Samedi, je jasais avec un entrepreneur local touché par les
tarifs imposés sur l'aluminium. Une discussion sur l'instabilité qui s'ajoute à
notre contexte social pour renforcer l'effet de vacuum d'espoir qui touche la
jeunesse. Pas le genre de conversation où chacun s'apitoie sur son triste sort.
Une discussion identifiant simplement des constats.
L'inquiétude est là, palpable. Un peu difficile à
décrire. Mais bien présente.
Du haut de ma soixantaine, je réalise que chaque contrecoup
de ma vie en société a été réglé assez vite et sans que je n'en souffre trop.
Dans l'ouate, dirais-je. (même si, à l'oral, je dirais plutôt « la ouate ! »)
La veille. Vendredi
matin
Le soleil est au rendez-vous. Ce n'est pas si fréquent en ce
printemps 2025. La circulation est fluide. La radio vient de diffuser un
reportage sur une attaque d'Israël sur l'Iran, cette fois. Le président
israélien est fier de son coup. Il dit représenter le bien. Il vise le mal un
peu partout. Semblable aux États-Unis sous George W. Bush et leur axe du mal
dument identifié. Poutine fait pareil... Au final, il n'y a qu'à déclarer que
nous sommes le bien pour justifier et excuser tous nos gestes.
« Sibole, on ne s'en sortira jamais... »
Ma réflexion est sombre, contrastant avec les rayons
obliques du soleil matinal.
Puis, juste après le bulletin de nouvelles, la voix de
Pierre Morency, directeur du développement stratégique en économie circulaire
chez Défi Polyteck, une entreprise d'économie sociale à Sherbrooke, se fait
entendre.
Même s'il maîtrise la théorie de l'économie circulaire,
Pierre Morency est un formidable praticien de la formule. Énoncer de grands
principes est une chose. En montrer les bienfaits est encore bien mieux ! Il
parlait avec enthousiasme de la nouvelle boutique Récup R. Une initiative par
laquelle on remet dans un circuit commercial responsable des items qui se
seraient autrement retrouvés à la casse. On parle de climatiseurs, de
ventilateurs et d'autres choses du genre. Vous êtes curieux ? https://defipolyteck.com/defi-polyteck-innove-avec-louverture-de-son-espace-boutique-recup-r/
Mais revenons à cette séquence vécue dans la voiture, ce
vendredi matin.
Après le reportage de guerre et tout l'aspect sombre qui
l'accompagne, voilà que je retrouve une semence d'espoir dans cet univers
inspirant de Défi Polyteck. Subitement, j'ai le goût de croire que ça se peut.
Qu'on va arriver à trouver des solutions à nos problèmes !
Je me dis que j'ai le goût de croire qu'on va comprendre que
le chacun pour soi est une utopie. Que chacun n'est pas plus important que
l'autre.
Je me disais ça en entrant dans un carrefour giratoire. La
circulation est fluide et j'ai le temps de me glisser dans le flot normal.
Entrant aussi dans le cercle circulatoire, mais une entrée plus à gauche, voilà
qu'un automobiliste accélère et me force à arrêter mon trajet. Il a gagné. Il a
gagné une place dans le trafic. Yé! Il se battra sûrement pour une autre
tantôt.
Peu de temps après, j'emprunte la voie de gauche. J'aurai à
prendre cette direction dans 300 mètres environ. Le conducteur de la voiture
croisée dans le carrefour giratoire a quant à lui été ralenti par un autobus
scolaire. Il se retrouve subitement derrière moi. En perte d'une place dans le
trafic. Il en fait le combat de l'heure !
Comme la situation est inacceptable pour lui, voilà qu'il
zigzague brusquement, me dépasse par la droite et m'honore d'un regard
assassin.
Au fait, jusqu'où ira-t-on pour une place dans le trafic ?
« Sibole, on ne s'en
sortira jamais... » que je me répète.
Je tente de me reconnecter rapidement à l'espoir semé par
Pierre Morency ! Un peu comme on essaie de se reconnecter à un beau rêve
interrompu par un réveil brutal.
De la guerre à l'espoir d'une société plus responsable, en
passant par un insipide gain d'une place dans le trafic... Tout ça, en quelques
minutes...
Clin d'œil de la
semaine
Vous connaissez les 3 R en développement durable : réduire,
réutiliser, recycler.
L'entreprise Recup R en ajoute 9 : récupérer, réemployer,
revaloriser, révolutionner, restaurer, réapprendre à mieux consommer,
réinventer notre façon de consommer, régionaliser, réintroduire, rêver à un
monde meilleur.