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  LE PAPOTIN / Chronique historique

Les familles Boulet et Robert de Dudswell


Par Jacques Robert
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Lundi le 16 juin 2014

Les Boulet et les Robert de Dudswell ont un ancêtre commun: Robert Boulay, un brave "laboureur à bras"1 de St-Germain de Loisé, petit village situé à environ 1,5 km de Mortagne, province du Perche maintenant devenue partie intégrante du district français de l'Orne. Nous sommes donc, Boulet et Robert, des descendants d'un courageux percheron. 

La Nouvelle France à l'époque

En 1661, la Nouvelle-France était en détresse. Les Iroquois qui harcelaient les colons depuis une vingtaine d'années, avaient menacé, l'année précédente, de lancer une grande offensive pour en finir, une fois pour toute, avec la colonie française. De plus, depuis quelques temps, ces mêmes Iroquois détournaient au profit des Hollandais installés à New Amsterdam (aujourd'hui New York), une grande partie des fourrures dédiées aux Français de Montréal et Québec. Ce qui avait pour effet d'étouffer économiquement la petite colonie. Plusieurs colons et marchants avaient décidé de retourner en France et plusieurs autres menaçaient de les imiter.

C'est alors que les autorités décidèrent d'envoyer Pierre Boucher, gouverneur des Trois-Rivières, ambassadeur auprès de Louis XIV afin de lui demander son aide. Boucher fut très bien reçu à la cour du jeune roi. Il parlera si bien de la jeune colonie au Roi Soleil que ce dernier décida de la prendre personnellement sous son aile protectrice. Il promit à Pierre Boucher une aide financière, l'envoi de 100 nouveaux colons à chaque année et des soldats pour mâter les Iroquois. Pour l'année 1662, il promet deux de ses navires, l'Aigle d'Or et la Flûte Royal2, pour le transport gratuit en Amérique de tous les colons qu'il pourrait recruter et une bonne centaine de soldats. De son côté, Boucher accepte la responsabilité de nourrir ces colons, une fois à Québec, jusqu'à ce qu'ils soient installés sur un lot.

En mars 1662, Boucher quitte le Palais du Louvre pour retourner à Mortagne au Perche où ses agents recruteurs sont déjà à l'œuvre. C'est à cette occasion que Robert Boulay, l'ancêtre des Boulet et des Robert de Dudswell décida de tenter la grande aventure en acceptant les conditions d'engagement de Pierre Boucher.

Nous ne connaissons pas grand chose concernant les parents, la naissance et la vie de Robert Boulay avant sa venue en Nouvelle-France. En se basant sur les recensements de la Nouvelle-France, nous supposons qu'il est né vers 1631 à St-Germain-de-Loisé, un petit bourg situé à environ 1.5 Km au sud-est de Mortagne au Perche.

Robert Boulay épouse Françoise Grenier le 11 janvier 1657 à Bivilliers. Sont témoins à ce mariage, Gilles Garnier, frère de Françoise, Jean Juchereau, Denis Le Saisy, Madame des Moulineaux, et Marie Juchereau. Le couple fait baptiser une petite fille, Jacqueline, ou plutôt Jacquine, à Saint-Germain-de-Loisé le 10 avril 1659.

Elle a pour parrain, Jean Juchereau de la Ferté et pour marraine, damoiselle Jacquine Fabillon. Son acte de baptême fut retrouvé par un Frère Laurentien, S.C., de Jonquière. Il se lit comme suit : «Le 10 d'avril 1659 a esté baptizée Jacquine, fille de Robert Boulay et de Françoise Guernet. Le parrain Jean Juchereau et damoiselle Jacquine Fabillon. (Signé) M. Liger, vicaire de Saint-Germain de Loysey ».

Pourquoi émigrer en Nouvelle-France

Nous savons que Robert Boulay était un "laboureur à bras" c'est à dire qu'il labourait la terre sans l'aide de bœufs, seulement à la force de ses bras. Le jeune couple était donc très pauvre et ne possédait à peu près rien. À cette époque, la vie n'était pas rose dans le vieux pays de France. Ravagée par les guerres de religion au siècle précédent, appauvrie par les guerres de Trente ans et de la "Fronde", la campagne française était habitée par un peuple à bout de force. Cette multitude d'hommes, de femmes et d'enfants qui traînaient leurs jours sous un éternel travail n'avaient aucun droit à un bénéfice. Ces êtres démunis étaient livrés aux rigueurs des collecteurs d'impôts, aux extorsions des fonctionnaires, à l'avarice des usuriers, aux ravages des troupes de soldats en campagne, aux abus des seigneurs et du clergé.

