Encore une fois ce soir, je vais prouver à tous que je suis le meilleur et que personne ne saura me déstabiliser. L'homme en face de moi pense la même chose en ce moment et c'est ce qui est grisant. Lequel de nous deux réussira à avoir le dessus sur l'autre? Je ne le connais pas, je ne le déteste pas, mais je vais lui montrer que je suis inégalable. L'issue d'un combat n'est pas écrite et certains ne se relèvent jamais, donc une fois la cloche sonnée, je n'aurai plus le temps de réfléchir et mon désir de vivre prendra le contrôle de mon corps tout entier.
Chaque fois que je me bats, c'est comme si je luttais contre la mort.
Certaines personnes nous prennent pour des fous! Pourquoi se battre? Avoir mal et faire du mal à une autre personne? Risquer sa vie!
Ce besoin de se prouver à soi-même qu'on peut s'en sortir et que l'on est les meilleurs est difficile à expliquer, mais il est là, encré en nous.
Ce qui est bien avec ce sport, c'est qu'il permet à plusieurs d'être discipliné : au lieu de frapper n'importe qui, n'importe quand, il y a les entraînements pour satisfaire ce besoin et évidemment le moment ultime : le combat, où nos techniques, nos réflexes, notre endurance et notre force sont mis à l'épreuve. Le plus beau dans tout ça, c'est que la personne en face de nous recherche cette même adrénaline. Pendant ces quelques « rounds », nous assouvissons ce besoin de flirter avec la mort.
Nous y voilà, nous entrons dans cet octogone clôturé. Deux hommes prêts à tout pour ne pas flancher devant l'autre. Presque tout est permis et mon but est de ne pas laisser l'autre m'atteindre.
Mon adversaire est un bon combattant. Il a de très bonnes techniques, mais même si je connais son style, une fois dans cette cage, tout est possible.
La cloche retentit et nous avançons l'un vers l'autre. Je respecte mon opposant, car il a travaillé dur, lui aussi, pour se rendre où nous sommes. Je suis prêt, les peurs et les craintes n'ont pas leurs places dans ce sport. Je vais tout simplement lui prouver que je suis supérieur et qu'il ne prendra pas ma place au sommet de notre catégorie.
Lorsque la distance entre moi et mon adversaire devient pratiquement inexistante, l'adrénaline atteint son apogée et mon cerveau tombe en mode survie. Tout autour de moi disparait. Tous les sons deviennent un grand bruit de fond. Les gens dans la foule qui commencent déjà à crier à peu près n'importe quoi, que ce soit positif ou négatif, ne m'atteignent pas. Mon seul but est de vaincre mon adversaire. Tout ce qui compte à partir de maintenant est de marquer un maximum de points en utilisant mes connaissances et mes techniques.
Mon rival m'assène un coup puissant au corps. La douleur est intense, mais je ne peux pas laisser voir dans mon regard ce qui se passe. Je riposte immédiatement d'un direct à la mâchoire en contrôlant mon agressivité. Il faut toujours riposter plus fort que le coup reçu et si possible, lui faire mettre un genou à terre, mais je dois garder en tête le plan de match : qui est de l'affaiblir le plus possible et de marquer des points.
Mon compétiteur est toujours debout et le duel continu.
Après quelques rounds, une autre minute qui nous est attribuée pour permettre à notre corps de se reposer et donner l'occasion à notre cerveau de revenir à la réalité débute. Mon entraîneur me parle de techniques, me stimule, me motive et m'encourage. Il me garde sur ma lancée, car je mène.
La cloche sonne de nouveau et mon cerveau retombe en mode combat.
Peu importe l'issu de cet affrontement, que je gagne ou que je perde, j'aurai été à la hauteur, car j'aurai tout donné. Mais surtout, je sortirai fier d'avoir encore une fois défié la mort et de m'en être sorti.
Pour plus d'informations. Steve Bégin
