation

Cette réalisation, il faut le rappeler, est le résultat de la concertation de six organisations sherbrookoises qui sont les chefs de file du milieu sherbrookois : la Ville de Sherbrooke, Sherbrooke Innopole, l'Université de Sherbrooke, le Collège de Sherbrooke, Productique Québec et le Centre de formation professionnelle 24 juin du Centre de services scolaires de la région de Sherbrooke. Comme l'ont dit les divers participants à la conférence de presse de jeudi dernier, cette désignation de Sherbrooke comme zone d'innovation est le fruit d'un labeur collectif et d'une mise en commun de nos ressources. Un tel projet doit compter sur l'apport de chacun, liés les uns avec les autres comme les maillons d'une chaîne. Une zone d'innovation est une stratégie de développement du savoir et de la science, mais aussi, comme le rappelle le communiqué de presse de Sherbrooke Innopole, un lieu de création de milieux de vie et de développement économique et social. La mairesse de Sherbrooke ne se trompe pas lorsqu'elle déclare : « la zone d'innovation, c'est une belle opportunité pour Sherbrooke ! Ce sont des emplois de qualité dans un domaine d'avenir et on veut les intégrer à des milieux de vie dynamiques et attrayants. » Pour sa part, le recteur de l'Université de Sherbrooke a déclaré : « le dynamisme des activités de recherche partenariale de l'Université de Sherbrooke et notamment de son Institut quantique lui permet de s'engager activement avec ses partenaires pour favoriser le développement social, culturel et économique. La zone d'innovation représente un magnifique exemple de l'esprit de concertation qui anime les acteurs de Sherbrooke. »

Esprit de concertation certes, mais aussi, et surtout une volonté de persistance. La zone d'innovation existe parce qu'elle a fait l'objet d'un engagement de notre milieu depuis près de 40 ans à la faveur d'une idée simple : transformer l'économie sherbrookoise en une économie à valeur ajoutée. Cela prend ses racines en 1987 alors que les libéraux au pouvoir ont voulu réparer les injustices du gouvernement du Parti québécois qui dans un sommet socio-économique tenu en 1984 avait refusé tous les projets liés au développement de ce que l'on avait appelé alors les hautes technologies. Une histoire qui part de 1987 et qui se termine en 2022 avec l'annonce de jeudi dernier. Faisons-en le récit.

Un peu d'histoire

1984. Le gouvernement de René Lévesque tient un sommet socio-économique en Estrie, comme il l'a fait dans plusieurs autres régions, tous les projets liés à ce que l'on appelait la haute technologie sont rejetés.

1985. Au profit d'une campagne électorale, les libéraux sous le leadership d'une nouvelle venue Monique Gagnon-Tremblay s'engagent à réaliser les projets rejetés par le gouvernement du parti québécois liés à la restructuration de l'économie de Sherbrooke et de l'Estrie.

1987. Les libéraux tiennent parole dans le cadre d'une conférence biennale de l'Estrie et donnent l'aval de leur gouvernement pour les projets liés à la haute technologie parmi lesquels l'un permet la naissance de Microtec et d'une pléiade de projets de nature économique. C'est à partir de ce moment que la région de Sherbrooke et de l'Estrie sera reconnue par le gouvernement du Québec comme l'un des trois pôles technologiques du Québec avec Montréal et la région de Québec. Une reconnaissance majeure du gouvernement de Robert Bourassa qui a permis de sauver plus d'une fois notre Faculté de médecine et des sciences de la santé ainsi que notre Centre hospitalier universitaire. L'une des grandes réalisations de la députée-ministre Monique Gagnon-Tremblay.

Malgré cette reconnaissance, la transition économique de l'Estrie s'est fait attendre. Elle se fait d'ailleurs encore attendre aujourd'hui. Quoi qu'il en soit, cette restructuration de l'économie sherbrookoise et de notre région n'aura jamais été possible sans le leadership de l'Université de Sherbrooke. Notre joyau régional le plus précieux. C'est d'ailleurs sous le leadership de cette université et de son recteur d'alors le professeur Bruno-Marie Béchard Marinier qu'est née l'initiative du pôle universitaire, un outil de concertation puissant de tous nos centres de recherche et de nos institutions d'enseignement. L'action énergique de ce pôle universitaire n'a pas tardé à créer des tensions dynamiques avec la vision du développement économique de Sherbrooke et de ses responsables. Cela s'est dénoué au profit d'un sommet économique tenu à l'initiative du maire de l'époque de la Ville de Sherbrooke, Jean Perrault. C'est dans le cadre de ce sommet économique que tous les principaux décideurs de notre ville ont décrété que Sherbrooke devait devenir un pôle d'innovation reconnue à l'échelle internationale.

La naissance de Sherbrooke Innopole

L'un des gestes les plus structurants fut la refondation de notre structure de développement économique qui est devenu Innovation et développement économique Sherbrooke. Cet organisme refondé s'est doté d'une nouvelle direction en la personne de monsieur Pierre Bélanger. Son premier geste fut de créer une image de marque forte autour de son organisme et de lui donner un nouveau nom : Sherbrooke Innopole. Il a aussi insufflé une nouvelle énergie au développement de notre économie en mettant de l'avant une stratégie de cinq filières clés et en créant une collaboration étroite avec nos centres de recherche et nos universités. Durant son séjour parmi nous, Pierre Bélanger a réussi à faire de Sherbrooke un lieu d'innovation reconnu comme peuvent en témoigner les cahiers Innovation publiés par le quotidien La Tribune à l'initiative de son regretté rédacteur en chef, monsieur Maurice Cloutier. Madame Josée Fortin qui avait pris la relève de monsieur Bélanger a poursuivi dans la même voie et elle a travaillé de concert avec l'Université de Sherbrooke à développer un projet de zone innovation quantique à Sherbrooke. C'est ce qu'a annoncé jeudi dernier le premier ministre du Québec, François Legault. Monsieur Legault, en reconnaissant à Sherbrooke ses qualités d'innovation en matière de recherche de pointe, la physique quantique, s'est inscrit dans les traces de l'ex-premier ministre Robert Bourassa qui fut le premier à reconnaître Sherbrooke et l'Estrie comme l'un des trois pôles technologiques du Québec.

L'avenir

Nous ne savons pas encore précisément ce que signifie concrètement cette reconnaissance. Tout est à faire et tout est à inventer. Chose certaine, jamais Sherbrooke et sa région n'auront été aussi près de ce vieux projet de restructurer notre économie en une économie à valeur ajoutée. La mairesse de Sherbrooke, madame Évelyne Beaudin, a bien compris cet enjeu en déclarant qu'elle voyait dans cet événement « le passage d'une ville industrielle et manufacturière à une communauté urbaine, intelligente, technologique et branchée. » Bien sûr, comme d'autres, elle sait que tout est à faire et elle a reconnu que : « Cette opportunité vient aussi avec d'importants défis en matière d'aménagements de territoire, d'infrastructures stratégiques et de logements. »

Vous savez quoi, je suis heureux de réaliser que les efforts d'hier sont enfin devenus une réalité tangible. Je suis encore plus heureux de constater qu'une nouvelle génération au pouvoir souhaite adapter cela aux réalités d'aujourd'hui. C'est rassurant de voir une nouvelle génération se prévaloir des efforts des générations précédentes et de prendre acte qu'elle désire revendiquer pleinement l'héritage légué...



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