De plus, la famine et les maladies, telles la peste et les fièvres, y étaient presque endémiques. Durant l'année 1662, une affreuse disette sévit dans tout le pays du fait des pluies continuelles du printemps et de l'été 1661 et de la récolte catastrophique qui en résulta. Il n'est pas rare, en parcourant les registres des paroisses de France de cette époque, de lire les mots "mort de faim".

Au cours des longues soirées, dans les misérables chaumières du pays de France, ces pauvres victimes à bout de force, se remémoraient les histoires fantastiques racontées par des agents recruteurs. On évoquait les souvenirs d'un grand fleuve, de rivières poissonneuses, de forêts giboyeuses, de nombreuses terres fertiles. Ces vendeurs de rêves, sillonnaient le Perche depuis une quinzaine d'années, à la recherche de nouveaux colons pour la Nouvelle-France. Ils vantaient la vie dans ce merveilleux pays. Ils garantissaient une terre à chacun et surtout beaucoup de liberté.

C'est sans aucun doute pour fuir cette misère et pour des jours meilleurs que Robert décida d'entraîner sa femme et sa petite fille en Nouvelle-France.

C'est vers le 15 mars 1662 que la famille Boulay et quelques amis quittèrent pour toujours le petit bourg de Saint-Jean de Loizé pour se rendre au port de La Rochelle où les deux navires du Roi les attendaient. Après avoir reçu une dernière bénédiction de leur curé, tous se réunirent sur la grande place de l'église, où ils saluèrent leurs parents et amis une dernière fois. Au cours de cette séparation, que de sanglots, que de larmes ont dû être versées. Le voyage entre Mortagne et Larochelle durait environ une semaine. Les plus pauvres, et ce dû être le cas de notre Robert, faisaient le trajet à pieds en transportant quelques hardes sur leur dos. Les plus fortunés, utilisaient des chariots à bœuf.

À Larochelle, le Roi avait confié ses deux navires aux bons soins du Capitaine-aux-long-cours, Nicolas Gargot dit Jambe de Bois. Il était secondé par l'infâme sieur Dumont chargé par le Roi de pourvoir aux besoins et à la subsistance des nouveaux colons pendant leur séjour à Larochelle et durant toute la traversée. Il le fit si chichement que les colons et leur famille durent mendier pendant tout le temps qu'ils attendirent à La Rochelle le départ des navires. D'autant plus qu'à Larochelle, cette année là, le pain avait été trois fois plus cher que d'habitude. Le 6 juin 1662, Robert, pour nourrir sa famille, dût emprunter 20 livres à son ami Charles Turgeon. Le contrat fut fait devant le notaire Pierre Moreau.

Les deux navires du Roi ne prirent la mer que le 18 juillet 1662. Ils étaient chargés de braves gens pleins d'espoir et de courage, déterminés à se faire une nouvelle vie dans ce monde bien mystérieux encore. La traversée durera presque quatre mois, alors qu'on n'avait de vivres que pour deux. Ce sera la plus longue traversée de toute l'histoire de la Nouvelle-France. Pendant ces longs mois, la maladie du scorbut et la dysenterie attaqua tout le monde. Plus de cent personnes moururent en mer, dont 33 colons engagés par Pierre Boucher. En effet, le 17 octobre 1663, Boucher déclarait que « trente-trois des cents travailleurs par lui amenés étaient morts au cours de leur voyage ou depuis l'arrivée »3.

