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Une récente étude de l'Université de Sherbrooke met en
lumière le lien entre le temps passé sur internet et l'anxiété chez les
adolescentes, soulignant une vulnérabilité particulière des filles. Le travail
de Gabriel Arantes Tiraboschi lui a valu le prix Relève étoile
Paul-Gérin-Lajoie du Fonds de recherche du Québec.
Une étude rigoureuse
sur le lien entre Internet et anxiété chez les ados
Ces dernières années, le niveau général d'anxiété chez les
adolescentes et adolescents ne cesse d'augmenter. Dans ce contexte, Gabriel
Arantes Tiraboschi, stagiaire postdoctoral à l'Université de Sherbrooke, s'est
penché sur le rôle d'internet dans cette évolution. Son étude, publiée dans
Preventive Medicine Reports, montre que plus une adolescente passe de temps en
ligne à 15 ans, plus elle risque de présenter des symptômes d'anxiété à 17 ans.
Fait marquant : cet effet n'a pas été observé chez les garçons.
Pour cette recherche, Gabriel a utilisé les données de 1 324
jeunes issues de l'Étude longitudinale du développement des enfants du Québec.
Les participants ont été interrogés à 15 ans puis à 17 ans sur le temps passé
sur internet - activités scolaires exclues - et sur leurs symptômes d'anxiété
généralisée et sociale. Grâce à une modélisation statistique avancée, le chercheur
a pu analyser la direction du lien entre temps d'écran et anxiété. Comme le
souligne Gabriel, « c'est un peu comme répondre à la question de l'œuf et de la
poule. Qu'est-ce qui arrive en premier ? »
Pourquoi les filles
sont-elles plus vulnérables ?
L'étude révèle que ce n'est pas l'anxiété qui pousse les
adolescentes à passer plus de temps en ligne, mais bien l'inverse : un usage
intensif d'internet à 15 ans accroît le risque de développer des symptômes
d'anxiété généralisée et sociale à 17 ans. L'anxiété sociale se caractérise par
une peur des interactions où l'on peut être observé ou jugé, tandis que
l'anxiété généralisée se traduit par des inquiétudes persistantes affectant la
vie quotidienne.
Gabriel Arantes Tiraboschi explique que cette différence
pourrait s'expliquer par l'usage des médias sociaux. « Les filles passent plus
de temps sur ces plateformes et sont davantage exposées à des contenus générant
une pression, par exemple en lien avec le mode de vie ou l'apparence physique
», note-t-il. Les médias sociaux peuvent ainsi devenir plus « toxiques » pour
elles, favorisant la comparaison et l'anxiété. Le chercheur prévoit
d'approfondir cette question dans ses futures recherches.
De São Paulo à
Sherbrooke : un parcours dédié à la recherche sur les écrans
Originaire de São Paulo, Gabriel a rejoint l'Université de
Sherbrooke pour collaborer avec les professeures Caroline Fitzpatrick et
Gabrielle Garon-Carrier. Ses travaux en psychoéducation portent sur les effets
des écrans sur la santé des enfants et adolescents. Ses recherches récentes
explorent également l'impact des jeux vidéo sur le TDAH et la motivation
scolaire.
Le prix Relève étoile Paul-Gérin-Lajoie récompense son
travail d'excellence dans le domaine Société et culture, mettant en avant la
qualité de la relève québécoise en recherche. L'Université de Sherbrooke
confirme ainsi sa position parmi les institutions les plus dynamiques en
recherche au Canada, grâce à son approche interdisciplinaire et collaborative.
Source : Julie Laurent, service des
communications, Université de Sherbrooke