L'Association étudiante du Cégep de Sherbrooke (AÉCS), qui représente l'ensemble des étudiants de l'institution collégiale, appelle ses membres à tenir une série d'actions directes afin de protester contre la décision de l'administration de la ville de Sherbrooke, entérinée par le conseil municipal, de hausser de 82 % le coût des vignettes de stationnement du Plateau Sylvie Daigle, qui passeront ainsi de 55 $ à 100 $ par session à compter de l'hiver 2010. Cet espace de stationnement en fort mauvais état, situé à proximité du Cégep, est majoritairement utilisé par la population étudiante de l'institution -à vocation régionale-, dont le tiers provient de l'extérieur de la ville.
Pour l'AÉCS, il s'agit d'une décision pour le moins surprenante et injustifiée, prise sans préavis ni discussion avec la direction de l'institution, puisque la grande majorité des usagers n'ont d'autre choix que d'utiliser leurs voitures pour se rendre à leurs cours, n'ayant peu ou pas d'alternative en matière de transport au niveau régional. Pourtant, ces personnes assument tout de même les frais de 50$ par session pour le paiement de la passe universelle de transport en commun, en vertu d'une entente spécifique avec la Société de transport de Sherbrooke. Si l'administration du maire Sévigny justifie cette hausse par une normalisation des tarifs, l'AÉCS y voit plutôt une manœuvre destinée à augmenter, à la veille du temps des fêtes, les revenus de la ville au détriment d'une frange vulnérable de la population, les étudiants, dont les revenus sont moindres et qui vivent souvent dans la précarité. D'autant plus qu'une portion de ces stationnements est réservée aux parents-étudiants, qui peinent généralement à concilier études, famille et travail.
Dans un contexte de lutte au décrochage scolaire et de pénurie de main-d'œuvre qualifiée, l'AÉCS déplore cette décision unilatérale qui risque d'accentuer, au même titre que la hausse prochaine des taxes municipales des propriétaires d'immeubles locatifs, les pressions financières que vivent les étudiants. L'AÉCS se dit également préoccupée par une autre décision de l'administration Sévigny, soit l'abolition du Comité Sherbrooke ville-étudiante, qui risque de marginaliser encore plus les problématiques et réalités vécues par près de 20% de la population sherbrookoise.
En parallèle des négociations menées par l'administration du Cégep de Sherbrooke pour renverser cette décision, l'AÉCS orchestrera les 9, 10 et 11 décembre prochains divers moyens de pression, dont un appel au boycottage par les étudiants de l'achat des vignettes, des piquets de grève sur le site et l'organisation d'une campagne massive de courriels.
Source : Marie-Danielle Larocque, porte-parole de l'AÉCS
Serge Paquin réagit
Le président du Comité exécutif de la Ville de Sherbrooke, M. Serge Paquin a réagi aujourd'hui aux arguments avancés par l'Association étudiante du CÉGEP de Sherbrooke (AÉCS) qui s'oppose à l'harmonisation des tarifs du coût des vignettes de stationnement du Plateau Sylvie-Daigle avec ceux du stationnement du Collège de Sherbrooke.
Rappelons que la vignette de stationnement vendue par le Collège de Sherbrooke coûte actuellement 100$ par session alors que le coût est de 55$ pour se stationner au Plateau Sylvie-Daigle, situé de l'autre côté de la rue. Notons également que le coût d'une vignette de stationnement est de 105 $ par session pour les étudiants de l'Université de Sherbrooke, et ce, pour l'achat d'une vignette ordinaire.
« D'entrée de jeu, il nous semble singulier d'entendre dire que le tarif de 100 $ par session est acceptable dans le stationnement du Collège de Sherbrooke, mais qu'il ne l'est pas de l'autre côté de la rue, au stationnement municipal. Cela dit, il est exact de dire que le stationnement du Plateau Sylvie-Daigle n'est pas en aussi bonne condition que celui du CÉGEP, mais il faut savoir que la Ville s'apprête à remédier à la situation. En plus des investissements majeurs de l'ordre de 3 850 000 $ qui ont déjà été réalisés à la station d'échange de la STS, la Ville s'apprête à investir 350 000$ additionnels dans ce seul stationnement en 2010, une somme qui est déjà prévue au budget, ainsi qu'un million additionnel en 2011 et 700 000$ en 2012. Les usagers du stationnement vont donc bénéficier d'améliorations substantielles en retour de leur investissement », a rappelé Serge Paquin, président du comité exécutif de la Ville de Sherbrooke.
« Sur le fond des choses, il faut aussi comprendre que cette décision reflète l'orientation prise par la Ville de faire la promotion du développement durable sur son territoire. Nous comprenons que certains usagers du stationnement sont des étudiants qui proviennent de l'extérieur du territoire de la Ville de Sherbrooke et n'ont pas nécessairement accès au service de transport en commun offert par la STS. Cela dit, nous souhaitons, dans la mesure de ce qui est possible et réaliste de faire dans une ville de la taille de la nôtre, que l'utilisation de la voiture soit réduite le plus possible et offrir le stationnement à 55$ par session alors que la carte régulière de la STS se vend 60,50 par mois pour nos citoyens, je pense qu'on envoie le mauvais message », a expliqué Serge Paquin.
« De plus, je voudrais simplement préciser qu'il est inexact d'affirmer que le Comité Sherbrooke ville-étudiante a été purement et simplement aboli. Les mandats de ce comité ont été intégrés au sein du mandat plus large du Comité de développement social et communautaire qui est présidé par Mme Mariette Fugère. Le maire est lui-même issu du monde de l'éducation et il n'est absolument pas question de tourner le dos à nos orientations à cet égard, nous restons très sensibles aux préoccupations étudiantes, nous pensons simplement qu'une question d'harmonisation de tarifs de stationnement n'est pas un enjeu lié à notre statut de ville du savoir, mais plutôt une question liée à des enjeux plus larges de développement durable et d'environnement », a affirmé Serge Paquin.
« Enfin, nous sommes désolés que les étudiants n'aient pas appris à l'avance la nouvelle tarification, mais les délais entre la décision et la mise en vente des vignettes ont été très courts, » a conclu Serge Paquin.
Source : Sylvie L. Proulx, cabinet de la mairie