Les causes en furent d'abord dans la mauvaise qualité du biscuit, trop vieux, remplis de vers et pour plus de la moitié en poussière; puis les eaux douces, mises d'ailleurs dans de mauvaises futailles, s'étaient corrompues au bout d'un temps si long; enfin le mauvais choix des passagers. C'étaient des paysans, femmes et enfants, qui avaient dû se contenter d'une très mauvaise nourriture, en attendant l'embarquement; ils n'étaient pas habitués à manger du biscuit, ni à être agités par le roulis; or le vent fut presque toujours contraire. De plus ces gens étaient fort mal logés par suite du chargement de trop de choses embarrassantes. [Biographie de Nicolas Gargot, 1727].

Après une courte escale à Plaisance, (Terre Neuve), l'Aigle d'Or et la Flûte Royal arrivèrent enfin à Tadoussac le 27 octobre 1662. Le capitaine refusa de remonter jusqu'à Québec car il craignait qu'à son retour vers la France ses navires ne se prennent dans les glaces. Le 8 novembre 1662, en attendant leur transfert à Québec, Robert et Charles Turgeon se rendirent chez le notaire de Tadoussac pour faire confirmer le contrat d'emprunt de Robert.

Voici le texte de ce précieux document :

 

Pendant ce temps, à Québec, c'était le branle-bas-de-combat. Toutes les barques et canots disponibles entre Trois-Rivières et Tadoussac furent réquisitionnés pour le transfert des malheureux survivants de Tadoussac à Québec. Ce transbordement se déroulera du 27 octobre au 20 novembre dans des conditions épouvantables.

Arrivés à destination, ils n'étaient pas encore au bout de leurs peines. En effet, des bruits couraient à l'effet que la peste avait sévit sur les deux navires pendant la traversée. Ils furent donc tous reçus à Québec comme des pestiférés. Personne ne voulait les héberger. Ils furent donc transférés à l'Hôtel-Dieu pour les plus mal en point et les autres chez les Mères Ursulines, les Mères Hospitalières, les Pères Jésuites et les Récollets. La majorité des nouveaux venus étaient malades. D'ailleurs, plusieurs d'entre eux moururent à Québec. Les rescapés, une fois remis sur pied furent placés chez des colons à l'extérieur de la ville en attendant l'arrivée du printemps.

Robert Boulay, Françoise Garnier et leur petite fille de trois ans avaient survécu à plus de neuf mois de privations de toutes sortes, à la maladie et à la peur créée par toute sorte d'incertitudes. Il est probable qu'ils reçurent de l'aide de la part du parrain de Jacqueline, Jean Juchereau présent à Québec, ce qui les rassura quelque peu sur leur situation précaire. Mais une autre grande épreuve les attendait.

En effet, le 5 février 1663, le plus terrible tremblement de terre de toute l'histoire du Québec, se produisit dans toute la Nouvelle-France, de l'embouchure du Saint-Laurent jusqu'à la Virginie. À certains endroits, le fleuve changea de cours. Des îles disparurent et d'autres apparurent. Il y eut plusieurs glissement de terrain. Plusieurs habitations furent endommagées ou détruites. Mais il n'y eut pas de mort. La terre continua à trembler pendant une grand partie de l'année.

Voici ce qu'en dit Mère Marie de l'Incarnation: « L'effet en fut prodigieux: à Québec, les habitants ne savaient où se réfugier, les uns prosternés à genoux dans la neige, criant miséricorde, les autres passant le reste de la nuit en prières; les chapelles furent envahies par les fidèles, pris de terreur. Nombre d'entre eux quittèrent « leur mauvaise vie », pendant que la plupart tenaient à faire une confession générale, dans la croyance à un châtiment du ciel à la suite de la traite des boissons. »

Tôt au printemps de 1663, Robert obtient une terre de 3 arpents de front dans la Seigneurie de Lirec, dans l'Île d'Orléans. Cette terre était située dans la future paroisse de Sainte-Famille, pas très loin au sud-ouest du village actuel de Sainte-Famille. Elle lui fut concédée officiellement par Charles de Lauzon-Charny le 6 mars 16644. C'est là que nous retrouvons Robert et sa famille lors des recensements de 1666 et 1667.

En 1666, les recenseurs notent ce qui suit: « Robert Boulay, 36 ans, habitant; Françoise, 36 ans, sa femme; Jacqueline, 8; Jacques, 2 et Boulay [Jean-Baptiste], 6 mois, fils. » Ce recensement a été effectué entre le 29 janvier et le 27 février.

