Les présentations ne sont plus autant nécessaires : Jocelyn Anctil, grand homme d'affaires Estrien, est maintenant connu du plus grand nombre, notamment depuis son passage mardi aux audiences de la Commission Charbonneau.
Il y était en tant que victime d'intimidation dans le milieu de la construction. Son témoignage portait sur une série d'incendies criminels qui a affecté ses entreprises entre 2009 et 2010 et qui avait mené à la mise en œuvre de l'opération Hégémonie. Cette enquête policière, qui portait d'abord sur l'origine des incendies, s'était élargie au fil du temps à un réseau de trafic de stupéfiants. Plusieurs arrestations avaient eu lieu, dont le « caïd de Stukley-Sud », Raymond Ray Coulombe, propriétaire du commerce Les Ponceaux de l'Estrie, qui avait été soupçonné d'avoir commandé les incendies et d'avoir dirigé un réseau de trafic de stupéfiants.
Témoigner à la Commission : un défi éprouvant
Pour Jocelyn Anctil, en plus de trouver son expérience à la Commission Charbonneau plutôt stressante, ressasser ses souvenirs a été difficile au plan émotionnel. « Mon témoignage les intéressait parce qu'au-delà des rapports de police, ils voulaient comprendre ce que j'avais vécu de mon côté en tant que marchand, comprendre les stratagèmes utilisés et les façons de faire des criminels. Ensuite, ils voulaient m'entendre quant aux recommandations que j'avais à proposer en ce qui concerne les mesures à mettre en place pour que ces situations ne se reproduisent plus et pour aider les autres entreprises qui ont vécu semblable situation. C'est la raison pour laquelle j'ai accepté de témoigner. Je voulais qu'il ressorte quelque chose à long terme de la Commision Charbonneau », explique-t-il.
Trois recommandations
Selon son expérience, les entrepreneurs qui subissent de l'intimidation auraient besoin de davantage de ressources pour les aider à se sortir de leur situation. « Il y a des mécanismes pour les personnes victimes d'actes criminels, mais pas pour les entrepreneurs qui en subissent. Pourtant, eux aussi peuvent vivre des conséquences dramatiques de ces attaques ».
Voici un résumé de ses recommandations :
1. mettre en place un cadre législatif qui permet à une entreprise de se mettre sous protection lorsqu'il est prouvé qu'une entreprise subit une situation d'intimidation et est victime d'actes criminels. Cette loi ou ce cadre législatif permettrait à l'entreprise de conserver ses droits à l'assurance et pour éviter de subir de la pression de la part des banques alors qu'elle vit une situation dramatique hors de son contrôle.
2. Créer une ligne d'urgence anti-crime pour les entreprises. Généralement, toujours selon l'expérience de M. Anctil, les actes criminels perpétrés sur du matériel ou des immeubles sont plutôt bas sur la liste de priorités des corps policiers. Par cette ligne spéciale, M. Anctil souhaite que les entreprises bénéficient d'une écoute plus sérieuse des problèmes vécus pas les entreprises.
3. Créer un fonds pour les entreprises victimes qui apporterait une aide psychologique, juridique et financière à leurs membres.
« Pour ma part, mon entreprise était assez solide et j'ai eu beaucoup de support de ma famille et de mon personnel, mais toutes les entreprises n'auraient pas pu survivre à ce qu'on a vécu, physiquement et psychologiquement. Puisque ce fléau d'intimidation est grandissant, il faut qu'il ressorte des pistes de solution de la Commission ».
M. Anctil est le président de Gestion J.Anctil, qui possède des quincailleries Rona à Sherbrooke, Magog et Saint-Denis-de-Brompton, Maisons Orford, une compagnie spécialisée dans la fabrication de maisons préusinées, et un centre de services pour des travaux de construction à Granby. Il emploie quelque 600 personnes.
Cliquez sur ce lien pour visualiser le témoignage de Jocelyn Anctil