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Faux-grillon et faux jetons

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 14 décembre 2022

Grenouille, la rainette faux-grillon vit des jours sombres. Elle fait partie de l'une des espèces les plus menacées de disparaître. Elle est avec de nombreuses espèces au cœur des débats des gouvernements du monde entier qui sont tous réunis à Montréal du 7 au 19 décembre 2022 dans le cadre de la 15e Conférence des parties (COP 15) à la Convention sur la diversité biologique.

Les participants chercheront alors à s'entendre sur de nouveaux objectifs et mettre en œuvre un plan d'action pour la nature qui vise à sauver les espèces vivantes menacées par l'action des femmes et des hommes qui menace la diversité de la vie sur cette planète. On peut bien hausser les épaules devant le sort de la grenouille, notre petite rainette faux-grillon, qui peine à survivre parce que nous détruisons allégement son habitat naturel par nos projets de développement, il n'empêche que l'heure est grave pour Gaia et ses habitants de toutes espèces. La jeunesse du monde entier crie son indignation et les gouvernements tardent à agir. Chronique sur une catastrophe annoncée.

Les défis :

Un million d'espèces est menacé d'extinction et 75 % des espaces naturels altérés par des activités humaines. En 40 ans, nous avons perdu 60 % des animaux sauvages sur la terre et 40 % des insectes sont en déclin mondialement. Les activités humaines sont en cause : expansion des terres agricoles et urbanisées, pêche, chasse, récolte de bois, réchauffement climatique, pollutions, espèces invasives, etc. Les pesticides ont tué 70 % des insectes pollinisateurs dans certaines zones. Cela met directement en péril l'agriculture. La déforestation détruit les habitats naturels et participe au réchauffement du climat. Cela ne semble pas suffire à convaincre les gouvernements d'agir.

Nous sommes embourbés dans des considérations de croissance économique et de sauvegarde des emplois alors que nous les citoyennes et les citoyens sommes dubitatifs devant ces débats qui nous semblent surréalistes, entre autres vus du Québec, où la nature est omniprésente et abondante dans nos vies. Ce sont des considérations économiques et d'emplois qui empêchent les gouvernements de prendre le taureau par les cornes et de faire ce qui doit être fait pour préserver cette planète et les espèces vivantes. Le Québec et le Canada ne sont malheureusement pas des gouvernements exemplaires.

Demeurer immobile

En dépit des annonces de plans se chiffrant à plusieurs millions de dollars des premiers ministres Justin Trudeau et François Legault, il se dégage un sentiment d'impuissance et d'inaction de nos gouvernements devant le défi de la préservation de notre planète et des diverses espèces qui y vivent. On ne peut s'étonner de l'impatience de la jeunesse qui manifeste dans les rues de Montréal. Les grandes messes comme celle de la COP 15 ne récoltent plus autant d'attention qu'avant et pourtant nous devons réussir à atteindre les objectifs mis de l'avant par les Nations-Unis : mise en place de zones protégées sur 30 % du globe, restauration de 20 % des espaces dégradés et diminution des subventions néfastes à la biodiversité comme celles qui financent le recours aux pesticides dans l'agriculture ou la pêche industrielle. Nous n'avons pas le droit d'échouer. Nous le devons à nos enfants et nos à petits-enfants. L'ancien président de la France, Jacques Chirac avait raison lorsqu'il a dit que « Dans un environnement qui change, il n'y a pas de plus grand risque que de rester immobile. »

Il faut cesser d'imiter le chevreuil devant les phares d'une automobile et bouger ensemble pour poser des gestes significatifs afin d'amoindrir les effets dévastateurs de nos modes de vie et de nos modes de produire sur les autres espèces vivantes de cette planète.

Aux sources de la problématique : le capitalisme

Jadis, j'ai lu avec attention et avidité les philosophes du 19e siècle Karl Marx et Friedrich Engels. Plus de 40 ans plus tard, je ne peux nier retrouver une certaine actualité dans leur propos si l'on se donne la peine de les lire avec intelligence. La contribution d'Engels à notre compréhension du problème écologique d'aujourd'hui demeure indispensable.