L'année suivante, ils notent ce qui suit : « Robert Boulay, 36 ans; 5 bêtes à cornes et six arpents en terre cultivé; Françoise, sa femme, 36 ans; Jacqueline, 9 ans; Jacques, 4; Jean-Baptiste, 4 mois. » Ce recensement a été effectué entre le 11 et 26 août.

Les premiers québécois avaient souvent l'habitude de défricher une terre pour ensuite la revendre et recommencer ailleurs leur dure besogne. L'ancêtre Boulay ne fit pas exception à cette règle. Tout en conservant sa première terre de Sainte-Famille, Robert devient, quatre ans plus tard, propriétaire d'une autre concession au sud de l'île, dans la future paroisse de St-Jean. Cette nouvelle terre lui avait été concédée sur un simple billet ou sur parole. La concession officielle, accordée par Mgr de Laval et faite en bonne et due forme par le notaire Vachon, ne sera acceptée que le 26 février 1669. Ce qui lui permettra de s'établir en toute sécurité sur cette belle et grande concession qu'il avait commencé à défricher dès 1667. Cette nouvelle terre était située à environ 1 kilomètre à l'ouest du village de St-Jean.

Demeurant maintenant à Saint-Jean sur sa terre du côté sud de l'Île, Robert Boulay vend sa terre du nord. Voici en résumé le contenu du contrat : «Par devant le notaire Claude Auber, le 25 novembre 1670, au Château-Richer, Robert Boulay, habitant et demeurant en l'île d'Orléans, du côtés sud; lequel en son bon gré, pure et franche liberté, reconnaît et confesses avoir, ce dit jour vendu, . . . à Jean-Galéran Boucher, . . . une concession et habitation, sise dans la dite île au côté nord, contenant trois arpents de front, avec les Bâtiments pour la somme de quatre cents [pas sûr] livres tournois, etc.»5

Quatre ans plus tard, soit le 19 juin 1674, Robert reçoit, au nom de son fils Jacques, 3 arpents de front à la Pointe-à-la-Caille près de la ville de Montmagny, sur la rive sud du fleuve. Dès ce jour, avec l'aide de son gendre Pierre Joncas, il commence à défricher sa nouvelle terre.

Le 19 novembre 1675, Robert vend sa terre de Saint-Jean à Pierre Mourier6. Cette fois, Robert quitte l'Île d'Orléans pour s'installer sur la rive sud, dans la future paroisse de St-Thomas-de-la-Rivière-à-La-Caille. Cette terre était voisine immédiate du manoir seigneurial. Aujourd'hui, elle se retrouve en plein Centre-ville de Montmagny. En 1679, Louis Couillard de l'Espinay, seigneur de la Seigneurie de la Rivière du Sud, officialise la concession faite verbalement en 1674 et lui concède trois arpents de plus.

Pendant tout ce temps, que fait donc notre aïeule Françoise Garnier ? En plus de gérer la terre familiale alors que son cher époux en défriche une autre, entre février 1664 et l'année 1679, elle mettra au monde 10 enfants. Malheureusement, cinq de ses petits trésors mourront en bas âge.

Voici la liste des ces enfants :

1- Jacqueline, baptisée le 10 avril 1659 à Saint-Germain de Loisé, France. Elle traversa l'Atlantique avec ses père et mère. Elle fit ses études chez les Ursuline de Québec. À 13 ans, elle épousa Pierre Joncas, le 8 juin 1672 à Sainte-Famille. Pierre était soldat de Carignan, de la compagnie de La Briardière, au régiment d'Orléans. Il est arrivé avec le Marquis de Tracy, en provenance des Antilles, le 30 juin 1665. Il combattit les Iroquois en 1666 et 1667. Lorsqu'il fut démobilisé, il décida de demeurer en Nouvelle-France. Le couple eut trois enfants, dont une fille. Pierre a été inhumé à Saint-Thomas le 21 mai 1717. Il avait 75 ans. Jacqueline est décédée à Saint-Thomas le 22 février 1736 à l'âge de 77 ans.

