Dans l'univers, je choisirais d'être Virginie Cummins
Notre monde n'est pas dépourvu d'empathie.
L'empathie est bien moins visible qu'il le faudrait, cela
dit. Elle est bien camouflée sous une couche de conneries politiques, de
mensonges et d'insultes sur les médias et sous le tissu social qui déchire de
partout.
Mais elle est là, dans l'univers.
L'empathie, c'est la capacité de comprendre ce que l'autre
vit. Ce qu'il ressent. C'est aussi la clé qui permet d'entrer en mode
accompagnement de quelqu'un.
Lacune majeure dans les hautes sphères de notre monde
contemporain : on cherche à imposer un modèle bien plus fort qu'on cherche à
comprendre. La paix dans le monde ne peut pas être imposée. Elle est basée sur
une responsabilité partagée. Donc, elle stagne dans un monde où le
chacun-pour-soi domine. Dans un monde où a bien plus de droits et libertés que
de devoirs et responsabilités.
Dans l'univers idéal, je serais Virginie Cummins...
Peut-être n'avez-vous pas le référent, mais vous devriez
quand même saisir mon point de vue.
Je parle de l'univers en référant à En direct de l'univers,
l'émission du samedi soir à Radio-Canada, qui propose d'entrer dans l'univers
musical d'une personnalité différente chaque semaine.
Je marchais dans mon quartier, l'autre matin. La ville
dormait. La ville, c'est comme un bébé : c'est beau quand ça dort ! Allez, je
badine : il y a du beau partout, mais il est parfois moins à la vue, c'est
tout !
À la maison, nous sommes fidèles à En direct de l'univers.
J'en ai déjà parlé dans cette chronique. France Beaudoin est devenue cette amie
qu'on voit et qui ne nous voit pas.
Un orchestre d'un talent inouï, appuyé par des choristes
méticuleux, polyvalents et talentueux au possible, accompagne des artistes
établis autant que des proches de l'artiste invité. Des proches qui ne sont pas
des chanteurs, souvent !
C'est là que la magie opère.
Donc, ce matin-là, je marchais dans mon quartier et je me
suis demandé : si j'avais à occuper le rôle d'une personne de l'équipe, je
choisirais lequel ?
Je me suis répondu, du tac au tac : je serais Virginie
Cummins.
Virginie, c'est la choriste phare. Celle qui fait gambader
sa voix du grave à l'aigu avec une aisance incroyable. Celle qui se tient tout
près des artistes et des proches qui sont invités à chanter.
Il y a des années que je l'entends moduler la puissance de
sa voix pour venir appuyer quelqu'un qui a oublié les paroles ou qui s'enfarge
un peu. Chaque fois, je suis ému. Cette façon d'appuyer l'autre tout en restant
dans l'ombre, c'est la définition que je me fais de l'accompagnement. L'idée
n'est pas que les gens sachent qu'elle a sauvé le show. L'idée, c'est que les
gens retiennent la charge émotive de la prestation livrée par le proche de
l'artiste.
Il nous manque de Virginie Cummins dans ce rôle précis en
société.
Se savoir appuyé donne de la force. De l'assurance. C'est se
sentir capable de sortir de sa zone de confort et de savoir que quelqu'un
d'empathique nous appuiera discrètement.
Se savoir appuyé, c'est pouvoir avancer de façon autonome,
sachant que le potentiel faux pas n'entachera en rien la valeur de l'acte qu'on
pose.
Bien sûr, c'est une équipe exceptionnelle qui est sur scène
dans ce rendez-vous télévisuel hebdomadaire. Une équipe assez solide pour vivre
le tout en direct. Pas de léchage de postproduction. Pas de « on la refait! ».
Juste du vrai. De l'humain.
Mais c'est le nom de Virginie Cummins qui m'est venu, comme
par réflexe.
Je me suis demandé, ensuite : je fais ça, moi, dans la vie,
du Virginie Cummins?
Grande question. Mais je sais qu'une chose est sûre : on
peut toutes et tous être des Virginie Cummins à notre façon. Être humblement
attentif à l'autre et ne pas l'écraser au premier faux pas, ce serait déjà un
départ...
Clin d'œil de la
semaine
L'Action de grâce, c'est une occasion
d'apprécier ce qu'on a. Reste à savoir si on apprécie ce qu'on est.