Mauvaise surprise pour les futurs acheteurs
qui ont l'intention de venir s'installer à Sherbrooke. Le prix des maisons a
encore augmenté de 7,8 % lors du 1er trimestre de 2023 comparativement à 2022.
Ce qui veut dire qu'à l'heure actuelle acheter
une maison qui coûtait près de 350 000 $ coûte maintenant près de 375 000 $.
Les propriétaires sherbrookois demeurent, donc, encore toujours très avantagés
sur le marché immobilier. La raison de cette nouvelle augmentation est fort
simple : il n'y a pas assez de maisons à vendre pour le nombre de
personnes qui veulent en acheter une pour s'établir en Estrie.
L'année dernière, à pareille date, il y avait
sur le territoire de Sherbrooke 1600 maisons à vendre, aujourd'hui il n'en
reste que 600.
Jean-François Bérubé est courtier immobilier
agréé chez Royal LePage Évolution à Sherbrooke et demeure tout de même surpris
:"C'est unique à notre région. Ailleurs, au Québec, ce n'est pas la
même chose.Les prix de nombreuses maisons ont baissé, mais pas ici, alors que
c'est tout le contraire, car la demande des acheteurs et l'offre limitée sur le
marché immobilier résidentiel de Sherbrooke a continué de mettre de la pression
à la hausse sur les prix des propriétés effaçant les traces du seul déclin des
prix survenu entre le deuxième et le troisième trimestre de 2022. Donc la
pénurie de propriétés disponibles sur le marché de Sherbrooke est encore bien
présente ce qui fait automatiquement grimper les prix."
De plus, selon les plus récentes données de
mises en chantier, Sherbrooke accuse aussi un important recul de 73 % de
nouveaux logements en février 2023 par rapport au même mois l'année dernière.
Jean-François Bérubé l'a constaté :"Plusieurs entrepreneurs ont mis le
pied sur la pédale de frein pour Sherbrooke, ainsi plusieurs projets de
construction ont été mis sur pause ce qui fait en sorte que beaucoup
d'acheteurs cherchent ailleurs qu'en ville.» Effectivement, la population
des villes à proximité de Sherbrooke augmente rapidement, les chiffres sont là
pour le prouver.
On peut donc assez facilement constater que la
cause est peut-être en raison de la volonté politique actuelle de la mairesse
de Sherbrooke d'arrêter l'étalement urbain qui donne comme résultat que les
entrepreneurs se sont tournés pour construire leurs logements vers d'autres
municipalités comme Magog ou Coaticook ou de nombreux projets domiciliaires
sont en chantier pour répondre à la demande.
À titre d'exemple, avec le grand nombre
d'entreprises qui se sont installées à Sherbrooke dans les deux dernières
années (le parc industriel et le long de la 10) et ajouter à cela la venue de
nombreux futurs travailleurs pour combler la demande grandissante d'employés
que nécessitera ,par exemple, le nouveau centre du CHUSS, ou encore Ubisoft, le
résultat est garanti qu'il n'y aura pas assez de place pour loger tout le monde
en ville. On a arrêté les projets de construction de logements, alors les gens
n'auront pas le choix de se tourner vers d'autres municipalités avoisinantes
comme c'est le cas présentement. Par contre, en attendant les "nouveaux
logements disponibles" la pénurie de maisons à vendre touche déjà Compton,
Coaticook, Waterville et Dixville où il n'y a pas plus d'une dizaine de maison à
vendre dans les 4 municipalités.
Il faut aussi savoir que si le gouvernement va
de l'avant avec son plan d'interdire les référendums au sein des municipalités,
se sera un changement de cap qui aura comme conséquence que les citoyens des
petites villes ne pourront plus s'opposer à des projets de construction qu'ils
jugent ,à titre d'exemple, à fort risques de mettre en danger l'environnement
ou impliquant la coupe de beaucoup d'arbres. Donc, sans le droit de s'y opposer,
les entrepreneurs auraient le champs libre, mais un arbre qui n'est pas coupé à
Sherbrooke le sera quand même à Compton ou à Coaticook.
M. Bérubé est tout de même optimiste et voit
d'un bon œil les discussions à la ville de Sherbrooke concernant les moyens
d'augmenter l'offre de propriétés sur le marché:" Il est essentiel que
l'on se dote d'une stratégie viable pour la densification douce comme l'une des
solutions à la pénurie d'offre chronique. Je suis toutefois préoccupé par la
demande refoulée qui s'accumule pendant ce temps et qui risque de donner lieu à
des scénarios répétés de fortes hausses des prix".
En conclusion, avec le maintien des taux
d'intérêt par la Banque du Canada, (frôlant les 7,2 % et dont on ignore la
durée) l'arrivée de la belle saison et la baisse drastique des mises en
chantier, la pression sera forte sur le marché de la revente.