2- Jacques, baptisé le 6 février 1664 à Château-Richer. Il épousa Françoise Fournier le 21 avril 1686 dans la paroisse de Saint-Thomas. Ce mariage aurait été célébré par Mgr de Saint-Vallier, venu là pour bénir la nouvelle chapelle. Ils eurent 14 enfants dont deux filles. Françoise Fournier a été inhumé le 16 juillet 1734 et Jacques le 1er mai 1738 à Montmagny. Jacques est le père de la lignée de la famille Robert de Dudswell.

3- Anonyme masculin, au début de 1666, il avait six mois au recensement de 1666. Il est décédé avant le recensement de 1667.

4- Jean-Baptiste, né le 15 et baptisé le 17 avril 1667 à Sainte-Famille. Il est décédé entre 1667 et 1681.

5- Pierre, né le 18 et baptisé le 20 février 1669 à Sainte-Famille. Il fut inhumé le 18 janvier 1689 à Montmagny. Il avait 20 ans.

6- Marie, née et baptisée le 20 décembre 1670 à Sainte-Famille. Elle fut inhumée le 30 décembre 1670.

7- Martin, né le 21 et baptisé le 27 mars 1672 à Sainte-Famille. Il épousa Françoise Nolin, 18 ans, le 13 octobre 1698 à Saint-Pierre de l'Île d'Orléans. Il eurent dix enfants dont quatre filles. L'une d'elles, Louise-Françoise épousa le fils du seigneur de la seigneurie de la Rivière-du-Sud, Jacques Couillard. Trois jeunes filles décédèrent en 1715, Angélique, 16 ans; Marie-Anne, 12 ans; Geneviève, 10 ans. Robert décéda en 1714 à l'âge de 8 ans. Françoise Nolin fut inhumée le 24 janvier 1724 à Montmagny. Martin fut inhumé le 16 octobre 1728.

8- Françoise, née le 9 et baptisée le 11 août 1674 à Sainte-Famille. Elle épousa Pierre Bernier, seigneur primitif de la seigneurie de la Pointe-Aux-Foins le 21 février 1689 à Montmagny. Ils eurent 13 enfants dont six filles. Elle était sage-femme.

9- Paul, né le 21 août à Rivière-du-Sud et baptisé à Québec le 19 septembre 1677. Il épousa Françoise Paquet le 26 avril 1695 à Québec. Il eurent dix enfants dont cinq filles. Paul est le père des deux lignées de Boulet de Dudswell.

10- Jean, né vers 1679, il avait 2 ans au recensement de 1681.

Au recensement de 1681, nous retrouvons la famille Boulay à Saint-Thomas. Les recenseurs notent: « Robert Boullé, 50 ans. Sa femme Françoise Grenier, 44. Enfants: Jacques, 17 ans; Pierre, 12 ans; Martin, 9; Françoise, 7; Robert, 4; Jean, 2. La famille possède un fusil, 6 bêtes à cornes et 5 arpents en valeur ».

Pour les vingt prochaines années, Robert et Françoise demeureront sur la même terre, la troisième acquise. Ils regarderont tranquillement grandir leurs enfants et leurs petits-enfants. Puis le 10 juillet 1699, sentant probablement le poids des années pesant de plus en plus sur leurs épaules, ils décident de se donner à leur fils Martin. Ceci, à la condition qu'il subvienne à leurs besoins jusqu'à leur mort. Ce contrat fut passé devant le notaire François Genaple.

On ne sait rien des derniers jours de Robert et de Françoise. Robert fut inhumé à Montmagny le 25 mars 1707. Nous pouvons lire, à cette date, dans les registres de la paroisse de Saint-Thomas de Montmagny ce qui suit: «Le vingt-quatrième jour du mois de mars de l'an mil sept-cent-sept est décédé Robert Boulay, âgé d'environ 76 ans, après avoir reçu les sacrements d'Euchariatie, Pénitence et d'Extrême Onction durant le cours de sa maladie. Et le lendemain son corps a été inhumé avec les cérémonies accoutumées dans le cimetière de la paroisse St-Thomas de la Pointe à la Caille par le ministère du soussignant ... Signé : Goulven Calvarin, ptre.»

