Arrêté au feu de circulation, tout le trafic routier immobilisé dans les quatre directions de l'intersection, aucun piéton en vue, tout le monde attend, rien ne bouge, je rêve.
Je rêve à ces villes où il n'y a aucun feu de circulation, aucune signalisation, ni marquage sur la chaussée, ni voie réservée et sans trottoir. Où le trafic est moins rapide et plus fluide, et ce, même s'il n'y a aucune limite de vitesse, et où il y a moins d'accidents. Comme c'est le cas à Drachten, ville de 50 000 habitants, aux Pays-Bas. Ou comme dans plusieurs villes et villages d'Asie.
En 2008, pour la grande région de Toronto et Hamilton (Greater Toronto and Hamilton Area-GTHA), on évaluait le coût de la congestion routière à 6 milliards de dollars par année, montant sous-estimé selon plusieurs. Aux États-Unis, on évalue que le coût des embouteillages atteint plus de 700 $ pour chaque automobiliste américain, soit un montant supérieur à son revenu hebdomadaire moyen. Ces montants représentent le temps perdu dans les embouteillages, le carburant gaspillé, et l'impact sur les prix à la consommation et sur les occasions manquées de croissance économique.
La situation à Sherbrooke
Pour 1 100 kilomètres de routes, 300 kilomètres de trottoirs et 125 kilomètres de pistes cyclables, la Ville de Sherbrooke compte 60 000 panneaux de signalisation routière et 180 intersections munies de feux de circulation qui ont un cycle entre 90 et 120 secondes. En même temps, on évalue que 75 % des usagers de la route ne tiennent aucunement compte des nombreux panneaux de signalisation routière!
« À Sherbrooke, on résume les heures de pointe à 45 minutes le matin, de 8 h à 8 h 45, et à 60 minutes en fin de journée, de 16 h à 17 h. Les routes et les rues les plus achalandées sont la 610, la 410, les alentours de l'université et du CHUS, les rues King, Galt, Portland et Terrill. Les intersections les plus problématiques sont celle à l'entrée de Rock Forest (Bertrand-Fabi, King Ouest, Léger et Bourque) avec près de 60 000 véhicules par jour, l'intersection King, Jacques-Cartier avec près de 55 000 véhicules par jour, et Jacques-Cartier, Portland, les soirs de magasinage. Disons que l'achalandage routier de la région de Sherbrooke est très acceptable. Pour un parcours d'une heure en voiture, on passe entre 10 et 15 minutes immobilisé », explique Jocelyn Grenier, chef de la division infrastructures de transport construction à la ville de Sherbrooke. 
Tout de même, on réévalue régulièrement la pertinence de certains feux de circulation. Ainsi, les feux au coin des rues Bowen et Caen, et ceux de la rue du Conseil et de la 15e avenue ont disparu pour être remplacés par des arrêts-stops. De plus, chaque année, Jocelyn Grenier reçoit près de 400 plaintes ou requêtes : « Le tiers pour des demandes relatives à la vitesse et l'installation d'un arrêt-stop ; un autre tiers pour des demandes relatives au stationnement, des interdictions de stationnement et l'instauration de zones de vignettes de stationnement ».
La division infrastructures de transport et construction dispose d'un budget annuel de 800 000 $ pour toute la signalisation et le marquage des rues, alors que l'entretien des feux de circulation relève d'Hydro-Sherbrooke.
À savoir si Sherbrooke pourrait éventuellement se passer complètement de signalisation, M. Grenier montre certaines réticences : « Les automobilistes ont oublié qu'ils ont déjà été piétons, qu'ils ont déjà été un usager vulnérable de la route. Un piéton ou un cycliste est sensibilisé aux comportements des autres usagers alors que l'automobiliste, à l'intérieur de son auto, perd cette sensibilité. Si les automobilistes sherbrookois avaient un peu plus de patience et un peu plus de courtoisie, on pourrait facilement se passer de 25 % des feux de circulation sur notre territoire », conclut-il.