Depuis 2010, la loterie, les paris sportifs et les jeux de casino en
ligne sont autorisés dans toutes les provinces du Canada. Au Québec, le
jeu en ligne est légal à condition que vous jouez sur Espace jeux, la
plateforme légale de Loto-Québec. Toute autre plateforme de jeu en ligne
est considérée comme illégale dans la province. Pourtant, cela
n'empêche pas des milliers de québécois de se tourner vers ces
plateformes dites illégales pour profiter d'une offre plus diversifiée.
Certaines provinces canadiennes qui ont rencontré le même problème ont
fait le choix de libéraliser le marché du jeu en ligne. Le Québec en
fera-t-il autant un jour ? Pour répondre à cette question, nous vous
proposons de passer en revue les raisons qui pourraient justifier cela,
ainsi que les enjeux qu'elle soulève.
Pourquoi ouvrir le marché du jeu en ligne au secteur privé au Québec ?
Peut-être parce que ce modèle a prouvé sa valeur ailleurs ? Dans la province voisine du Québec,
en Ontario notamment, la situation est différente. Depuis que cette
dernière à ouvert son marché à la concurrence, elle a vu ses chiffres
grimper. On parle d'une recette de 7 milliards de dollars environ en
l'espace de trois ans. Aujourd'hui, elle est considérée comme l'un des
plus grands marchés du jeu en ligne, un leader au Canada. D'ailleurs en
2024, une décision de la Cour Supérieure de l'Ontario a jugé le modèle
de Jeux en ligne Ontario conforme au code criminel. Selon Martha Otton,
directrice générale de iGaming Ontario «Le modèle ontarien répond aux
exigences et contribue au bien public en protégeant les joueurs, leurs
données et leurs fonds, tout en aidant à financer les services publics
prioritaires de l'Ontario et en apportant des emplois bien rémunérés et
de haute technologie ainsi qu'un développement économique à l'Ontario».
Impressionné par ce succès, même l'Alberta a manifesté son désir de s'en
inspirer pour réguler son marché du jeu en ligne. Si le texte est voté,
la province créera une nouvelle société pour gérer les contrats avec
les sites de jeux privés.
Du côté du Québec, la situation est
tout autre. La province refuse pour le moment de se séparer de son
système monopolistique, malgré le fait que de plus en plus de joueurs se
tournent vers le marché gris. Le jeu illégal prend de l'ampleur car les
casinos en ligne privés ont des offres plus compétitives et
attractives. Certains proposent des taux de paiement très élevés, de
plus de 96%. En plus de cela, ils intègrent des options de paiement
ultra rapides qui favorisent des dépôts et retraits quasi-instantanés.
Pour profiter de cette offre, les joueurs n'ont qu'à trouver le casino pour jouer en argent réel,
où des experts mettent régulièrement à jour la liste des casinos en
ligne fiables offrant des paiements élevés et rapides. Tout cela fait
que les joueurs se tournent vers ces opérateurs privés ayant obtenu
leurs licences ailleurs, et qui proposent des offres indisponibles sur
les plateformes officielles des provinces monopolistes.
Face à la
prolifération du jeu illégal et au danger que pourrait représenter
certains sites pour la santé sociale, de nombreuses personnes pensent
qu'il serait préférable que le Québec revoit son système de
réglementation des jeux en ligne. Une coalition d'acteurs économiques et
de défenseurs des droits des consommateurs se sont d'ailleurs mobilisés
pour réclamer l'ouverture du marché des casinos en ligne. Pour elle, le
Québec gagnerait à inviter le secteur privé dans la partie. Elle argue
que la libéralisation du marché «générerait des revenus fiscaux
supplémentaires tout en offrant une meilleure protection aux joueurs».
Ce qui est vrai quand on prend l'exemple de l'Ontario.
Depuis que la province ontarienne a adopté son nouveau modèle, les
bénéfices se calculent en milliards. Alors qu'au Québec, en 2023, les
revenus se chiffraient encore en millions. Par ailleurs, légaliser le
secteur privé pourrait favoriser un meilleur encadrement du jeu en ligne
et réduire considérablement le jeu illégal. Une réforme dans ce sens
pourrait aussi créer de l'emploi dans le secteur du numérique et du
divertissement comme c'est le cas en Ontario.
Les enjeux d'une légalisation du secteur privé des jeux en ligne au Québec
Libéraliser
le marché du jeu en ligne au Québec ne signe pas la fin de tous les
problèmes que rencontrent le secteur. Au contraire, cela pourrait même
créer des défis plus importants. Par exemple, avoir plus facilement
accès à plus de sites de jeux pourrait avoir un impact considérable sur
la santé publique. Les joueurs seront davantage confrontés à la
problématique de la dépendance, si l'accent n'est pas mis comme cela se
doit sur le jeu responsable. De plus, la réglementation sera un défi
majeur. Pour encadrer les nouveaux opérateurs, il faudra mettre en place
un cadre juridique
complet. Ce cadre juridique devra couvrir des aspects comme la
sécurité, la fiscalité et la protection des joueurs entre autres choses.
Il faut aussi noter que l'ouverture du marché pourrait potentiellement
faire baisser les revenus des établissements de jeux physiques dans la
province. Ce sont tous ces aspects qui rendent peut-être le gouvernement
québécois réticent à l'idée de satisfaire la requête de libéralisation
de son marché du jeu en ligne.
Pourtant, malgré toutes les
mesures prises par Loto-Québec, le jeu illégal continue de se
proliférer. En plus de son monopole, elle a "l'exclusivité des
publicités sur les chaînes télévisées francophones du Québec". Elle
améliore aussi continuellement son offre tout en misant sur la sécurité
et le jeu responsable. Mais rien n'y fait. Le marché gris prend
définitivement de l'ampleur.
Le jeu en ligne sera-t-il un jour légal au Canada ?
La
libéralisation du marché du jeu en ligne est sans doute une bonne
alternative au problème de la prolifération du jeu illégal au Québec.
Ailleurs, elle a fait et continue de faire ses preuves. À tel point que
d'autres provinces l'envisagent. Face à la situation actuelle dans
laquelle se trouve le Québec, la légalisation
du secteur privé du jeu en ligne semble inévitable, du moins sur le
long terme. Il faudra néanmoins l'encadrer de près pour éviter les
dérives et protéger les joueurs québécois. Mais pour le moment,
Loto-Québec et la province elle-même ne l'envisagent pas.