Deux ans après le décès de son mari, le 28 janvier 1709, Françoise Garnier décédait à son tour, âgée de près de 80 ans. Cette amie de Robert Boulay l'avait accompagné depuis plus de 50 ans, avait partagé ses espoirs en la Nouvelle-France, ses difficultés et ses succès. Elle lui avait donné 10 enfants. Avec elle, la première génération de BOULET au Canada se terminait.

Pourquoi changer son nom de Boulet à Robert ?

Les descendants de Robert Boulay et de Françoise Garnier prirent racine autour de Montmagny, puis de Saint-François et de Saint-Pierre de la Rivière-du-Sud. Jean-Baptiste Boulet, de la cinquième génération de Boulet au Québec [voir la lignée des Robert] est né le 29 août 1766 à Saint-François du mariage de Robert Boulet et d'Agnèse Gendron. Pour cette époque, j'ai retrouvé au moins cinq hommes et garçons portant le nom de Jean-Baptiste Boulet dans la paroisse de Saint-François. Pour différencier notre Jean-Baptiste des quatre autres, on le désignait comme suit: Jean-Baptist à Robert, puis avec le temps, Jean-Baptist dit Robert. Finalement, notre Jean-Baptist Boulet fut inhumé à Ste-Claire le 16 avril 1853 sous le nom de Jean Robert dit Boulet.

Son fils, Joseph Boulet, marié à Julienne Laflamme, vint s'installer, vers 1853, dans le canton de Tring, en Beauce. Les Boulet de cette lignée, installés dans la paroisse de St-Éphrem, se feront connaître tantôt sous le nom de Boulet et tantôt sous le nom de Robert. Son petit-fils, Edmond Boulet (Robert) viendra finalement s'installer à Bishopton en 1902 suivi de Léonard Boulet en 1908, son cousin par alliance. Donc deux familles BOULET dans une même paroisse. Pour ne pas "mêler les cartes" dans sa nouvelle patrie (Bishop's Crossing), Edmond Boulet décida de prendre définitivement le nom de ROBERT dit Boulet.

Edmond Robert et Léonard Boulet ont épousé respectivement Florida et Aglaée Bouffard, cousines germaines demeurant à Ste-Hénédine.

Étymologie du nom BOULET

Dans la France du XVIe siècle, un « boulle » signifiait bouleau et un « boulai », désignait « un lieu planté de

bouleaux ». On trouve dans les documents anciens un bon nombre de façons d'orthographier ce patronyme: Boulay, Boullay, Baulé, Boule, Boulé, Boullé, Boullet, Boulet et Boulais.

LIGNÉE DES ROBERT No 1

 

 

Époux

 

Mariés le

 

Épouse

 

 

 

Robert Boulay

1658, France

Françoise Garnier

 

 

 

Jacques Boulay

21 avril 1686, Saint-Thomas, Montmagny

Françoise Fournier

 

 

 

Jacques Boulay

6 janvier 1715, Saint-Thomas, Montmagny

Agathe Morin

 

 

 

Robert Boulet

18 novembre 1748, Berthier

Marie-Agnes Gendron

 

 

 

J.Baptiste Boulet

8 février 1796, Saint-Michel

Clotilde Laverdière

 

 

 

Joseph Boulet

23 octobre 1827, Montmagny

Julienne Laflamme

 

 

 

Joseph Boulet

20 janvier 1857, Sainte-Claire

Marie-Philomène Côté

 

 

 

Edmond Boulet

11 mai 1888, St-Hénédine

Florida Bouffard

 

1

1

Ernest Robert

27 avril 1938, Bishopton

Lucienne Labrecque

 

2

1

Edouard Robert

 

30 novembre 1943, Bishopton

Cécile Crête

3

1

Éphrem Robert

 

1er septembre 1936, Disraélie

Desneiges Lapointe

4

1

Clara Robert

 

23 mai 1910, St-Adolphe

Amédée Lemelin

5

2

Jacques Robert

 

15 octobre 1978, Montréal

Dora Lepore

 

2

Pierrette Nicole Colette

Née à Bishopton le 14 mars 1948

Baptisée le 15 mars 1948

Elle a vécu 30 heures.

