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C-18, Trudeau se trompe de cible

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 19 juillet 2023

Le Sherbrookois d'origine et ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, se débat comme un diable dans l'eau bénite pour civiliser les grands du Web et venir en aide aux médias qui peinent à survivre dans un nouvel environnement qui met à mal leur modèle économique. Les médias d'information se meurent et la démocratie ne peut qu'en faire les frais. L'adoption par le gouvernement Trudeau de la loi C-18 est un geste phare, mais qui rate son objectif en posant le bon diagnostic, mais en peinant à offrir une véritable solution. Réflexions libres sur la loi C-18.

C'est quoi la loi C-18 ?

Si l'on se réfère au projet de loi lui-même publié sur le site de Justice Canada, voilà ce que l'on apprend eu égard au projet de loi C-18 : Loi concernant les plateformes de communication en ligne rendant disponible du contenu de nouvelles aux personnes se trouvant au Canada : « De nombreux Canadiens consultent du contenu de nouvelles rendu disponible par des intermédiaires de nouvelles numériques. Le projet de loi C-18 vise à promulguer la Loi sur les nouvelles en ligne (la "Loi"), qui propose l'établissement d'un cadre pour réglementer les plateformes numériques qui servent d'intermédiaires dans l'écosystème de médias d'information au Canada afin de renforcer l'avoir sur le marché canadien des nouvelles numériques. Ce projet de loi établit un nouveau cadre de négociation visant à aider les entreprises de nouvelles à obtenir une indemnisation équitable lorsque leur contenu de nouvelles est rendu disponible par des intermédiaires de nouvelles numériques qui dominent le marché et que ces intermédiaires en tirent des avantages économiques. Ce cadre a pour but de favoriser l'équilibre des négociations entre les exploitants d'intermédiaires de nouvelles numériques qui dominent le marché et les entreprises de qui relèvent les médias d'information qui produisent ce contenu de nouvelles. Le projet de loi prévoit également un processus d'arbitrage sur l'offre finale qui peut être utilisé en dernier recours dans les cas où les parties ne parviennent pas à négocier un accord, si l'une d'elles souhaite entamer ce processus. Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (le "Conseil") sera chargé de l'exécution et du contrôle d'application de la Loi. »

Si l'on prend cette explication du projet de loi au pied de la lettre, on comprend que l'on pose comme hypothèse principale que les géants du Web font un profit sur le travail des autres en l'occurrence des journalistes rémunérés par les médias d'information. On profite donc du travail des uns (les médias traditionnels) pour enrichir les autres (les géants du Web). On parle d'une indemnisation équitable des médias pour leur contenu. Or, il n'est pas établi que la source des profits des réseaux sociaux que l'on veut partager avec les médias dits traditionnels soit le contenu des médias diffusés sur le Web. Si cela s'avère, la décision de Méta de retirer ces contenus de son réseau devrait se traduire par une baisse appréciable de ses revenus. Or, si les dirigeants de ces réseaux sociaux prennent la décision de retirer le contenu des médias d'information plutôt que de les dédommager, c'est peut-être signe qu'ils ne craignent pas de voir leurs revenus fléchir, ne croyez-vous pas ?

En fait, les motifs qui expliquent l'échec du modèle économique traditionnel sont plus structurels que conjoncturels. On assiste dans le monde des médias au même phénomène que dans la location à court terme avec les Airbnb, dans l'industrie du taxi avec UBER ou du streaming pour le cinéma. Les changements technologiques induits par la révolution de l'information et le triomphe du numérique viennent profondément changer nos modes de vie, de produire et de consommer. Ce qui ne signifie pas pour autant que les gouvernements ne doivent pas agir pour réglementer ces nouvelles industries.

Mariage obligé malgré l'absence d'amour...

Le rôle des grands du Web et des médias traditionnels est essentiel dans la diffusion de l'information et l'influence sur l'opinion publique. Voici quelques éléments à prendre en compte concernant ces acteurs :

Grands du Web :

Une image contenant texte, capture d'écran, logo, GraphiqueDescription générée automatiquementDiffusion de l'information : Les géants du Web, tels que Google, Facebook, Twitter et YouTube, ont une portée mondiale et permettent de diffuser rapidement et efficacement des informations à un large public.

