Alors que 1995, le 4ᵉ volet de la trilogie
autobiographique de Ricardo Trogi connaît un fabuleux départ en salle avec des
recettes de 700 000 $ en moins d'une semaine, l'équipe du film était de
passage à Sherbrooke, hier, pour une présentation spéciale.
Deux salles plutôt qu'une étaient combles, hier soir, à la
Maison du cinéma pour accueillir l'équipe du film le plus attendu de l'été.
Après le visionnement qui a paru ravir l'ensemble des spectateurs, une période
de questions/réponses s'est ensuivie, permettant aux fans d'interagir avec
Ricardo Trogi, Jean-Carl Boucher, Sandrine Bisson et Rose Adam.
(Ricardo Trogi et Jean-Carl Boucher/ Estrieplus)
1995 ne déçoit
pas. Avec ce 4ᵉ opus, Ricardo Trogi poursuit le même chemin qui l'a mené
aux succès de 1981, 1987 et 1991 ; c'est-à-dire cet humour affûté si propre à lui, une
narration savoureuse et authentique ainsi que des acteurs formidables.Ce dernier volet nous fait découvrir la période où le
Ricardo Trogi que l'on connait aujourd'hui pour ses qualités de réalisateur, a
fait ses premiers pas dans le domaine. Toujours avec la même spontanéité et le
même humour, on a accès ici à un peu plus de sensibilité et d'intériorité,
peut-être livrées par un Jean-Carl Boucher parfait dans son interprétation. Il
semble qu'aucun autre acteur n'aurait pu incarner Ricardo Trogi, qui ne fait
qu'un avec son alter ego.
Synopsis
En 1994, Ricardo, 24 ans, est tout près d'abandonner son
rêve d'être cinéaste alors qu'un appel change sa vie : après trois dépôts
de candidature, il est sélectionné pour participer à la populaire émission
télévisée La course édition 1994-1995, une compétition envoyant huit globe-trotters en herbe à la
découverte du monde par le biais de la création de courts-métrages. Alors qu'il débarque au Caire, en Égypte, les malchances se
succèdent pour donner du fil à retordre à Ricardo qui est à la recherche d'un
sujet pour son film qu'il doit livrer en un temps record. En choisissant de
présenter un sujet sérieux et délicat, il sort de sa zone de confort et fait
rapidement plusieurs apprentissages.
En surface ?
Alors que les autres films de la série mettaient l'accent
sur les amours et la famille de Ricardo, 1995
présente une nouvelle facette du personnage : sa quête personnelle et
professionnelle vers l'artiste qu'il a la conviction d'être. Si c'est son passage à la course Destination monde qui a
lancé sa carrière, 1995 ne fait
qu'effleurer les coulisses de l'émission et de l'aventure qu'y vit Ricardo. La grande majorité du film se déroule en Égypte et bien que
ce choix apporte de la richesse au niveau de la culture et des péripéties,
peut-être demeurons-nous sur notre faim de découvrir l'ensemble du tour du
monde du jeune cinéaste. Le film aurait pu gagner à approfondir certains thèmes
effleurés. On goûte toutefois à un sérieux et à une nouvelle
sensibilité du Ricardo auquel on est habitué, au cœur de superbes images de
désert, de centre-ville et d'humains vivant une réalité toute autre.
Puisque le film suit le périple de Ricardo bien loin de son
Sainte-Foy natal, ses parents et sa sœur sont moins présents dans ce volet,
mais les scènes qui nous les présentent en valent la peine.
Sandrine Bisson est toujours aussi magistrale dans le rôle
de la maman fière de son fils avec toute l'intensité qu'on lui connait. Le
père, joué brillamment par Claudio Colangelo, est touchant de par sa
maladresse, caractéristique à bien des pères de cette époque. Une bien belle scène présente d'ailleurs une discussion
téléphonique père-fils qui pourrait bien vous tirer une larme. Mention spéciale également à l'acteur Shadi Janho
interprétant de façon bien comique l'envahissant Yunnis, rencontré par Ricardo
dans l'avion le menant au Caire.
Somme toute, 1995
est une comédie québécoise de grande qualité : un humour efficace, un
personnage principal d'un naturel désarmant, une famille touchante dans ses
enjeux, une quête de sens qui nous rejoint tous et des références culturelles
nostalgiques et délicieuses. L'univers de Ricardo Trogi fait et fera toujours
l'unanimité.