 

2

Carole Robert

 

22 juillet 1978, Bishopton

Serge Dugal

 

3

Claude Robert

 

26 octobre 1974, Bishopton

Angéline Nadeau

 

4

Léger Robert

16 mai 1964, Bishopton

Nicole Nadeau

 

 

5

Roger-Georges Lemelin

 

7 octobre 1939, St-Adolphe

Cécile Desmarais

6

5

Bertrand Lemelin

 

3 juillet 1941, St-Adolphe

Rita Desmarais

7

5

Maurice Lemelin

 

23 mai 1939, St-Adolphe

Rita Côté

 

6

 

Laval Lemelin

12 septembre 1981, St-Adolphe

Christiane Carette

 

6

 

Lorraine Lemelin

31 décembre 1968, St-Adolphe

Guy Routhier

 

7

 

Ginette Lemelin

26 août 1966, St-Adolphe

Raymond Breton

 

LIGNÉE DES ROBERT No 2

 

 

 

Époux

 

Mariés le

 

Épouse

 

 

 

Robert Boulay

1658, France

Françoise Garnier

 

 

 

Jacques Boulay

21 avril 1686, Saint-Thomas, Montmagny

Françoise Fournier

 

 

 

Jacques Boulay

6 janvier 1715, Saint-Thomas, Montmagny

Agathe Morin

 

 

 

Robert Boulet

18 novembre 1748, Berthier

Marie-Agnes Gendron

 

 

 

J.Baptiste Boulet

8 février 1796, Saint-Michel

Clotilde Laverdière

 

 

 

Jean Boulet dit Robert

22 février 1819, Saint Gervais

Marguerite Cloutier

 

 

 

J-Baptiste Boulet dit Robert

 

21 janvier 1845, Saint Anselme

Marguerite Audet

 

 

Phélias Boulet dit Robert

 

2 février 1874, Saint Sébastien

Odile Bédard

 

 

Elzéard Boulet dit Robert

24 septembre 1907, Saint Samuel

Amanda Roy

 

 

 

Léopold Boulet dit Robert

5 octobre 1944, Woburn

Rose Annette Bédard

 

1

1

Gilles Robert

11 mars 1972, Lac Mégantic

Fabienne Guay

 

2

2

Maxime Robert

 

 

 

 

2

Frédérick Robert

 

 

 

 

LIGNÉE DES Boulet No 1

 

 

Époux

 

 

Mariés le

 

Épouse

 

 

Robert Boulay

1657, France

 

Françoise Garnier

 

 

Paul Boulay

25 avril 1695, Québec

 

Françoise Paquet

 

 

Alexis Boulay

2 août 1756, Lauzon

 

Françoise Ferland

 

 

Joseph Boulet

8 janvier 1787, Saint-Henri

 

Louise Couture

 

 

Joseph Boulet

20 août 1810, Saint-Gervais

 

Françoise-Geneviève Asselin

 

 

Pierre Théo. Boulet

12 septembre 1837, Saint-Charles

 

Marie Nadeau

 

 

Georges Boulet

3 août 1868, Sainte-Hénédine

 

Catherine Bégin

 

 

Léonard Boulet

30 juin 1891, Sainte-Hénédine

 

Aglaée Bouffard (1)

1

1

 

Laurence Boulet

25 mai 1921, Saint-Adolphe

Georges Beaulé

 

1

Marie Boulet

5 juin 1917, Saint-Adolphe

 

Joseph Beaulé

4

1

Alfred Boulet (2)

19 octobre 1921, Saint-Adolphe

 

Marie-Irène Lessard (3)

2

2

Henriette Boulet

27 août 1949, Bishopton

 

René Marquis

 

2

Lorenzo Boulet (4)

17 octobre 1953, Weedon

 

Rose-Berthe Patry

3

2

Nil Boulet

 

3 août 1946, Bishopton

Yvonne Roy

 

3

Pierre-Paul Boulet

 

 

 

 

4

Lucien Beaulé

1er juillet 1947, Saint-Adolphe

 

Irène Lessard

 

4

Jean-Paul Beaulé

21 août 1952, Saint-Adolphe

Rollande Thibodeau

 

 

4

Gilberte Beaule

 

15 juillet 1952, Saint-Adolphe

Gérald Breton

 

4

 

Louise Beaule

12 juillet 1958, Saint-Adolphe

Roger Couture

 

 (1) Née le 26 mars 1893 à Ste-Hénédine.
(2) Alfred est décédé le 5 juin 1965 à l'âge de 69 ans et neuf mois.
(1) Marie Reine est décédée le 22 septembre 1965 à l'âge de 62 ans et six mois.
(4) Lorenzo Boulet, décédé le 19 janvier 2000, à l'âge de 77 ans est 5 mois.

