Lettre ouverte aux
médias
Dérive
démocratique : quand des extrémistes décident qui peut se présenter à une
élection au Québec et au Canada...
Le cœur du problème
Une minorité
d'extrémistes tente de m'exclure de l'élection municipale à venir, uniquement
parce que je suis née en Israël. Ce qui est tout simplement aberrant, alors que
je vis au Québec depuis près de 40 ans.
Mais posons-nous la
vraie question : accepterons-nous que des radicaux décident à notre place qui
peut ou non nous représenter au sein d'une assemblée élue démocratiquement?
La réponse collective apportée à cette
question déterminera le pays que nous léguerons à nos enfants et dans lequel
elles et ils vivront demain.
j'aurais voulu
parler d'enjeux municipaux comme les infrastructures, le transport en ville,
les services, mais je ne peux rester silencieuse. Car ce qui est en jeu ici, ce
n'est pas ma personne : c'est de la qualité et de la santé de notre démocratie
dont il est question.
Une méthode
antidémocratique qui nous menace toutes et tous
Des groupes
organisés, donnant dans la haine et l'intimidation, décideraient donc désormais
qui peut participer à la vie démocratique, non pas sur les idées, mais sur des
critères identitaires ?
Aujourd'hui, c'est
mon lieu de naissance qui est visé. Mais demain ? Demain, ce sera votre
religion, l'origine de votre conjoint, votre orientation sexuelle, qui le
seront, si nous acceptons les façons de faire de ces groupes.
Cette logique
d'exclusion ne s'arrête jamais d'elle-même, elle se nourrit et prospère grâce à
nos renoncements et nos compromissions.
Des dégâts
irréparables envers notre démocratie
Le déni n'est plus permis. En 2025, pouvons-nous
accepter au Québec que des citoyens renoncent à se présenter à une élection par
peur des attaques dirigées contre ce qu'ils sont ou ce qu'ils représentent ?
Devons-nous accepter que le débat public soit noyé dans des polémiques stériles
qui détournent l'attention des véritables enjeux démocratiques ? Ne nous leurrons
pas, les premiers affectés par cela seront les électrices et les électeurs que
l'on privera à dessein de leur pouvoir de choisir.
Combien de candidats potentiels se taisent
déjà par crainte ?
Au-delà de
l'antisémitisme
Certaines attaques s'enracinent
dans l'antisémitisme qu'il faut combattre. Mais l'enjeu est plus large: nous
affrontons une méthode qui vise quiconque dérange le narratif « politiquement
correct » du moment.
Ces extrémistes ne
cherchent pas à convaincre les électeurs, mais à les priver du choix
démocratique de désigner leurs représentantes et représentants, en imposant
leurs diktats et leurs agendas. La naïveté ne peut être de mise ici.
Le moment de vérité
Accepterons-nous
cette logique d'exclusion ? Ou rappellerons-nous que seuls les électeurs
décident qui les représente ?
Le silence risque
d'être interprété comme un acquiescement, et un renoncement à nos valeurs
démocratiques.
Je nous invite
collectivement à poser les vraies questions Qui sont ces
groupes ? Comment s'organisent-ils ? Qui d'autre visent-ils ?
Encore une fois,
j''aurais préféré débattre de transport public, de logement abordable, de
revitalisation des commerces de proximité. Car c'est cela, la beauté de la
politique municipale : elle nous ramène à notre humanité commune. Les
nids-de-poule ne discriminent personne, eux.
C'est ce terrain
d'entente que je veux retrouver : une démocratie où nous jugeons les candidats
sur leurs solutions, pas sur leur passeport de naissance.
À nous de regarder
vers l'avenir démocratique que nous voulons construire.
Si nous perdons
cette bataille-ci, nous risquons de les perdre toutes.
Agar
Grinberg