C'est le constat qui ressort d'une étude réalisée par le professeur de l'Université de Montréal, Thierry Karsenti, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les technologies de l'information et de la communication (TIC). Cette étude visait à vérifier si l'utilisation d'ordinateurs portables à la Commission scolaire Eastern Townships (CSET) avait des effets positifs sur la motivation des jeunes. Selon les résultats, on apprend que la commission scolaire a vu son taux de décrochage diminuer de 39,4% en 2004 à 22,7% en 2008, en plus de passer du 66e rang au 23e rang provincial. « Un véritable succès », s'est exclamée la directrice générale de la CSET Chantal C. Beaulieu.
Un projet d'envergure
Lancé il y a 7 ans, le projet visait à fournir gratuitement à tous les élèves de la 3e à la 11e année un ordinateur portable pour le travail en classe et à la maison. « On voulait transformer l'éducation, affirme Michael Murray, président de la CSET. On espérait, avec ce projet, que les jeunes se dépêcheraient à aller prendre l'autobus le matin tellement ils auraient hâte d'arriver à l'école. C'est en plein ce qui s'est produit. » Selon M Karsenti, permettre aux étudiants de travailler avec un ordinateur portable est une belle façon d'offrir de l'autonomie et de la motivation aux jeunes. « Ils deviennent en charge de leur éducation, explique-t-il. Le prof est là pour guider, mais l'étudiant apprend à se débrouiller, il est plus attentif. Ça fait toute la différence entre aller à l'école et vouloir abandonner. » Le chercheur affirme d'ailleurs qu'un élève sur 10 à la CSET ne possède pas d'accès internet à la maison. « C'est parfois leur seule façon d'avoir accès à cette technologie et de ne pas se sentir mis à l'écart. » Les élèves se sont vite familiarisés avec leur nouvel outil, mais les professeurs dans tout ça ? « C'est sûr qu'ils ont dû apprendre une nouvelle façon d'enseigner, explique Mme Beaulieu. On leur a fourni des outils, des cours et de l'aide appropriée. Une fois le tout bien assimilé, ils ont pu apprécier le projet.» Interrogés par le chercheur, 95% des professeurs ont avoué « ne plus pouvoir s'en passer. »
De gros défis
L'implantation d'un tel projet ne s'est pas fait sans heurts. D'abord il y a eu les coûts, explique Mme Beaulieu. « On parle d'un emprunt de 15 millions de dollars. Il nous reste environ 6 millions à payer et on aimerait en acheter d'autres pour les élèves de la maternelle à la 3e année. Idéalement, on voudrait que chaque étudiant en ait un. » Sans compter que les ordinateurs ont une certaine durée de vie. « Ça brise, c'est normal, explique Simon Collin, professeur participant à l'étude. Ça prend un financement durable si l'on veut renouveler les ordinateurs. » Le deuxième type de défi que pose l'utilisation d'ordinateurs portables à l'école est plutôt pédagogique. « Les professeurs devaient au départ s'assurer que les jeunes ne se promènent pas sur facebook ou msn pendant les heures de classe, explique M Karsenti. On a été surpris de voir que les jeunes ont vite développé une vision éducative du portable. Ils font attention aux sites qu'ils visitent durant les classes. »
CSRS
Des représentants de plusieurs commissions scolaires étaient présents lors du point de presse hier matin afin d'entendre les résultats de recherche du projet. Le directeur adjoint aux technologies de l'information à la Commission scolaire de la région de Sherbrooke, Philippe Caron trouve le projet fort intéressant. « Il faudrait voir comment on pourrait l'intégrer, assure-t-il. Pour l'instant, on est encore au stade de l'observation, mais on ne dit pas non. » D'ailleurs, M Karsenti croit que toutes les écoles, à travers le Québec, devraient se munir de tels outils, qu'il qualifie de « motivants » pour les jeunes.