Lignée des Boulet No 2

 

 

Époux

 

 

Mariés le

 

Épouse

 

 

Robert Boulay

1657, France

Françoise Garnier

 

 

 

Paul Boulay

25 avril 1695, Québec

Françoise Paquet

 

 

 

François Boulay

29 octobre 1732, Lauzon

Marie-Anne Dubois

 

 

 

Pierre Boulet

19 octobre 1789, St-Joseph

Marie-Josette Huard

 

 

 

Pierre Boulet

16 septembre 1816, St-Joseph

Marie-Archange Boulet

 

 

 

Cyprien Boulet

6 février 1837, St-Joseph

Catherine Trépanier

 

 

 

Béloni Boulet

8 septembre 1857, St-Frédéric

Marie-Dina Cloutier

 

 

 

Bénoni Boulet

1889, Augusta, USA

Césarie Lapointe

 

1

1

Joseph Boulet

 

19 octobre 1914, Saint-Adolphe

M. Anne-Yvonne Gagné

 

1

Alphonsine Boulet

1 juillet 1918, Saint-Adolphe

 

Hormidas Beauregard (a)

 

1

Marie-Anne Boulet

21 janvier 1918, Saint-Adolphe

Joseph Boislard

 

 

1

Olivine Boulet

19 octobre 1914, Saint-Adolphe

Philias Gagné

 

 

(a)  Hormidas Beauregard est le fils de Luc Beauregard et Azilda Boudreau. Il est le frère d'Alfred Beauregard marié le 17 novembre 1920 à Wotton à Éva Poulin. Le fils d'Alfred et d'Éva, Philippe, est le seul à être resté à Saint-Adolphe. Il y a exploité la ferme de son père.

Note aux lecteurs

Lorsque j'ai débuté ma chronique ‘'GÉNÉALOGIE'', j'avais l'intention de présenter les lignés des différentes familles souches de Dudswell, familles arrivées à Dudswell entre les années 1880 et les années 1940, mais pas de façon exhaustive. Une lignée complète couvrirait plusieurs pages et dans le Papotin, je ne peu pas dépasser une page par lignée.

Dans les lignées que j'ai présentées jusqu'ici, la plupart des descendants d'une famille souche peuvent retrouver un grand-père, un père, un oncle, un cousin. À partir de là, chacun peu compléter sa lignée personnelle.

Si par hasard, vous ne vous retrouvé pas dans une lignée donnée, vous pouvez communiquer avec moi au numéro 832-3881. Je pourrai ainsi compléter mes informations.


1 - On appelait ‘'laboureur à bras'' le pauvre paysant n'ayant pas les moyens de se procurer des bœufs pour tirer la charue. Il devait le faire à la force de ses bras.

2 - Beaucoup de sources mentionnent que le deuxième navire ayant accompagné l'Aigle d'Or en 1662 était le Saint-Jean Baptiste. Toutefois, trois sources dignes de foi affirment que c'était bien la Flute Royale: 1- Le Catalogue des immigrants de Marcel Trudel; 2- La Liste des navires venus en Nouvelle-France de 1657 et 1665 de Michel Langlois et 3- La Biographie de Nicolas Gargot de Charles Million.

3 - Jugement et délibération du Conseil Souverain, 1, 31.

4 - Notaire Paul Vachon, copie.

5 - Mémoires de la Société Généalogique Canadienne-Française, Tome 1, 1944, R.P. Archange Godbout, O. F. M.

6 - Il est intéressant de noter que dès l'année suivante, Pierre Mourier construisit une belle maison sur sa nouvelle propriété.  Il y a quelques années, j'ai eu la chance, avec une autorisation spéciale, de visiter cette maison.  Cette dernière est située tout près du village de Saint-Jean.


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