Malgré l'adoption en 2001 d'une politique de reconnaissance des organismes communautaires intitulée L'action communautaire : une contribution essentielle à l'exercice de la citoyenneté et au développement social du Québec, le soutien financier gouvernemental envers les organismes de défense collective des droits (DCD) stagne.
Mylène Boivert, de Concert'action femmes Estrie, déclare : « Nous n'avons eu aucune indexation depuis l'adoption de la Politique et la hausse du financement de 2008 ne couvre pas la moitié du coût de la vérification comptable exigée en contrepartie par le gouvernement (SACAIS). C'est illogique. »
En 2010-2011, la moyenne du soutien financier gouvernemental pour l'ensemble des organismes communautaires autonomes (tous secteurs confondus) était de plus de 122 000 $. Or, pour les organismes en défense collective des droits, cette moyenne n'était que de 58 715 $. La situation est encore plus catastrophique en Estrie où les 25 groupes de DCD doivent survivre avec un financement annuel moyen de 45 866 $. Ce montant doit couvrir tout les frais de fonctionnement, de salaire, etc. Nous déplorons cette inégalité et considérons que le budget des organismes de défense collective des droits devrait, au moins, être équivalent à celui de l'ensemble des organismes communautaires autonomes. Nous sommes là pour dire au gouvernement que c'est Fini le temps des « Peanuts » ! Après plus de 10 ans, il est plus que temps que le gouvernement nous accorde un rehaussement de notre financement.
Line Marcoux, de la Table d'action contre l'appauvrissement en Estrie, s'insurge contre les impacts du sous-financement sur notre mandat : « Le sous-financement chronique a un impact majeur sur notre capacité à jouer notre rôle dans l'objectif d'améliorer les conditions de vie. Plusieurs groupes ne sont plus capables d'être ouverts 12 mois par année et n'ont qu'un seul employé. De plus, ils ont de la difficulté à couvrir l'ensemble de leur territoire, car le coût des déplacements explose depuis quelques années. »
Nous oeuvrons dans différents domaines des droits fondamentaux : travail décent, logement, égalité, éducation, revenu décent, santé, etc. Notre mission de transformation sociale consiste à faire de l'éducation populaire, des représentations, de l'action politique non-partisane et des mobilisations. C'est d'ailleurs en fonction de ces quatre critères que le gouvernement nous accorde du financement.
Les organismes de DCD ont contribué à plusieurs gains significatifs en matière de droits humains. Par exemple, l'instauration d'un code du logement à Sherbrooke, les améliorations à la Loi de protection du consommateur, l'inscription automatique au supplément de revenu garanti, etc.
Devant l'inertie gouvernementale, le Comité élargi de la TROVEPE, en collaboration avec les organismes de DCD de l'Estrie, a augmenté la pression en organisant plusieurs actions depuis les deux dernières années.
Alexandre Lavallée, de la TROVEPE, annonce : « Après ces actions auprès des élus, nous lançons donc aujourd'hui, une campagne Fini le temps des « Peanuts » ! Pour un financement adéquat de la défense collective des droits. Le premier élément de cette campagne est le lancement d'une pétition papier et en ligne. L'objectif est surtout de se servir de la pétition pour faire de l'éducation populaire afin d'informer les citoyennes et les citoyens de notre rôle et de notre apport à la société, trop souvent méconnu. »
Il y aura des actions régulières au cours des prochains mois, certaines plus ludiques, où nous invitons la population à venir nous rencontrer.
Denis Beaudin, président de la CSN-Estrie et parrain d'honneur de la campagne, déclare avec enthousiasme : « J'ai accepté tout de suite, car le travail fait par les groupes de défense collective des droits est essentiel pour l'amélioration de la qualité de vie. Nous collaborons souvent ensemble, ce qu'ils réussissent à faire avec si peu de moyen est extraordinaire. En plus, c'est temps-ci ce n'est pas les attaques contre les plus démunis qui manquent. »
Le Comité élargi de reconnaissance et de financement est composé de la Table ronde des OVEP de l'Estrie (TROVEPE) et d'organismes membres : Action-Plus de Sherbrooke, Collectif régional d'éducation sur les médias d'information (CRÉMI), Illusion-Emploi de l'Estrie, Mouvement des chômeurs et chômeuses de l'Estrie (MCCE), ainsi que d'autres groupes de DCD : ConcertAction Femmes Estrie (CAFE) et la Table d'action contre l'appauvrissement de l'Estrie (TACAE).
Source : Alexandre Lavallée, coordonnateur de la Table ronde des OVEP de l'Estrie