Même si l'entreprise connaissait des difficultés depuis un
certain temps, la fermeture de Viandes Laroche d'Asbestos aura causé une onde
de choc la semaine dernière. En plus de la centaine d'emplois perdus dans la
MRC des Sources, les impacts de cette fermeture se font sentir jusqu'à Sherbrooke.
Perdre son principal fournisseur
Patrick Pinard est propriétaire de la boucherie Clément
Jacques des Terrasses 777, dans l'Est de Sherbrooke. Il a très mal accueilli la
nouvelle selon laquelle son principal fournisseur de bœuf, Les Viandes Laroche, mettait
la clé sous la porte.
Selon le boucher, c'est le bœuf du Québec qui vient de
mourir. En fait, il estime que la fermeture des Viandes Laroche est le premier
soubresaut d'une catastrophe dans l'industrie agroalimentaire du Québec.
« Tout le monde est à blâmer, directement ou indirectement,
pour cette première fermeture, affirme M. Pinard, qui travaille comme boucher
depuis plus de 20 ans. Les gouvernements n'ont jamais bâti un marché du bœuf
digne de ce nom et les consommateurs, toujours prêts à vanter la vertu du
produit local, finissent chez Costco. Le lait, les œufs, le poulet, ce n'est
qu'une question de temps pour que tout l'agroalimentaire ne s'écroule. »
Patrick Pinard souligne que Viandes Laroche a dû composer
avec des charges financières très importantes, notamment en raison des normes
de qualité exigées par le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation du Québec (MAPAQ). Dans ce domaine particulier, on manque de
cohérence.
« Nos normes sont les plus sévères au Canada, en
Amérique du Nord et probablement dans le monde. Entre autres, je viens de me
faire dire que je serai taxé sur l'emballage, alors que le MAPAQ m'exige de
surremballer mon produit pour éviter les contaminations. »
En 2008, le sceau Viandes sélectionnées des Cantons (VSC)
était apposé sur 25 % du volume de bœuf vendu par la boucherie de M.
Pinard. Aujourd'hui, il pourrait compter sur ses doigts ce pourcentage.
Malgré la fermeture de Viandes Laroche, Patrick Pinard ne
prévoit pas vivre une pénurie de bœuf, ni, sans toutefois en être sûr à
100 %, devoir ajuster ses prix à la hausse.
« Je vais continuer de m'approvisionner, mais
différemment. Mais tout ça, c'est une histoire de cœur et sociale, ce sont 100
emplois qui viennent d'être perdus. »
Un grande perte pour Louis Luncheonette
Le propriétaire de Louis Luncheonette, Pierre Ellyson,
appris la nouvelle de la fermeture de Viandes Laroche avec une grande
tristesse.
« Je l'ai entendue dans les médias et à mon arrivée au
bureau, M. Laroche m'appelait, explique M. Ellyson. Je trouve ça triste, c'est
un homme qui était passionnée et dans le milieu de l'alimentation, il n'en
reste pas beaucoup. »
Pierre Ellyson faisait affaires avec Viandes Laroche pour le
bœuf servi dans ses trois restaurants de Sherbrooke depuis une dizaine
d'années.
« M. Laroche croyait en son produit, il croyait en
l'importance de produire localement. Viandes Sélectionnées des Cantons, c'était
son initiative. J'y croyais aussi, surtout du point de vue éthique. Les
produits locaux, on les délaisse pour une question de sous et je ne peux pas
blâmer personne pour ça. Mais on ne peut pas cacher qu'on paye pour »,
affirme le restaurateur.
Louis Luncheonette a reçu sa dernière livraison de bœuf de Viandes Laroche vendredi dernier. Pierre Ellyson assure qu'il sera le premier
sur le téléphone si l'entreprise relance ses activités.