Pour commencer, je dois vous confier quelque chose, quelque chose de grave, qu'on qualifie d'hérésie par les gens normaux, les puritains de notre société axée sur la consommation et le travail.... Eh bien, je n'ai pas de job d'été, ni de job étudiant et je ne compte pas en trouver d'ici un bon bout de temps.
Avant de me crucifier, laissez-moi vous raconter une histoire. Au moment d'avoir l'idée de mon prochain article, j'étais chez moi, aux toilettes, tout seul évidemment. Rapidement, je baissai la chasse d'eau. Et je m'en allai dans ma chambre lorsqu'un jeune et frêle enfant africain, que je nommerai Timo dans le texte, se dressait devant moi. Il avait des yeux qui me suppliaient de lui donner à boire. Un cri sortait tout droit de ma gorge. Que faisait-il ici?
Peu de temps après, je descendais dans la cuisine, à peine remis de mes émotions, je tournais la tête de gauche à droite et de bas en haut. J'ouvris le garde-manger car j'avais évidemment faim. Mais je me plaignais qu'il n'y avait rien à me mettre sous la dent. Tout à coup, Timo revint. Avec tous les habitants d'un typique village africain qui s'entassaient dans ma cuisine. Ils avaient tous faim. Je criais encore au meurtre pour attirer quelqu'un, mais aucune réponse. Je me réfugiai dans le salon avec un oreiller.
Une heure plus tard, ma chère mère revenait de l'épicerie avec une profusion de sacs sur le comptoir. Je regardais le contenu d'un des sacs. Des clémentines, n'avais-je pas dit que je n'en voulais plus ?! C'est alors que Timo réapparut. (Encore lui!) Mais avec 20 millions d'autres Africains qui envahirent les environs de ma maison. C'est alors qu'une lumière dans ma tête s'est allumée.
J'avais tiré la chasse d'eau pour rien, alors que certains doivent marcher des heures pour chercher de l'eau. J'avais déclaré qu'il n'avait rien dans le garde-manger alors qu'il pouvait nourrir plus qu'un village africain, le temps d'un copieux banquet digne des BD d'Astérix. De plus, j'avais rejeté les clémentines, car j'étais tanné d'en manger, alors qu'il y a 20 millions de personnes qui risquent de souffrir de la famine et qui donneraient une jambe pour manger une caisse de clémentines. J'avais enfin compris. C'est alors que Timo et ses compatriotes disparaissaient de ma vue. Je décidai qu'à partir du lendemain, j'allais essayer d'arrêter de me plaindre de ma vie de bourgeois. Ou peut-être après-demain, dans une semaine, dans un mois ou encore dans un an. En fait, sûrement jamais. Finalement, j'ai décidé que ce serait pour tout de suite.
Évidemment que l'histoire que je vous ai racontée n'est pas vraie, mais la famine l'est. Selon l'ONU, 20 millions de personnes en Afrique et au Yémen pourraient éprouver de la famine, soit la pire crise humanitaire depuis 1945. Donnez généreusement à l'ONU ou d'autres ONG pour contrer cette famine. Je ferai ma part en donnant 100$ à l'ONU. On peut y arriver, regardez par exemple Jérôme Jarre, la star du Net qui grâce à son hashtag #TurkishAirlinesHelpSomalia, a réussi à envoyer 60 tonnes d'eau et de nourriture en Somalie. Nous pouvons le faire!
Alors, je n'aurai pas d'emploi étudiant dans les prochains mois, je me concentrerai sur mes besoins réels. Être conscient de ma chance et redistribuer nos ressources, c'est l'affaire de tous.