Contrôle des plateformes : Ces entreprises détiennent des plateformes où les utilisateurs peuvent publier et partager du contenu, ce qui leur confère un pouvoir important dans la modération et la curation de l'information.

Algorithme et personnalisation : Les grands du Web utilisent des algorithmes pour personnaliser l'expérience des utilisateurs, en leur recommandant du contenu en fonction de leurs préférences. Cela peut créer des bulles de filtres et renforcer les biais cognitifs.

Publicité et monétisation : Les géants du Web génèrent une grande partie de leurs revenus grâce à la publicité en ligne, ce qui peut influencer la manière dont l'information est présentée et promue.

Médias traditionnels :

Crédibilité et vérification de l'information : Les médias traditionnels, tels que les journaux, les chaînes de télévision et les stations de radio, sont souvent perçus comme des sources d'information crédibles et font l'objet de processus de vérification journalistique.

Ressources et expertise : Les médias traditionnels ont généralement des ressources plus importantes pour mener des enquêtes approfondies, effectuer des reportages sur le terrain et fournir une analyse détaillée de l'actualité.

Responsabilité éditoriale : Les médias traditionnels sont soumis à des normes éthiques et professionnelles, ainsi qu'à des réglementations gouvernementales qui encadrent leur fonctionnement et leur contenu.

Hiérarchie de l'information : Les médias traditionnels déterminent souvent l'ordre et la présentation de l'information, en sélectionnant les sujets qui méritent d'être couverts en première page ou dans les émissions principales.

Il est important de noter que le paysage médiatique évolue rapidement et que les frontières entre les médias traditionnels et les géants du Web deviennent de plus en plus floues. De nombreuses publications traditionnelles ont également une présence en ligne et utilisent les réseaux sociaux pour diffuser leur contenu. La question de la réglementation et du contrôle de ces acteurs est également un enjeu majeur, notamment en ce qui concerne la désinformation, la confidentialité des données et la concentration du pouvoir médiatique.

On constatera que les médias dits traditionnels ont besoin des géants du Web et que la société, la démocratie a besoin de ces médias pour vivre sainement dans le cadre d'un meilleur vivre ensemble. Le problème avec le projet de loi C-18 ce n'est pas le diagnostic posé, mais la solution proposée qui vise à obliger des tiers à s'entendre et à demander par la suite à des bureaucrates, le CRTC, de juger si cela est acceptable ou non. Les règles du jeu sont alors floues et ne permettent pas à une industrie la prévisibilité, ce qui est essentiel à toute planification digne de ce nom.

Y a-t-il une solution alors ?

Si la solution n'est pas la loi C-18, quelle est-elle alors me direz-vous ? Je ne le sais pas plus que vous. Néanmoins, je crois qu'il est important que les utilisateurs des réseaux sociaux aient accès au contenu de nos médias d'information. Je crois aussi que la solution réside dans un meilleur partage de revenus publicitaire entre les médias traditionnels et les géants des réseaux sociaux. C'est pourquoi je pense qu'il serait judicieux de trouver une solution qui s'attaque aux problèmes à la source soit les décisions de milliers d'entreprises qui choisissent de placer leur publicité sur Google ou sur Méta plutôt que dans les médias traditionnels. C'est là que le bât blesse. La solution plutôt que de créer un nouveau terrain de jeu pour des bureaucrates fédéraux c'est à mon avis d'imposer une taxe de 50 % du coût sur toutes les publicités mises sur les réseaux sociaux. Cela viendrait faire infléchir la propension des entreprises à investir sur ces plateformes. En même temps, les médias traditionnels doivent améliorer leurs produits s'ils veulent attirer ces dollars publicitaires. Il faut passer à l'offensive plutôt que de se comporter comme des mendiants. Le changement de nos modes de vie est là pour de bon. Il faut s'adapter et adapter nos médias d'information en conséquence. Le gouvernement Trudeau pose le bon diagnostic, mais propose la mauvaise solution. Il se trompe de cible...


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