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  CHRONIQUEURS / Deux mots à vous dire

Passer les lignes…

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Photo : crédit photo: Wilson Ring, Associated Press: Poste frontalier de Derby Line
François Fouquet Par François Fouquet
Mardi 8 septembre 2020

Il y a bien longtemps, me semble! Mais les souvenirs sont là, clairs, nets.

Ce n'est pas arrivé si souvent, mais il nous est arrivé à quelques reprises de prendre la route des z'États pour les vacances d'été. Je me souviens de papa qui vérifiait l'huile et le « prestone » de la voiture, puis un dernier coup d'œil à l'attelage de la tente-roulotte et hop! on partait.

On savait qu'on devait passer les lignes à Coaticook 45 minutes plus tard environ.

Passer les lignes.

Pour moi, les lignes, c'était plus qu'une douane. C'était comme changer de monde. Ça venait avec une insécurité semée par des histoires entendues à gauche et à droite. Aux z'États, ce n'étaient pas des policiers, c'étaient des shérifs. Comme dans les westerns. J'avais entendu dire que si on roulait trop vite, c'est la prison qui nous attendait. Je ne voulais pas vérifier si c'était vrai!

Les z'États me fascinaient. Les montagnes Blanches avec des paysages à couper le souffle, les couleurs qui me semblaient différentes. Puis, ces maisons, tout au long du chapelet de village qu'on égrenait de quart d'heure en quart d'heure. Des maisons souvent délabrées. « Hey, qu'y sont pas fiers! », disait maman.

C'était tout de même étrange de voir des maisons brinquebalantes devant lesquelles étaient stationnées de grosses voitures bien plus récentes et luxueuses que la nôtre!

Et les drapeaux. Des drapeaux devant chaque maison! Ou plusieurs d'entre elles, en tous les cas... Je me disais à moi-même que, s'ils n'étaient pas fiers aux yeux de maman et de sa notion du « bien entretenu », ils étaient très fiers de leur pays!

Et la mer. Son odeur. Les motels d'Old Orchard qui étaient souvent nettement plus défraîchis que l'image des dépliants! L'odeur de la pizza du coin de la rue. Les boutiques qui vendaient toutes la même chose. Bref, ces z'États-là me fascinaient!  

Le désenchantement après l'été

Je regarde les z'États aujourd'hui et je me sens comme quand papa nous disait : « bon, on repart demain, toute bonne chose a une fin! »

Toute bonne chose a une fin.

Je vois les z'États de mon œil un peu vieillissant et je me dis que la phrase de papa a pris de la valeur, malheureusement.

Ce que je prenais pour de la fierté affichée était souvent du chauvinisme. Du nombrilisme. « Ils l'ont l'affaire, les z'Américains! », s'égosillait Elvis Gratton.

Je déchante.

D'abord, c'est quoi, cette idée, de s'accaparer du nom qui devrait tous nous englober? Américain, ça réfère à un continent, il me semble! Ils ont tracé une ligne en haut et une ligne en bas et ont décrété que ça, c'était le territoire des Américains. Un comédien américain n'est pas Canadien. Un Canadien ou un Mexicain, même s'il vit en Amérique, ne peut être Américain que s'il déménage et est accepté aux z'États. Je sais bien que c'était une coupure volontaire avec l'Europe, que les États-Unis d'Amérique, ça venait placer les choses, mais il est venu avec ça un sentiment que le centre de l'univers était entre ces lignes.

Une image me vient en tête. Peut-être un peu caricaturale, mais bon. Ces temps-ci, la géographie extraordinaire de ce pays est éclipsée par ces États-Uniens qui portent des t-shirts arborant des messages trop gros, trop simplistes; des chapeaux en peau de drapeau qui deviennent franchement ridicules; des corps qui trahissent trop souvent la vie de bombance et les trop nombreuses heures passées au gros soleil. Les z'États sont désunis, guidés par un président qui alimente cette division. Qui répand la haine au nom de la loi et l'ordre.

Tout cela m'enlève le goût de traverser les lignes...     

Pour tout dire, j'ai un peu peur.

Peur, parce que le nombrilisme affiché de ces gens pour qui tout est nettement meilleur aux z'États crée un chaos social encore plus explosif. Peur, parce qu'ils ont l'air d'un pays qui ouvre l'œil après une nuit passée à profiter du rêve américain et qu'ils s'aperçoivent, en voyant le jour se lever, que la réalité ne correspond plus à ce rêve.

Peur aussi parce qu'il n'y a qu'une fine ligne qui fait que nous ne sommes pas américains.

Une ligne que la surconsommation nous amène à traverser, voyant le rêve plutôt que le piège.  

Clin d'œil de la semaine

Étrange, pareil. Dans mon souvenir, c'étaient des étudiants qui travaillaient au MacDo au Québec. Aux z'États, c'étaient des "mammas" qui, toutes, mâchaient de la gomme...

 


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