Dans son ouvrage sur La dialectique de la nature, Engels permet d'appréhender, grâce à ses enquêtes approfondies sur le métabolisme universel de la nature, que les crises écologiques soient enracinées dans la nature aliénée des relations sociales capitalistes. Il est clair que le travail d'Engels permet de mieux comprendre et de clarifier les défis majeurs auxquels l'humanité est confrontée à l'époque de l'anthropocène et de l'actuelle crise écologique.

Dans son grand ouvrage, La Condition de la classe ouvrière en Angleterre, Engels, alors qu'il avait tout juste la vingtaine, s'est concentré sur les conditions environnementales et épidémiologiques destructrices de la révolution industrielle dans les grandes villes manufacturières, en particulier Manchester. Il a souligné les conditions écologiques horribles imposées aux travailleurs par le nouveau système industriel : pollution, contamination toxique, détérioration physique, épidémies périodiques, mauvaise nutrition et mortalité élevée de la classe ouvrière, toutes associées à une exploitation économique extrême.

La condition de la classe ouvrière en Angleterre reste unique étant donné sa puissante mise en accusation du « meurtre social » infligé par le capitalisme à la population au moment de la révolution industrielle. Vous direz, c'était au 19e siècle. C'est vrai, mais aujourd'hui, sous des habits différents, nous assistons aux mêmes dynamiques. Ce qu'il faut retenir de la contribution de Friedrich Engels c'est sa contribution critique de la notion de la conquête humaine absolue de la nature. Engels avait puissamment diagnostiqué l'incapacité de la société humaine, et en particulier du mode de production capitaliste, à prévoir les conséquences écologiques de ses actions, traçant « les effets des conséquences physiques indésirables de l'interférence humaine avec la nature, telles que la coupe des forêts et la propagation des déserts. » L'écologisme n'est pas soluble dans le capitalisme à moins d'en transformer profondément la nature. On s'entend, ce n'est pas demain la veille...

L'espoir

Faut-il désespérer de ne plus pouvoir espérer ? À quoi s'attendre de cette COP 15 sur la diversité climatique ? Peu de choses je me sens obligé d'écrire, car les forces en présence sont inégales et notre impuissance relative devant les grands détenteurs de pouvoir de ce monde semble se vérifier quotidiennement dans divers aspects de nos vies. Pourtant comme l'a dit Sénèque : « Il faut cesser d'espérer (et de désespérer) pour atteindre la tranquillité de l'âme ! Telle est la recommandation de Sénèque, pour qui l'espérance et la crainte sont toutes deux filles de l'incertitude, toutes deux en attente, en souci de ce qui adviendra ». L'espoir n'a rien à perdre quand nous n'avons plus d'espoir.

Il faut croire qu'un sursaut de lucidité parviendra jusqu'à nos dirigeants pour qu'ils puissent non seulement s'entendre sur un plan d'action concret et surtout, pour que des actions énergiques soient prises dès demain. Au Québec, nous avons des gestes phares qui pourraient être posés sans tarder. À tout hasard, je vous en cite deux : la préservation et la sauvegarde des Caribous en dépit de ses effets délétères sur l'industrie forestière au Saguenay et la désignation comme sanctuaire le joyau de la Côte-Nord que constitue la rivière Magpie malgré nos appétences pour le développement hydro-électrique et nos ambitions de devenir la batterie verte de l'Amérique du Nord.

Notre petite Grenouille, la rainette faux-grillon, pourra ainsi espérer vivre pleinement des deux ou trois ans de vie sans craindre de voir ses habitats détruits par les activités humaines. Le sauvetage de la rainette de faux-grillon est un symbole puissant pour celles et ceux qui souhaitent que l'on préserve le faux-grillon tout en repérant les discours des faux jetons...


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